Marquée par un essoufflement qualitatif en fin d’année (tel un symptôme de la Covid), la création série retrouvera un peu de vigueur en 2021.
A l’épopée abolitionniste de John Brown répondront les glissements intimes d’Euphoria, Omar Sy reprendra le flambeau d’Arsène Lupin quand Melvil Poupaud cherchera des OVNIs, et les héros Marvel douteront de leur réalité pendant que les arabesques virtualités de Pixar enchanteront la nôtre… Souhaitons à nos écrans (trop) familiers d’être plus étincelants que jamais, et de nous frotter au monde plutôt que de nous en éloigner.
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The Good Lord Bird, de Mark Richard et Ethan Hawke (mini-série)
Dans les Etats-Unis du milieu du XIXème siècle, Henry, jeune esclave noir, rejoint la bande armée menée par John Brown, un militant abolitionniste aussi charismatique qu’illuminé. Saisissant en un geste picaresque les pérégrinations de ses personnages à l’orée de la Guerre de Sécession (et au cœur des événements dits du « Bleeding Kansas »), The Good Lord Bird peine à équilibrer ses différents registres, hésitant entre le drame réaliste et une veine tarantinesque plus désinvolte. Elle constitue néanmoins une plongée saisissante dans une page traumatique de l’histoire américaine, et questionne la figure ambiguë du « White Savior ».
A partir du 7 janvier sur Canal+.
Lupin partie 1 : dans l’ombre d’Arsène, de George Kay
Pour sa nouvelle création originale française, la plateforme de vidéo à la demande abat la carte du divertissement populaire en faisant d’Omar Sy, « comédien préféré des Français·es », le dépositaire de l’héritage d’Arsène Lupin, né sous le plume de Maurice Leblanc. Malgré la réalisation un peu terne de Louis Leterrier et des dialogues pas toujours bien ciselés, les coups d’éclat d’Assane Diop, cambrioleur de génie et charismatique gentleman cherchant à restaurer l’honneur de son père mort en prison, réinventent efficacement la figure littéraire en la frottant aux inégalités sociales et raciales d’aujourd’hui.
Le 8 janvier sur Netflix.
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OVNI(s), de Clémence Dargent et Martin Douaire
France, 1978. Alors que des apparitions de soucoupes volantes défraient la chronique, Didier Mathure (Melvil Poupaud), ingénieur spatial à l’esprit cartésien, est muté à la tête du GEPAN, un bureau d’enquête spécialisé sur les OVNI(s) dont les employé·es ont-elles·eux aussi la tête dans les étoiles. Servie par un casting solide et flambée à l’humour burlesque, la série offre une reconstitution décalée des 70’s, dont elle scrute au final plus la comédie humaine que les fantasmes extraterrestres.
A partir du 11 janvier sur Canal+.
Servant saison 2, de Tony Basgallop
Dans une demeure bourgeoise de Philadelphie, un couple de jeunes parents engage une jeune nounou pour s’occuper à plein temps de son bébé… ou plutôt de la poupée hyperréaliste qui a remplacé ce dernier, mort depuis plusieurs mois. Envisageant l’espace domestique comme un théâtre de l’étrange suintant de malaise, Tony Basgallop et M. Night Shyamalan (qui a seulement réalisé les deux premiers épisodes mais dont le style infuse toute la série) naviguent efficacement à la frontière de la folie et de la manipulation mentale. Suite à la disparition de bébé Jericho, Sean et Dorothy chercheront activement la secte à l’origine de l’enlèvement quand Leanne, la nounou qui avait fini par quitter la maison, reviendra y dévoiler sa vraie nature.
A partir du 15 janvier sur Apple TV+.
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WandaVision, de Jac Schaeffer
Si les séries dérivées de l’univers cinématographique Marvel débarqueront en nombre en 2021, celle qui nous intrigue les plus, avant les facéties de Loki et la castagne de Falcon et le Soldat de l’Hiver, c’est WandaVision. Combinant les codes de la sitcom traditionnelle aux pyrotechnies super-héroïques, cette mini-série fera vaciller la routine conjugale de Wanda Maximoff AKA Scarlet Witch (Elizabeth Olsen) et Vision (Paul Bettany) sous les assauts insistants d’une réalité parallèle… A moins que ce ne soit le réel qui vienne frapper à la porte du rêve ?
Le 15 janvier sur Disney+.
Pixar popcorn (anthologie)
Sinistrée, la fin d’année cinématographique aura été illuminée par Soul, le dernier joyau d’animation de Pixar qui s’aventurait sur le terrain de la réincarnation pour esquisser une recherche du bonheur vertigineuse, trouée d’angoisse et débridée au jazz. La firme aux grandes oreilles élargit la tradition associant à chaque film du studio (qu’elle possède) un court-métrage dérivé. La série d’anthologie Pixar Popcorn marquera notamment les retrouvailles avec l’univers (et certains personnages) de Toy Story, Coco ou Le Monde de Dory.
Le 22 janvier sur Disney+.
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Euphoria partie 2 : Jules, de Sam Levinson (épisode spécial)
Afin de patienter avant la diffusion de sa seconde saison, Euphoria, série adolescente à la noirceur inouïe, nous avait offert un épisode de Noël centré sur le personnage de Rue, interprété par Zendaya. En un face-à-face à la sobriété envoûtante, deux personnages esquissaient un bilan de leurs existences cabossées dans un diner typiquement américain. Le diamant noir de la fin d’année série dévoilera sa seconde face dans quelques semaines : elle sera consacrée à Jules, l’ado transgenre et ex de Rue sublimée par Hunter Schafer.
Le 25 janvier sur OCS.
https://youtu.be/eXIKJlHLeDM
Your Honor, de Peter Moffat
Lorsque son fils est reconnu coupable d’un délit de fuite dont la victime faisait partie de la pègre, Michael Desiato, juge à l’apogée d’une carrière florissante, voit sa vie basculer. Malgré ses atours très classiques, ce thriller porté par Bryan Cranston nous fait de l’œil depuis sa tête pensante : Peter Moffat, ex-avocat britannique devenu spécialiste en drame judiciaire auquel on doit notamment l’excellente Criminal Justice.
A partir du 28 janvier sur Canal+.
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