L’actrice émouvante d’ »Alias » et « En analyse » revient dans « Hunted », une série d’action corsée. Elle raconte une carrière entre Lynch et HBO.
Melissa George est le genre de fille à qui la vie réserve des surprises un peu folles, comme de recevoir un appel d’un inconnu lui expliquant que Leos Carax aimerait la rencontrer, là, tout de suite, où qu’elle soit, car il est obsédé par son personnage dans En analyse.
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« Leos a pris le premier avion pour Los Angeles et je me suis retrouvée à dîner avec lui et à le conduire dans la ville. Il est parti en disant qu’il allait écrire pour moi. Je n’ai finalement pas pu tourner dans Holy Motors car j’étais engagée par ailleurs. C’est Eva Mendes qui a obtenu le rôle. Mais ce n’est que partie remise. »
L’engagement dont parle l’actrice australienne ? Hunted, une série d’action corsée et pas inintéressante pour Cinemax, dans laquelle l’ancienne d’Alias (saison 3) incarne une espionne trahie et blessée par la vie. Un motif récurrent dans une carrière où son beau visage s’est souvent tordu de douleur.
« Souvent, les réalisateurs voient de la souffrance en moi. À Hollywood, s’il y a un rôle de fille borderline, on appelle Melissa (rires) ! Pourtant, je me considère comme d’un naturel joyeux. »
Le plus bel exemple du devenir-pietà de Melissa George est à trouver du côté de En analyse. Quiconque a vu cette adaptation par HBO d’une série psy israélienne se souvient du fascinant personnage de Laura, qui ose une déclaration d’amour à son thérapeute dans le premier épisode.
« En analyse m’a donné l’occasion de jouer le genre de personnage que j’aime : une fille bordélique dans sa tête, que je voudrais aider. Au moment du casting, je tournais un film de vampires. Je ne pouvais pas me déplacer, alors j’ai répété chaque nuit, toute seule. Quand j’ai été prête, je me suis filmée en train de jouer le premier épisode en entier. Trente-cinq pages d’un coup. Les producteurs ont trouvé que j’étais assez folle ! C’est la première fois qu’on m’a identifiée comme une vraie actrice, sans penser aux films d’horreur ou à Home and Away, le soap de ma jeunesse. Aujourd’hui encore, on m’en parle davantage que de mon rôle dans la saison 5 de Grey’s Anatomy. »
Validée par une nomination aux Golden Globes en 2008, la révélation de Melissa George à elle-même et au monde a eu lieu au prix d’un travail dantesque, dans une série où tout reposait sur la simplicité du dispositif en champ/contrechamp et la capacité des acteurs à émouvoir simplement par la parole. Jusqu’à l’ivresse.
« Chaque épisode était tourné en deux jours. Quinze heures la première journée, quinze heures la seconde. Un tunnel qui nous aidait à ressentir la pression. Je dormais très peu à cause de la somme de dialogues que je devais ingurgiter. Depuis, je suis constamment à la recherche de ce genre de sensations, sans forcément les trouver. »
Aujourd’hui, installée à Paris par amour, Melissa George rêve de tourner dans un film français – le prochain Carax ? –, toujours à la recherche d’expériences limites, comme celle qu’elle a connue auprès de David Lynch dans Mulholland Drive (2001), où elle tenait un petit rôle.
« Johanna Ray, la directrice casting, rassemble des photos de visages dans de petits livres. Lynch choisit ses acteurs de cette manière, sur l’émotion que lui procure un visage. Je suis arrivée sur le tournage sans l’avoir jamais rencontré. Au départ, Mulholland Drive devait être une série. Quand il a décidé d’en faire un film, David m’a demandé d’interrompre mes vacances pour tourner une nouvelle scène, celle du grand dîner dans une maison hollywoodienne. J’avais fait vingt-sept heures d’avion et David a pleuré en me voyant. Puis il m’a demandé simplement d’embrasser passionnément Laura Harring. C’était tout. »
Et déjà beaucoup.
Olivier Jayard
Hunted à partir du 20 février, 20 h 45, Jimmy
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