Ce mois-ci, « Tchernobyl » opérera une plongée intense dans l’Histoire européenne quand « Eden » décortiquera ses enjeux contemporains à travers la crise des migrants, l’escroc Marius « Pete » Josipovic et l’artiste Nola Darling n’en feront toujours qu’à leurs têtes, et un duo de bad girls fera régner la loi dans les rues de L.A..
Eden (les 2 et 9 mai sur Arte, disponible sur Arte Replay)
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Lorsqu’une frêle embarcation de migrants accoste sur une plage grecque, plusieurs destins contrariés se tissent et s’entremêlent à travers l’Europe. En partant d’une vidéo amateur trouvée sur Youtube, le cinéaste français Dominik Moll délaisse le registre inquiétant auquel il est coutumier (d’Harry, un ami qui vous veut du bien au Moine) pour embrasser la problématique de l’accueil des réfugiés à travers un kaléidoscope géographique et humain. Abordant frontalement une thématique que les séries (notamment Coincoin et les Z’Inhumains de Bruno Dumont) ont jusqu’ici majoritairement traitée de manière allégorique, Eden n’évite pas certains écueils de la fiction documentée (surabondance de scènes explicatives, réalisme un peu éteint). Mais en s’attachant avec humanisme à des corps usés et des trajectoires complexes, elle se dote d’une ampleur à la hauteur de son sujet.
Chernobyl (à partir du 6 mai sur OCS City)
Le 26 avril 1986, à 15 kilomètres de Tchernobyl en Ukraine (alors partie intégrante de l’URSS), le réacteur de la centrale nucléaire Lénine exlose suite à une augmentation incontrôlée de sa puissance. La quantité d’éléments radioactifs libérés dans l’atmosphère et ses conséquences environnementales et sanitaires en font la plus importante catastrophe jamais causée par l’espèce humaine. Apparemment basée sur des éléments jamais révélés au public, la relecture de ce fragment d’histoire par la chaîne HBO s’est dotée des moyens d’un blockbuster hollywoodien : images d’apocalypse, tension insoutenable et musique assourdissante. Au-delà du sensationnalisme, on sent néanmoins l’ambition de déplier le cauchemar dans ses implications politiques, scientifiques et humaines.
Chimerica (le 8 mai sur Canal + Séries)
De quel bois sont faites les images mythiques, celles qui s’impriment dans la mémoire collective et saisissent les grands mouvements de l’Histoire (quand elles ne contribuent pas à les provoquer) ? Qui regarde dans l’objectif, depuis où, et dans quel but ? En somme, qu’est-ce qui se joue dans l’ombre qui encadre l’instantané de lumière ? Présentée cette année au festival Séries Mania, Chimerica, mini-série anglaise en quatre épisodes, entreprend d’explorer via un personnage fictif le contrechamp ambigu de la photographie de l’homme de la place Tian’anmen. Traçant un pont entre la Chine de 1989 et l’Amérique de 2016, alors en pleine campagne électorale, elle double sa contre-enquête politique d’une réflexion sur le rôle du journalisme dans les démocraties contemporaines.
Sneaky Pete saison 3 (le 10 mai sur Amazon Prime Video)
Passée un peu sous les radars de la hype malgré un relatif succès public, Sneaky Pete, série cocréée par Bryan Cranston (l’inoubliable Walter White de Breaking Bad), poursuit son petit bonhomme de chemin. Et quel bonhomme : en sortant de prison, Marius (Giovanni Ribisi) avait emprunté l’identité de son codétenu Pete pour échapper à ses débiteurs. La famille de ce dernier ne l’ayant pas vu depuis des années, l’usurpateur avait été adopté à bras ouverts… Fascinant de sournoiserie onctueuse et de fêlures à vif, le personnage aux multiples visages fera tout pour faire tenir ensemble les pans de son existence recomposée et protéger ceux qui ont fini par devenir les siens.
L.A.’s Finest (le 13 mai sur Spectrum)
Deux flics aux méthodes contradictoires, une avalanche de blagues lourdingues, des néons et des palmiers : le premier Bad Boys, sorti en 1995 et réalisé par Michael Bay, synthétisait tout un pan du cinéma d’action des années 90, entre autodérision et influence Hongkongaise. Après une suite dispensable et en attendant un troisième volet prévu pour 2020, c’est au féminin et sur le petit écran que se décline la franchise, délocalisée pour l’occasion à Los Angeles. Porté par Gabrielle Union et Jessica Alba (dans le rôle de deux inspectrices que tout oppose, évidemment), ce spin-off préservera la formule des originaux (punchlines et explosions à tout va) tout en lui apportant un angle féminin bienvenu.
https://youtu.be/sNAYxzhA6lw
Nola Darling n’en fait qu’à sa tête saison 2 (le 24 mai sur Netflix)
S’il est désormais courant de voir des films transposés en séries, plus rares sont les cas où le réalisateur de l’œuvre originale revient à la barre. En 1986, Spike Lee faisait une entrée fracassante dans le milieu du cinéma indépendant avec She’s Gotta Have It, chronique urbaine du quotidien d’une jeune artiste qui assumait pleinement ses désirs. Trente ans plus tard, filmer sans jugement une femme noire qui se revendique « pansexuelle, polyamoureuse et sexuellement positive » fait toujours figure de geste politique, notamment dans le sillage de l’élection de Trump, de l’affaire Weinstein et des mouvements Black Lives Matters. Cette deuxième saison devrait suivre l’évolution de la relation entre Mars et Nola (interprétée par la très convainquante DeWanda Wise) et pousser l’héroïne à choisir entre ses valeurs artistiques et le confort du monde de l’entreprise.
What / if saison 1 (le 24 mai sur Netflix)
Deux jeunes mariés désargentés acceptent l’offre douteuse d’une mystérieuse bienfaitrice. Entraînés dans un jeu dangereux, ils vont être poussés à agir de façon extrême… Présentée comme une anthologie dont chaque saison abordera une valeur morale différente, What/if, créée par Mike Kelley et produite par Robert Zemeckis, explorera ce qui se passe quand des « gens biens » commettent des actes inacceptables. Si la série reste pour le moment mystérieuse, on sait que Renée Zwelleger y interprétera son premier rôle d’envergure pour le petit écran, celui d’une femme aussi charismatique que manipulatrice marquée par un pacte métaphorique avec le diable.
https://youtu.be/vQcPqm3EqY8
Good Omens saison 1 (le 31 mai sur Amazon Prime Video)
La fin du Monde est proche, mais l’ange Aziraphale (Michael Sheen) et le démon Crowley (David Tennant, ex Doctor Who) ont trop pris goût à la vie sur Terre pour la laisser disparaître. Mettant de côté leurs différences, ils partent à la poursuite de l’Anthéchrist, un garçon de onze ans qui n’a pas bien mesuré les conséquences de ses actes. Dotée d’un casting prestigieux (on y croisera Jon Hamm, Frances McDormand ou Benedict Cumberbarch), cette adaptation cossue du roman de Neil Gaiman et Terry Pratchett jouera la carte de la fantaisie mythologico-religieuse, et tentera de faire oublier l’échec d’American Gods, diffusée sur la même plate-forme.
https://youtu.be/hUJoR4vlIIs
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