Au-delà des deux séries événements “Hippocrate” et “Le Serpent”, l’actualité sérielle sera riche dans ces prochaines semaines, entre découvertes et retrouvailles.
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A Confession de Jeff Pope (sur Salto)
“Ceci est une histoire vraie”, nous prévient solennellement le panneau introductif d’A Confession – du même genre que celui qui ouvrait Fargo, la géniale série de Noah Hawley adaptée du film des frères Coen. Ce n’est pas le seul point commun entre les deux séries – l’excellent Martin Freeman y occupe le rôle principal –, mais à l’inverse de Fargo, dont l’intertitre était parfaitement fallacieux, A Confession s’inspire d’une histoire vraiment vraie, et plus précisément d’un fait divers sordide survenu dans la ville anglaise de Swindon en 2011 : la disparition d’une jeune femme de 22 ans, et les circonstances qui amenèrent à la découverte de son cadavre cinq jours plus tard.
La mini-série de Jeff Pope, diffusée sur la BBC en 2019, multiplie les effets pour rappeler la véracité de son sujet : caméra tremblante, zooms intempestifs, décadrages volontaires…, toute la panoplie du vrai-faux true crime est déployée. Si ces tics de mise en scène agacent, ils sont à la qualité intrinsèque de la série ce que les deux premiers épisodes sont à la finalité de son projet : une fausse piste.
Car après une entame parfaitement commune (mais finalement en trompe-l’œil), où l’on suit l’enquête sinueuse de l’inspecteur Steve Fulcher (Martin Freeman donc, impeccable), l’inquiétude grandissante de la famille de la disparue et la traque du suspect présumé, A Confession livre sa véritable intention. Alors qu’il tient son suspect, qui vient de révéler l’emplacement du cadavre de la jeune femme, Fulcher, suivant son flair de flic rodé, continue de cuisiner le bourreau.
Celui-ci, en pleine confession, l’amène à un deuxième cadave (“Vous en voulez une autre ?”), enterré à quelques encablures du premier : celui d’une seconde jeune femme, disparue depuis des années. Tour de force de l’inspecteur Fulcher, dont l’instinct s’est avéré payant. N’était-ce un léger détail : en poursuivant l’interrogatoire sans signifier ses droits à l’assassin, l’inspecteur enfreint le sacro-saint code de procédure policière. La confession est par conséquent irrecevable.
Passant du polar au courtroom movie, A Confession révèle sa vraie nature à partir de l’épisode 3. Si l’on reste en terrain connu – inépuisable filon de l’individu lucide défiant un système absurde –, la série s’avère passionnante dans son étude méthodique des angles morts de la justice anglaise et de la place qu’occupe une vérité implacable dans un système défaillant censé la garantir. LM
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Mental S2 de Marine Maugrain-Legagneur et Victor Lockwood (sur France TV Slash)
Adaptée de la finlandaise Sekasin, Mental raconte la vie d’un groupe d’adolescent·es hospitalisé·es pour troubles psychiques dans une institution spécialisée. C’est aussi l’une des séries les plus réjouissantes du printemps, où une partie de la jeunesse en crise a enfin droit à la parole et à des représentations concernées, vives, complexes. Dans cette deuxième saison toute fraîche réalisée par Slimane-Baptiste Berhoun et coécrite par Marine Maugrain-Legagneur et Victor Lockwood, on retrouve Estelle, Léo, Marvin et les autres dans une atmosphère qui fait la singularité de la série depuis ses débuts : toujours proche de la comédie, mais constamment au bord du gouffre.
Ce croisement constant entre la gravité des destins et la légèreté des situations se déploie avec fluidité, évitant à Mental de ressembler à un précis de sociologie qui cocherait simplement les cases attendues. Sous son allure de fiction pédagogique – il s’agit de mettre en lumière le nombre ultra-élevé de jeunes en proie à des maladies mentales : 40 % des moins de 25 ans souffrent de troubles anxieux généralisés, et c’est encore pire depuis la pandémie –, la série creuse des personnages très attachants, aux désirs débordants.
Mise en ligne sur la plateforme numérique de France Télévision, elle ne souffre que très peu de son manque de moyens et se permet même cette saison d’apporter un vent de nouveauté. Le personnage de Max, joué par Déborah Lukumuena (César de la meilleure actrice dans un second rôle en 2017 pour Divines), crève l’écran en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
Cette ado noire et grosse devient l’un des cœurs battants d’une série qui renvoie à leur ringardise la plupart des créations françaises contemporaines, encore bien trop timides et accrochées à des modèles du passé. Que ce soit sur les thèmes abordés – on trouve aussi un jeune homme asexuel – ou sur l’écriture et la maîtrise du format de 26’ si peu utilisé dans nos contrées, Mental se distingue et nous charme. Elle mériterait une place au soleil, sur une chaîne grand public, à la même heure que Plus belle la vie. OJ
Fluide de Thomas Cadène et Joseph Safieddine (sur arte.tv)
Micro-série développée par Arte, Fluide raconte avec un format ramassé (dix épisodes de cinq minutes environ) le quotidien de deux couples de trentenaires (Emma et Léo d’un côté, Esther et Waël de l’autre), qui vont bon gré mal gré explorer de nouvelles facettes de leur sexualité. Avec pour ambition d’ausculter le couple moderne, son rapport à la fidélité, à l’engagement et à la fluidité sexuelle (Emma se sent soudainement attirée par les femmes, Waël veut pimenter une vie sexuelle un peu terne), la série disponible sur arte.tv s’assortit d’une bande dessinée et d’une codiffusion sur Instagram, afin d’offrir une expérience parfaitement cross-média.
Rivée à un classicisme un peu contre-intuitif, en rupture avec son mode de diffusion et sa volonté lointainement sociologique de sonder les amours modernes, Fluide se laisse plaisamment regarder sans cependant se tenir à la hauteur de ses ambitions. Il y avait pourtant là de jolies promesses : interroger la notion de couple à l’heure où l’amour libre se démocratise, questionner la place qu’occupe l’amour quand la sexualité vacille.
La série de Thomas Cadène et Joseph Safieddine ne parvient qu’à en survoler les enjeux, et recycle avec une distance pudique – de soirées échangistes improvisées en expérimentations sexuelles aux fortunes diverses – les scènes ordinaires de sitcoms s’étant déjà aventurées sur ce terrain.
On était en droit d’espérer un peu plus de prise de risque et d’inventivité, là où la bande dessinée qui accompagne la série, graphiquement très réussie et sexuellement débridée, s’avère autrement plus aventureuse. Une légère déception qu’égayent néanmoins les interprétations convaincantes de Pauline Clément (de la Comédie-Française) en apprentie bisexuelle et de Manon Kneusé (elle aussi formée sur les planches) en jeune femme à la sexualité libérée. LM
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Them de Little Marvin (sur Prime Video le 9 avril)
Dans le sillage du succès de Get Out, le premier long métrage (2017) aussi brillant que glaçant de Jordan Peele, un nouveau courant semble agiter les fictions américaines, consistant à scruter l’histoire et les tensions racistes du pays par le prisme de l’horreur surnaturelle. Après Lovecraft Country, qui convoquait le bestiaire torturé de l’auteur comme une métaphore des souffrances de la communauté noire, la première saison de Them, annoncée comme une série anthologique, noue le rejet subi par une famille afro-américaine nouvellement installée dans un quartier blanc aux visions paranormales qui les hantent.
https://www.youtube.com/watch?v=WL3Jz8fDgFI
Saisis dans le décor familier de la banlieue proprette des années 1950, les épisodes font germer l’inquiétude entre les jointures du tableau résidentiel trop lisse – comme l’a fait récemment WandaVision, sur un mode plus autoréflexif. A l’hostilité grandissante du voisinage, qui tente d’intimider les nouveaux arrivants par des actions de groupe aux airs de happenings cruels, s’ajoutent des phénomènes domestiques – apparitions sinistres, comportement suspect des enfants – qui semblent liés au passé heurté des personnages.
Distillé de façon trop parcimonieuse pour le second et trop artificielle pour le premier, ces deux registres horrifiques peinent hélas à communiquer, et semble traverser la fiction dos à dos plutôt que de s’enrichir mutuellement. Distillant une angoisse atmosphérique parasitée de trouées insolites – dont une scène étonnante à base de crumble aux fruits rouges –,Them manque encore, du moins dans les quatre épisodes que nous avons pu visionner, de générosité et de cohérence pour nous attirer dans ses méandres. AB
The Nevers de Joss Whedon (sur OCS le 12 avril)
Le premier suspense dû à cette série a eu lieu en coulisses. Alors que nous attendions avec une certaine impatience l’arrivée de Joss Whedon (le créateur de Buffy contre les vampires) sur HBO, la chaîne et le scénariste-réalisateur ont annoncé la fin de leur collaboration dès le mois de novembre 2020, alors que plusieurs épisodes avaient déjà été tournés. Même si Whedon évoquait une “grande fatigue physique” comme raison principale à son départ, il a été vite établi qu’il n’avait en réalité pas eu le choix : accusé par plusieurs comédien·nes du blockbuster Justice League – dont il avait supervisé une nouvelle version prévue pour l’été 2021 – de harcèlement et de comportement dictatorial, Whedon était devenu infréquentable.
Ces révélations rendues publiques l’été dernier ont été suivies par d’autres qui ont bouleversé les sériephiles, à propos d’une ambiance de travail “toxique” (selon l’actrice Amber Benson) sur le plateau de Buffy contre les vampires, série culte parmi les séries cultes. Charisma Carpenter, Michelle Trachtenberg et même la star Sarah Michelle Gellar ont confirmé ces affirmations et pris clairement leurs distances avec Whedon. Au point qu’un monument sériel et féministe des années 2000 se trouve désormais entaché d’un voile de violence et d’abus.
https://www.youtube.com/watch?v=gs-ODufnJ8Y
Avec The Nevers, nous voilà donc devant un objet étrange de tous points de vue. Créée par Whedon, qui a réalisé et écrit seul le pilote puis dirigé le deuxième épisode avant de superviser l’écriture (il conserve le premier crédit de producteur), la série se poursuit maintenant sans lui. Six premiers épisodes sont mis à l’antenne ce printemps, avant quatre autres probablement en fin d’année, où le nom de Whedon pourrait apparaître seulement en tant que créateur. Et pour quel résultat ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que The Nevers touche à peu près toutes les thématiques du créateur, mais avec une certaine lourdeur. L’action se déroule dans l’Angleterre victorienne, où un groupe composé en majorité de femmes discriminées – car elles disposent de pouvoirs qui effraient la bonne société – tente de lutter contre les hommes qui les dirigent et haïssent la “peste féminine”. Une fois encore, la puissance émancipatrice des femmes se trouve au centre du travail de Whedon, mais avec un goût amer. Surtout, après quatre épisodes (ceux que nous avons pu voir), The Nevers se distingue par son mélange bavard de leçon d’histoire alternative et de science-fiction, sans qu’on y trouve vraiment des raisons de s’y attacher. Sauf peut-être un casting brillant, où l’on retrouve notamment Laura Donnelly, Olivia Williams et James Norton. OJ
Big Shot de David E. Kelley et Dean Lorey (sur Disney+ à partir du 16 avril)
La créativité de David E. Kelley, vétéran de la télévision américaine auquel on doit Ally McBeal, The Practice ou Big Little Lies, n’a semble-t-il pas souffert de l’épidémie de Covid : après The Undoing et Big Sky, Big Shot constitue sa troisième série en moins d’un an.
John Stamos, l’une des vedettes de la série culte La Fête à la maison, y incarne un entraîneur de basketball universitaire qui, après son licenciement, trouve un poste d’enseignant dans une école secondaire privée réservée aux filles. AB
Mare of Easttown de Brad Ingelsby (sur OCS le 19 avril)
Kate Winslet n’a pas vraiment pris le train des séries comme d’autres stars hollywoodiennes. Sa dernière incursion dans le genre datait de 2011, avec le remake intense de Mildred Pierce orchestré par Todd Haynes.
La voici de retour dans ce qui ressemble à un condensé de la “HBO touch” quand elle verse dans le récit criminel angoissant : un lieu provincial rempli de mystère et d’affects rentrés, une enquête sur un crime brutal, et un personnage cabossé par la vie. Le tout sous une lumière poisseuse d’automne éternel.
https://www.youtube.com/watch?v=miQqyfO66uw
De True Detective à Sharp Objects, ce schéma a été répété avec une efficacité redoutable. Ici, l’actrice de Titanic interprète Mare, une détective solitaire qui tente d’élucider un meurtre dans sa ville natale, où elle fut une star de l’équipe de basket il y a vingt-cinq ans.
Peu à peu, tout s’écroule autour d’elle, jusqu’à mettre en danger son équilibre intime. Dans les premières images, Winslet paraît saisissante. Sept épisodes sont prévus, tous réalisés par Craig Zobel, qui a signé l’inoubliable épisode “International Assassin” dans la deuxième et grandiose saison de The Leftovers. OJ
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Yellowstone de Taylor Sheridan et John Linson (sur Salto, à partir du 23 avril)
Diffusée aux Etats-Unis sur Paramount Network depuis 2018, Yellowstone remet sur le devant de la scène Kevin Costner (plutôt rare aujourd’hui) dans un rôle taillé sur mesure : celui d’un patriarche fatigué, propriétaire d’un ranch du Montana que convoitent avidement promoteurs immobiliers et politiciens malhonnêtes.
Grands espaces, expropriations musclées et crépuscules rougeoyants : tous les ingrédients du postwestern contemporain sont réunis, chargés d’un sous-texte social abrasif et d’une mélancolie vaporeuse. Cette première saison de Yellowstone est portée par un Costner rugueux mais (comme souvent) profondément humain. LM
The Handmaid’s Tale S4 de Bruce Miller (sur OCS le 29 avril)
En 2017, l’arrivée de cette adaptation du roman de Margaret Atwood a créé un choc mondial. Après la première impression, le soufflé est retombé. Mais au-delà de ses défauts – une certaine complaisance dans la mise en scène de la violence –, The Handmaid’s Tale reste un exemple marquant de série qui a su anticiper puis accompagner la vague féministe contemporaine. Cette quatrième saison montre June (Elisabeth Moss) en pleine montée révolutionnaire. Un peu d’espoir de libération dans un monde de brutes ? OJ
https://www.youtube.com/watch?v=rg_160Be71g
Urgences de Michael Crichton (sur Salto à partir du 30 avril)
Chaque dimanche soir, durant les années 1990 et 2000, France 2 diffusait plusieurs épisodes d’Urgences, en décalé de quelques mois avec les Etats-Unis. L’amour d’une série s’étirait alors dans le temps et habillait nos semaines d’une impatience désormais perdue.
Avec ce sommet de la fiction médicale, créé par Michael Crichton et produit par Spielberg, beaucoup de Francais·es ont découvert une manière contemporaine de triturer les codes du soap opera avec un souci simultané de réalisme social et de romanesque.
Urgences était grande parce qu’elle montrait l’Amérique diffractée, souffrante et capable de se sauver elle-même, mais aussi parce qu’elle inventait des personnages hors normes (Carter, Benton, Doug Ross, Weaver notamment), tramant de manière saisissante des destins courts – ceux des patien·tes – et d’autres qui semblaient infinis – ceux des soignant·es.
Au bout de chaque épisode, au moins dans les huit premières saisons (les meilleures), l’intensité d’Urgences nous laissait souvent exsangues. Pour la première fois en France depuis les DVD, l’intégrale de 331 épisodes est disponible sur Salto. Joie infinie. OJ
The Mosquito Coast de Neil Cross (sur Apple TV+ le 30 avril)
En 1986, Peter Weir mettait en scène Harrison Ford dans un film tiré du roman de Paul Theroux, The Mosquito Coast. Un quart de siècle plus tard, l’oncle de Justin “Leftovers” Theroux voit son œuvre adaptée en série, avec son neveu dans le rôle principal.
L’histoire d’une famille américaine qui fuit ses racines par idéalisme pour aller vivre en Amérique latine. Et constater que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Neil Cross (Luther) est le showrunner des sept épisodes, ce qui offre des gages solides, au-delà du casting complété par Melissa George. OJ
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A Teacher d’Hannah Fidell (sur Canal+, en avril)
Une prof de lycée (Kate Mara), insatisfaite dans sa vie conjugale, se rapproche dangereusement d’un de ses élèves. Va naître une histoire d’amour, forcément impossible, dont A Teacher ausculte la naissance, forcément passionnelle, autant que les retombées, forcément dramatiques.
Hannah Fidell adapte pour la télévision son propre film (sorti en 2013) pour en creuser les enjeux, et transformer un mélodrame somme toute classique en une mini-série qu’on espère aventureuse. LM
Validé S2 de Franck Gastambide (sur Canal+, en avril)
Dans la première saison de Validé, Franck Gastambide plongeait dans les coulisses houleuses du rap français aux côtés d’Hatik, jeune prodige dont on suivait l’irrésistible ascension sur le fil du précipice.
Ancrée cette fois dans un regard féminin, celui de Laeti, une rappeuse engluée dans des problèmes personnels, la deuxième saison fera un pas de côté vers Marseille, et accueillera toujours des guests, d’Amel Bent à Rohff. AB
The Girlfriend Experience S3 d’Anja Marquardt (sur Starz à partir du 2 mai)
Conçue comme une excroissance télévisuelle du long métrage le plus expérimental de Steven Soderbergh, l’anthologie The Girlfriend Experience sonde les remous troubles des relations sexuelles tarifées contemporaines en inventant des dispositifs narratifs et plastiques stimulants.
Pour cette troisième saison, le duo créatif constitué par Amy Seimetz et Lodge Kerrigan a cédé la place à Anja Marquardt, qui plonge dans le milieu des hautes technologies londonien auprès d’Iris (Julia Goldani Telles), une jeune neuroscientifique saisie par la confusion que ce genre de relation peut générer. AB
Pose S3 de Ryan Murphy, Brad Falchuk et Steven Canals (sur Canal+ à partir du 3 mai)
Située dans le milieu LGBT+ du New York des années 1980 et 1990, Pose est peut-être la plus belle série de la galaxie Murphy, en tout cas son étoile la plus brillante. Chargée par l’ivresse de la ball culture (bals costumés queer) et rongée par les difficultés sociales et les ravages de l’épidémie du sida, elle exalte la marge comme lieu d’invention de soi. Sa troisième saison constituera le dernier tour de piste de ses personnages aussi flamboyants qu’attachants. AB
Star Wars: The Bad Batch de Jennifer Corbett (sur Disney+ à partir du 4 mai)
A l’issue de la Guerre des clones, une troupe d’élite de soldats génétiquement modifiés sillonne une galaxie “lointaine, très lointaine” en pleine transformation. Dans la lignée de The Clone Wars, Rebels et Resistance, la série d’animation Star Wars: The Bad Batch explorera les recoins de l’univers créé par George Lucas et s’inscrira dans la logique d’interconnexion promue par les productions de l’ère Disney : on y croisera la Fennec Shand de The Mandalorian ou le cruel amiral Tarkin. AB
The Underground Railroad de Barry Jenkins (sur Prime Video le 14 mai)
Publié en 2016, le roman The Underground Railroad de Colson Whitehead opérait une matérialisation fictionnelle du réseau d’aide aux esclaves fugitif·ives qui s’était noué clandestinement dans l’Amérique esclavagiste de la fin du XIXe siècle. Barry Jenkins, cinéaste oscarisé pour Moonlight, est aux commandes de son adaptation en série.
Celle-ci suivra le périple désespéré de Cora Randall (Thuso Mbedu) et Caesar (Aaron Pierre), deux esclaves qui tentent de rejoindre les Etats libres et le Canada. AB
Loki de Michael Waldron et Kate Herron (sur Disney+ à partir du 11 juin)
A rebours de la triste homogénéité de ses productions ciné, les séries Marvel se suivent sans se ressembler. Après les hybridations narratives et formelles de WandaVision et le classicisme bourrin de Falcon et le Soldat de l’Hiver, Loki prendra des atours buissonniers.
Après s’être fait la malle avec le Tesseract dans Avengers: Endgame, le demi-dieu nordique incarné par Tom Hiddleston sillonnera le multivers pour influencer certains événements importants de l’histoire de l’humanité. AB
Rick et Morty S5 de Dan Harmon et Justin Roiland (sur Adult Swim à partir du 21 juin)
Après une quatrième saison en demi-teinte, frisant le surrégime, Rick et Morty rempile pour une cinquième, qui débarquera le 21 juin (pour une diffusion française en US+24). On espère que les aventures multidimensionnelles de Rick Sanchez, savant fou cynique et fantasque, et de son petit-fils Morty, dangereusement influençable, retrouvent ce qui faisait le sel des trois premières saisons : un alliage de comédie trash, de concepts science-fictionnels délirants et de réflexions métaphysiques parfois vertigineuses. Une bande-annonce fraîchement diffusée, sans surprise bien barrée, livre quelques indices. On a bon espoir. LM
Tokyo Vice de J. T. Rogers (sur OCS, prochainement)
Avec notamment Ken Watanabe, le pilote de cette adaptation d’un livre du journaliste Jake Adelstein sur ses années passées en tant que flic à Tokyo a été confié à Michael Mann, ce qui suffit largement à nous exciter.
Il s’agit du retour du réalisateur de Collateral et Miami Vice à la série, pour la première fois depuis 2012 et l’éphémère Luck. Las, le tournage a été stoppé après quelques jours seulement pour cause de pandémie.
La date de diffusion de cette plongée dans l’underground du crime tokyoïte n’a pas été précisée, mais une saison de dix épisodes a bien été commandée par HBO et pourrait débarquer n’importe quand. OJ
Atlanta S3 et S4 de Donald Glover (sur OCS, prochainement)
Dans un message plus qu’excitant, Donald Glover a révélé il y a quelque temps tourner à la suite les saisons 3 et 4 de sa grande série hip hop/atmosphérique, absente des écrans depuis trois ans. Une partie des épisodes est située en Europe : l’équipe de la série est annoncée à Londres en avril, puis à Amsterdam et enfin à Paris.
Diffusion probable dans la foulée. Après avoir terminé ce travail, Glover a une autre série en vue. Une adaptation de Mr. and Mrs. Smith où il jouera face à… Phoebe Waller-Bridge. La bombe de 2022. OJ
Shadowplay de Måns Mårlind (sur Canal+, prochainement)
Berlin année zéro : en 1946, un policier américain (Taylor Kitsch) débarque dans les décombres encore fumants de la capitale allemande afin d’aider à la création d’une force de police. Parallèlement, il part à la recherche de son frère, lancé dans une chasse aux anciens nazis.
Thriller historique en huit épisodes créé par le Suédois Måns Mårlind (The Bridge), Shadowplay, qui ne cache pas son ambition, plongera dans une période chaotique du XXe siècle où s’articulent les prémices de la Guerre froide. LM
Stranger Things S4 de Matt et Ross Duffer (sur Netflix, prochainement)
La série phare de Netflix, lancée en 2016, n’aura pas été épargnée par la pandémie de Covid-19. Initialement prévue pour fin 2020, la quatrième saison de Stranger Things (dont le tournage avait été interrompu) devrait néanmoins débarquer ce printemps, sans qu’aucune date ne soit pour l’heure fixée.
Si les fans et exégètes en herbe ne se sont pas fait attendre pour fomenter spéculations et théories, aucun synopsis n’a pour l’instant été dévoilé, même si un court teaser diffusé par Netflix livre quelques indices : on y voit le shérif Jim Hopper (laissé pour mort dans la saison 3) dans un camp de travail, certainement quelque part en Union soviétique.
Cette quatrième saison devrait donc nous faire voyager, et quitter (du moins en partie) la petite ville désormais familière de Hawkins, Indiana, cible privilégiée des insatiables créatures de l’Upside Down depuis maintenant trois saisons. LM
American Crime Story S3 : Impeachment de Ryan Murphy, Scott Alexander et Larry Karaszewski (sur Canal+, prochainement)
Après avoir scruté la fracture ethnique des Etats-Unis par le prisme de l’affaire O. J. Simpson, puis opéré une réflexion puissante sur l’homophobie à travers l’assassinat de Gianni Versace, la troisième saison de l’anthologie American Crime Story reviendra sur l’affaire Monica Lewinsky, dont la relation avec Bill Clinton avait conduit à une procédure de destitution à l’encontre de ce dernier. Maintes fois reporté en raison de l’épidémie de Covid, ce nouveau chapitre dressera le portrait croisé de trois femmes prises dans cette tourmente judiciaire. AB
Sex Education S3 de Laurie Nunn (sur Netflix, prochainement)
Annoncée pour l’été – voire un peu avant –, la belle série ado made in England entamera sa troisième saison, toujours sous la direction de sa créatrice Laurie Nunn. Au programme : la grossesse tardive du personnage de Gillian Anderson, mais aussi un défi de taille, celui de maintenir le même niveau dramatique alors que beaucoup de combinaisons amoureuses et sexuelles ont déjà été explorées. Au fond, on espère une sorte de reboot pour la série la plus inclusive de Netflix. OJ
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