En décembre, les désirs télévisuels seront bouillonnants chez des ados animé·es ou vénéneux dans l’Angleterre du XIXème siècle, calibrés dans un monde dystopique ou redistribués par les voies du Minitel, entrechoqués sur une île déserte ou comprimés par une pandémie.
Big Mouth saison 4, de Nick Kroll, Andrew Goldberg et Mark Levin
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Si le recours à l’animation permet aux créateurs de Big Mouth de laisser libre cours à leur imagination débordante, elle leur offre aussi un terrain visuel propice à l’exploration d’une thématique impossible à illustrer en prises de vues réelles : la sexualité des jeunes adolescent·es. En trois saisons, la série a ausculté les remous hormonaux générés par les corps changeants et leurs désirs électriques, à grand renfort d’humour trash et absurde. Situés cette fois hors de l’école et pendant les vacances d’été, les nouveaux épisodes mettront les personnages aux prises avec le moustique de l’anxiété (ils avaient auparavant croisé le vampire de la honte et le chat de la dépression). Courage, les jeunes !
Le 4 décembre sur Netflix.
Euphoria, épisodes spéciaux, de Sam Levinson
https://youtu.be/uY0_7wPGJlk
Conçue sous le patronage de Skins mais nourrie aux angoisses existentielles de notre présent connecté, la première saison d’Euphoria frappait très fort en mettant en scène des vécus adolescents chaotiques, perclus de traumas et noyés dans l’ivresse de la fête et des drogues. En attendant la prochaine saison dont le tournage est prévu pour début 2021, ce bijou de noirceur et d’émotion revient le temps de deux épisodes spéciaux, conçus à la faveur anxiogène du confinement. Ecrit et réalisé par le créateur de la série, le premier nous donnera des nouvelles du personnage de Rue alors qu’elle passe Noël en famille, après avoir été abandonnée en pleine rechute sur le quai de la gare par Jules.
Le 7 décembre sur OCS.
Chambre 2806 : L’Affaire DSK, de Jalil Lespert
Tournée pendant deux ans et demi, cette mini-série consacrée à l’affaire DSK retrace la chute de l’ancien directeur du FMI consécutive aux accusations d’agression sexuelle et de tentative de viol portées par Nafissatou Diallo. Laissant la parole à une galerie de personnages, et notamment à celle, précieuse, de l’ancienne femme de chambre, les épisodes tentent de disséquer les tenants politiques, sociaux, sexuels et raciaux d’un scandale qui pourrait être considéré, aujourd’hui, comme annonciateur du mouvement #MeToo.
Le 7 décembre sur Netflix.
Le Fléau, de Josh Boone et Benjamin Cavell
Après qu’une pandémie de grippe créée en laboratoire ait décimé la quasi-totalité de la population, les survivant·es se scindent en deux groupes dirigés par des personnalités diamétralement opposées : Mère Abigaël, douée de prescience, et l’inquiétant Randall Flag, aux pouvoirs surnaturels. Dotée d’un casting rutilant (James Mardsen, Amber Heard, Alexander Skarsgård, Whoopi Goldberg…), cette série postapocalyptique rejoint la cohorte des adaptations (aux fortunes très diverses) de l’œuvre de Stephen King. Si l’auteur a l’habitude d’en présenter l’histoire comme une réécriture du Seigneur des Anneaux dans l’Amérique contemporaine, nul doute que la situation sanitaire mondiale lui offrira des résonances plus actuelles.
A partir du 17 décembre sur CBS All Access.
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3615 Monique, d’Emmanuel Poulain-Arnaud et Armand Robin
https://youtu.be/rDXPg_wFHJA
Dans la France giscardo-miterrandienne, Simon, Toni et Stéphanie trompent l’ennui de leur banlieue résidentielle en inventant le premier service de Minitel « rose » (c’est-à-dire érotique). Surfant sur la nostalgie 80’s qui irrigue les séries depuis quelques années, cette comédie d’apprentissage vintage sur fond de révolution technologique ausculte les prémices des relations dématérialisées, et double sa façade rigolarde d’une mécanique entrepreneuriale plus grinçante.
A partir du 17 décembre sur OCS Max.
The Wilds, de Sarah Streicher
Les survivantes d’un crash d’avion s’organisent sur une île déserte. Impossible de ne pas penser à Lost devant les premiers épisodes de The Wilds, qui croise les codes du survival et ceux des séries teen à l’aune d’une mystérieuse expérimentation sociale, et tente d’esquisser une coupe sociologique et féminine de l’adolescence américaine contemporaine.
Le 11 décembre sur Amazon Prime Video.
Brave New World, de David Wiener
https://youtu.be/qq5J2DIF7ls
Sorti en 1932, le roman d’anticipation d’Aldous Huxley constitue l’une des grilles de lecture les plus aiguisées de nos sociétés actuelles, consuméristes et « pacifiées » par une tyrannie du bonheur et un contrôle des passions. Dans le sillage d’un « sauvage » incarné par Alden Ehrenreich (Solo : A Star Wars Story), cette adaptation contemporaine en revisite les motifs à l’aune des réseaux connectés et du conditionnement social. On vous laissera juger si ses personnages lisses aux dialogues caricaturaux participent de la matérialisation de cet univers amorphe ou, au contraire, alignent la série sur sa vacuité.
Le 20 décembre sur Starzplay.
La Chronique des Bridgerton, de Chris Van Dusen et Shonda Rhimes
Scandales en robe de bal et séduction sous tension électrisent la haute société londonienne du XVIIIe siècle tandis qu’un journal à ragots distille anonymement ses notes de venin. Cette année, le pudding de Noël vous est servi par Shonda Rhimes, reine du soap à l’américaine (Grey’s Anatomy, Murder…) qui inaugure avec faste son contrat d’exclusivité de quatre ans signé avec Netflix. Cette adaptation de la saga littéraire de Julia Quinn s’autorise la licence historique d’un casting inclusif et un traitement anachronique des passions, et s’offre comme un plaisir coupable et clinquant.
Le 25 décembre sur Netflix.
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