Après deux ans d’attente, le gentleman cambrioleur est de retour pour une partie 3. Une saison qui ne manque pas de charme même si elle manque de piquant.
L’inaltérable carton mondial de Lupin s’impose encore et toujours, avec des chiffres déjà puissants. Les sept épisodes lancés sur Netflix le 5 octobre dernier caracolent en tête des visionnages mondiaux concernant les séries non anglophones, avec un démarrage dit “historique” qui fait suite à deux années de break. Cette troisième saison confirme donc l’exploit réalisé par les aventures relookées du héros de Maurice Leblanc auprès d’un public de toutes cultures, origines et âges, suspendus aux jeux de dupes enclenchés par Assane Diop (Omar Sy) dans un Paris stylisé.
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C’est la première leçon que l’on tire des blockbusters internationaux contemporains, ciné et séries confondus : leur capacité à faire voyager tel·le un·e touriste de la fiction dans les plus belles capitales, transformées en terrain de jeu pour des personnages qui se permettent toutes les transgressions, sur fond de monuments historiques désirables – plus besoin d’aller les visiter, il suffit de payer un billet ou un abonnement. De Mission : Impossible à Emily in Paris, la recette est exactement la même. Lupin, qui s’ouvrait en majesté au Louvre, l’a compris depuis longtemps.
Retour en 1998
Dans cette nouvelle saison en sept épisodes, le city tour parisien se poursuit, entre palaces et rues pavées, avec quelques incursions dans des quartiers moins chics. Ce n’est pas désagréable, loin de là. Assane Diop vit dans la clandestinité, séparé de son ex-femme et de son fils, mais il trouve bien sûr un moyen de revenir au centre du récit, au gré d’une intrigue qui met en jeu une très chère perle noire et pas mal d’adversaires. Lupin se déguise, Lupin tombe d’un toit, Lupin se retrouve avec un flingue pointé sur lui, mais à chaque fois quelque chose le sauve. Dans une des rares citations directes de l’univers romanesque dont elle est tirée, la série met d’ailleurs en avant à plusieurs reprises cette phrase : “Avec Lupin, je vous l’ai dit, il n’y a pas de mort.”
Dans le monde traversé de violence qui est le nôtre, la promesse semble folle. Un peu hors cadre tout de même, mais intéressante. Elle devrait en tout cas nous séduire, nous caresser aussi en tant que spectateur·rices en quête de réconfort fondamental. Sauf qu’ici, Lupin paraît quand même un peu plus fatigué qu’il ne le devrait. Et s’il n’est pas mort, il dort un peu. C’est le lot des séries qui commencent à durer que de se chercher un second souffle. On ne peut pas leur en vouloir. Ici, les scénaristes mené·es par l’Anglais George Kay ont choisi une forme de surenchère, multipliant les chausse-trappes et utilisant les mêmes ressorts que dans les premières saisons, ces flash-backs censés éclairer la personnalité du voleur et qui ont ici la particularité de se dérouler pendant le bel été 1998, quand la France est devenue championne du monde de foot.
Vers une saison 4 ?
L’occasion, a priori, d’évoquer le mythe “black-blanc-beur” érigé à cette occasion, dont on voit à quel point il a largement explosé en un quart de siècle. Mais la série ne se mêle des enjeux raciaux et politiques de son sujet qu’à la marge, préférant façonner une histoire strictement familiale (avec notamment la mère d’Assane) plutôt que de se risquer à piquer un peu. La suite n’a pas encore été commandée, mais il y a peu de doutes : sauf catastrophe, Lupin reviendra, toujours aussi furtif.
Lupin partie 3. Sur Netflix.
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