Pour conjurer la canicule ou les orages du mois d’août, on partira chasser le Diable avec William Friedkin ou les pixels avec Chris Columbus, on apprivoisera les pouvoirs des « Innocents » et les billets verts d' »Ozark », et on révisera notre Orson Welles en attendant « The Other Side of the Wind ».Pour conjurer la canicule ou les orages du mois d’août, on partira chasser le Diable avec William Friedkin ou les pixels avec Chris Columbus, on apprivoisera les pouvoirs des « Innocents » et les billets verts d' »Ozark », et on révisera notre Orson Welles en attendant « The Other Side of the Wind ».
The Devil and Father Amorth, de William Friedkin (disponible)
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En mai 2016, le Père Gabriele Amorth, exorciste officiel du Vatican, convie William Friedkin à l’un de ses mystérieux offices. D’abord dubitatif, le cinéaste américain va tenter de mettre de côté ses convictions spirituelles et scientifiques pour approcher avec sa caméra l’infracassable noyau de nuit de ce rituel d’un autre temps. Si la forme qui enchâsse le cérémoniel décortiqué d’interviews face caméra et d’une narration en voix off peut décevoir, le dialogue que tisse ce documentaire avec L’Exorciste, film le plus célèbre de son auteur, est passionnant. Si outrés soient-ils, les codes de la fiction horrifiques de 1973, désormais entrés dans le langage cinématographique commun, paraissent aujourd’hui plus vraisemblables que le babil et les gestes de ce chasseur de démon du monde réel…
Le Criminel, d’Orson Welles (disponible)
Sorti en 1948, Le Criminel est le canard boiteux de la filmographie d’Orson Welles : flanqué de la déchirante Splendeur des Amberson et de la vénéneuse Dame de Shanghaï, ce thriller noir écrit par John Huston (qu’on retrouvera bientôt dans The Other Side of the Wind) n’a ni le génie baroque de Citizen Kane, ni le magnétisme hanté de La Soif du Mal. Pourtant, de ce film de commande, achevé avec dix jours d’avance sur le planning de tournage par un cinéaste turbulent désireux de prouver aux studios qu’il pouvait « rentrer dans le moule », possède des atours certains. On y retrouve le noir et blanc quasi-expressionniste du cinéaste et son goût pour les plans-séquence diaboliques, on jubile devant son interprétation délicieusement outrancière d’ancien nazi en cavale, avant de se glacer face aux premières images des camps d’extermination insérées dans un film de fiction.
La Soif du Mal, d’Orson Welles (1er août)
Derrière le plan-séquence d’introduction le plus célèbre de l’Histoire du cinéma se déploie un film noir d’une incroyable densité. Tricoté de part et d’autre de la frontière américano-mexicaine et dans le sillage d’un attentat à la bombe, La Soif du Mal, sorti en 1958, suit les enquêtes parallèles et conflictuelles d’un inspecteur idéaliste (Charlton Heston) et d’un flic ripoux (Welles himself, plus ogre que jamais). Électrisé de fulgurances formelles et filant sur un tempo free jazz, ce jeu de masques tout en manipulations et coups bas est un des sommets de la carrière de son auteur, et du cinéma américain en général.
Pixels, de Chris Columbus (2 août)
On pourrait voir dans Pixels de Chris Columbus, invraisemblable histoire d’invasion extraterrestre par le truchement de créatures de jeux d’arcade vintage (Pac Man & Cie), un étonnant éclaireur à Ready Player One. S’il est évidemment moins virtuose que son successeur, il évite la propension à l’embaumement des motifs de la pop culture du Spielberg pour une approche plus décalée, et joue l’entrelacs entre les images réelles et de synthèse avec un certain allant. Observer Adam Sandler et Ashley Benson chasser du pixel peut relever du plaisir coupable.
I am a Killer, série documentaire (3 août)
https://youtu.be/pXV5runQ15s
Des condamnés à mort racontent face caméra le parcours criminel qui les a mené à la peine capitale. Une entreprise documentaire qui plonge dans les méandres les plus sombres de l’âme humaine et du système judiciaire navigue vers de nombreux écueils : ceux du racolage sordide ou du sensationnalisme glauque, du manque d’empathie avec la parole recueillie comme de l’impudeur. On espère que la mini-série partagera la finesse d’intuition et la qualité de regard du Werner Herzog d’Into The Abyss ou d’On Death Row.
Better Call Saul, saison 4 (à partir du 7 août)
Si le spin-off de Breaking Bad consacré au passé de l’avocat véreux James McGill (AKA Saul Goodman) ne provoque pas le même engouement du public que son ainé, la série pilotée par Vince Gilligan distille un charme à infusion lente. Tout en poussant dans leurs retranchements les gestes narratifs et formels expérimentés dans la série culte (usage du grand angle et cadrages malicieux, temporalité dilatée trouée d’éclats de violence, humour à froid), elle s’en démarque par le regard plus aimant qu’elle porte sur ses personnages. Cette saison 4 devrait être marquée par la fin des activités légales de Jimmy et son isolement progressif, ainsi que par l’apparition de nouveaux transfuges de Breaking Bad.
Désenchantée, saison 1 (17 août)
https://youtu.be/v2AvnJ1rw9k
Alors que les Simpsons sont toujours en pleine forme malgré leurs 29 ans et saisons, leur créateur Matt Groening s’est offert une récréation en concoctant Désenchantée, plongée humoristique dans un Moyen-Âge emprunt de fantastique. Refusant son mariage arrangée, une princesse se fait la malle pour vivre de folles aventures aux côtés de compagnons étonnants. Si l’on retrouve le style graphique de la petite famille jaune, l’ambition de cette nouvelle série semble se tenir moins du côté de la satire de l’American way of life que du détournement potache des codes du conte de fées. Homer meets Shrek ?
The Innocents, saison 1 (24 août)
https://youtu.be/6XshabV0010
L’aura de mystère qui entoure The Innocents est à la hauteur de l’envoûtement que procurent ses premières images. Quand deux adolescents fuguent pour vivre librement leur amour, leurs corps sont investis de puissants pouvoirs qui aimantent comme des mouches organisations gouvernementales et criminels aux motivations obscures. La série promet de conjuguer le trouble adolescents à celui de l’acquisition de possibilités corporelles surnaturelles, l’histoire d’amour à la cavale effrénée et le drama teen au fantastique. Un nouveau Stranger Things ?
Hulk, d’Ang Lee (29 août)
Sortie en 2003, l’adaptation des aventures du géant vert en colère par le réalisateur de Tigre et Dragon est archivée dans les mémoires cinéphiles comme un échec artistique et commercial. Cet Hulk en forme d’origine story se révèle pourtant extrêmement aventureux sur la forme. Malgré ses longueurs et le manque de charisme de son interprète principal, le travail de fragmentation de l’image en split screens infernaux résonne autant avec le corps disloqué du héros qu’avec les cases de la BD d’origine. Quand aux exubérances stylistiques d’Ang Lee, elles renvoient à sa grisaille scolaire l’adaptation Marvelo-conforme mise en boîte par Louis Leterrier en 2007.
Ozark, saison 2 (31 août)
En plongeant un conseiller financier véreux dans une spirale de violence, la première saison d’Ozark évoquait inévitablement les péripéties du Walter White de Breaking Bad, mais s’en démarquait par une sobriété appliquée et par la cinégénie particulière de la région lacustre du titre. Prenant place après la bascule irréversible de son personnage vers l’obscurité, la saison 2 promet de poursuivre sa radiographie acérée de la famille et du rêve américains par le prisme du crime.
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