“Mad Men” revient pour un dernier tour de piste, avec la deuxième moitié très attendue de cette septième et ultime saison. Chaque semaine, nous revenons sur le nouvel épisode de la série de AMC. Recap, 100% spoilers.
“Tu n’es qu’un menteur. Un menteur vieillissant, négligé, égocentrique.” Toute série capable de balancer ce genre de phrase à son héros au bout de sept saisons ne peut pas être mauvaise. C’est à son ex-femme, Megan, que revient la tâche de mettre Don Draper face à l’image qu’il renvoie. La scène, brutale et aigre, s’achève par un moment culte dont seul Mad Men est capable, lorsque ledit menteur vieillissant tend un chèque d’un million de dollars à celle qu’il a déçue et trompée.
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Des regrets ? Négatif. Aucun. Il est possible qu’on ne revoie plus Megan et sa famille à l’accent franco-québecois discutable. Le retour en arrière n’intéresse pas Don. Il a beau se retourner tristement pour figer d’un regard l’image parfaite de la famille à laquelle il a renoncé il y a déjà plusieurs années – magnifique plan dans la scène inaugurale de l’épisode –, le seul passé qu’il ressasse sans cesse est celui d’être un fils de pute, et un orphelin.
C’est l’affaire de ce début de seconde partie de la saison 7 : la rencontre de Don avec Diana, une serveuse de bar qui lui “rappelle quelqu’un”, et avec qui il couche de plus en plus souvent. Au prix d’une accélération du récit, elle lui révèle qu’elle vient d’une petite ville (Racine, dans le Wisconsin, lieu tragique ?) et a refait sa vie à New York. Elle a perdu un enfant et en a laissé un autre derrière elle… Avec elle, Don est particulièrement attentionné, comme il ne s’est jamais montré. Plus à l’aise dans une chambre minuscule et sans luxe avec cette brune anéantie, qu’avec les puissants de Madison Avenue. Le deuil, il connaît. Ce « quelqu’un » que Diana évoque pour Don Draper, c’est évidemment lui-même.
Don pourrait éventuellement se rapprocher de son double
La relation a-t-elle un avenir où sert-elle de tremplin pour la transition de Don vers une vie simple, épurée au maximum du bruit de la société, de l’argent et des conflits ? Peut-il s’épanouir dans le renoncement, et domestiquer sa mélancolie ? Cet épisode, sans doute plus important que sa (relative) dispersion ne le laisse croire, se termine par un plan de Draper seul chez lui, dans son appartement délesté de meubles. L’image donne la sensation d’un espace vital qui se réduit et s’élargit à la fois, selon l’angle où on se place. Don semble entré en suspension, au-delà des affres du matérialisme et de la possession. Allier une forme de surplace et la possibilité d’un mouvement subtil ressemble à une piste pour sa destination finale. Reste à découvrir son incarnation concrète.
Don pourrait éventuellement redevenir Dick, cet homme que nous connaissons finalement mal, et qu’il fut pourtant avant de changer d’identité – les fans de la série le savent depuis longtemps. Mais les autres personnages de Mad Men n’ont que peu de chances d’échapper à un destin plus banal. Au cœur de leur monde, l’argent et le sexe mènent la danse sans espoir de mutation profonde.
Dans cet épisode où les figures secondaires (et parfois nouvelles, comme la photographe bisexuelle Pima) ont pris presque toute la place, les mécanismes du harcèlement des femmes par les hommes ont été une nouvelle fois décryptés avec fureur – voir notamment l’incroyable déjeuner de Megan avec Harry Crane. Dans Mad Men, les deux phares du récit demeurent de manière insistante la violence et la mélancolie, comment les perpétuer ou comment y échapper. Aux uns et aux autres, il reste cinq épisodes pour tenter de choisir leur camp.
Sur Canal Plus séries chaque mardi à 22h15.
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