Dans sa deuxième saison, la web-série aborde avec précision la question de la transidentité.
On a trop longtemps vu les séries françaises s’égarer en essayant de capter le pouls social et politique de l’époque pour ne pas se réjouir que l’une d’elles s’y colle vraiment, avec ses moyens et ses ambitions propres. Les Engagés, dont la deuxième saison a été mise en ligne la semaine dernière, raconte la vie du Point G, un centre LGBT+ fictionnel, à Lyon, où les militant.e.s tentent de naviguer dans une époque paradoxale : la visibilité s’améliore mais l’homophobie profonde continue à s’exprimer tous les jours.
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La première saison était celle d’un apprentissage, quand Hicham (Mehdi Meskar) venait assumer ses désirs en compagnie du militant Thibaut (Eric Pucheu). Il coupait avec sa vie d’avant, découvrait les actions politiques ciblées et le sens du groupe, en même temps que l’amour.
Une scène majeure fait date dans la fiction française
Les nouveaux épisodes montrent un garçon dont le monde va de nouveau changer, mais en élargissant son point de vue. Le créateur et scénariste Sullivan Le Postec – qui a lui-même milité dans une association comme le Point G pendant ses études – a placé une forme d’introspection de la communauté au centre de cette saison.
Au cœur du récit, l’apparition d’un jeune homme trans prénommé Elijah (Adrián De La Vega) vient troubler les perceptions et les certitudes : la scène de révélation, magnifique, marque une date dans la fiction française, l’ouverture à un regard inclusif. La transition n’est pas la problématique du personnage, ce qui en soi constitue un changement majeur par rapport à la plupart des représentations de la transidentité.
Dans la foulée de ce choix fort, Les Engagés brasse large, avec une vision intersectionnelle où les enjeux LGBT+ se mêlent aux questions féministes, notamment autour du port du voile. C’est à la fois l’originalité de la série et sa limite potentielle : l’envie de bien faire et d’évoquer en même temps ce que d’autres séparent peut sembler didactique. Le milieu de saison en souffre. Mêler l’intime et le politique est une gageure.
Parfois, Les Engagés reste d’un côté ou de l’autre, sans trouver en permanence la circulation ni une grâce équivalente à ses meilleurs moments. Le format de la web-série (des épisodes de dix minutes environ) y est sans doute pour quelque chose, un certain esprit de sérieux également.
Mais le savoir-faire de Sullivan Le Postec, l’un des premiers scénaristes français à avoir suivi des formations internationales, reste absolument nécessaire : une fiction qui aime ses personnages à ce point et parvient à dessiner des vies non normées en si peu de temps fait beaucoup de bien.
Les Engagés Saison 2, en ligne sur Studio 4. Sortie du DVD (Optimale) le 6 décembre et en streaming sur queerscreen.fr Aussi au festival Chéries Chéris (du 17 au 27 novembre), projection des saisons 1 et 2 le samedi 17 novembre (suivie d’un débat avec l’équipe du film) au MK2 Beaubourg, Paris IIIe
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