Des destins se nouent dans l’Hollywood des 40’s ou le Paris jazz d’aujourd’hui, des cadavres viennent faire des vagues au Paradis et des communautés s’inventent pour bouleverser l’ordre établi : le mois de mai sera encore l’occasion de longues soirées canapé confinées passées à découvrir de nouvelles séries.
Hollywood, de Ryan Murphy et Ian Brennan
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En embrassant les trajectoires heurtées de personnages en quête de lumière dans l’Hollywood de l’immédiat après-guerre, le stakhanoviste Ryan Murphy et son complice de longue date Ian Brennan composent une lettre d’amour amère à l’âge d’or du cinéma, où les êtres de fiction côtoient des figures réelles. Plus tendre que de coutume, le regard des deux créateurs scrute les rouages d’une industrie cynique depuis le point de vue des minorités (personnes de couleurs, femmes, homosexuels) et trouble sa forme clinquante de vibrations intimes.
Le 1er mai sur Netflix.
Betty, de Lesley Arfin et Crystal Moselle
https://youtu.be/Mif1RfqyUPw
En repiquant les personnages de son long métrage Skate Kitchen sur la maille narrative plus distendue d’une minisérie en six épisodes, la réalisatrice Crystal Moselle, soutenue par la cocréatrice de Love, envisage le skatepark comme un corps collectif en perpétuelle recomposition d’affects et en fait le terrain d’invention, au quotidien, d’une sororité lumineuse. Si sa tendance à agiter les signaux du cool avec insistance et son obsession pour la belle image brident parfois l’affirmation d’un regard, l’énergie féministe de son casting adolescent, captée au raz du bitume et à fleur de peau, électrise l’écran.
À partir du 2 mai sur OCS City.
Rick et Morty saison 4 : Les Cinq Autres, de Justin Roiland et Dan Harmon
Trois saisons avaient suffi à Rick et Morty pour s’imposer comme un phénomène mondial, dont l’impact dépasse aujourd’hui largement les bordures de l’écran. En conjuguant leurs aventures interdimensionnelles à une radiographie corrosive de la middle class américaine, Justin Roiland et Dan Harmon ont lesté leur irrévérence fantasque d’un vertige existentiel : rongés par une solitude profonde, leurs personnages semblent s’agiter par peur du vide et cultiver le chaos pour se sentir exister.
Diffusés après une pause de deux ans, les cinq premiers épisodes de la saison 4 peinaient à renouer avec la dimension émotionnelle de leurs prédécesseurs et comprimaient leur inventivité sous une surcharge de péripéties épileptiques. Si son récent bonus en hommage aux films de samouraï laissait craindre que la série ne s’engage sur la pente glissante du pur exercice de style, le premier épisode très méta de la nouvelle livraison adopte un cap plus excitant en piégeant ses héros dans les rets de leurs propres fictions.
À partir du 3 mai sur Adult Swim.
Les Making-Of – Star Wars: The Mandalorian
Figure de proue de la plateforme Disney+ dont elle a accompagné le lancement avec panache, la série The Mandalorian a réconcilié avec Star Wars une partie des fans de la saga décontenancé·es par les propositions cinématographiques de J.J. Abrams et Rian Johnson. Une série making-of vient lever le voile sur les secrets de sa fabrication au long cours, entre techniques traditionnelles – costumes, maquettes et animatroniques – et innovations technologiques. Faute d’un budget suffisant pour bondir aux quatre coins du globe, la plupart des décors ont été incrustés dès le tournage sur un gigantesque écran led circulaire.
À partir du 4 mai sur Disney +.
L’Agent immobilier, d’Etgar Keret et Shira Geffen
Ayant pris l’habitude de squatter les appartements qu’il est censé vendre, Olivier Tronier (Mathieu Amalric, touchant de fatigue) hérite d’un immeuble décrépi dont l’unique locataire ne compte pas déménager. Conçu comme le pendant masculin de leur film Méduses, présenté à Cannes en 2007, L’Agent immobilier permet au duo israélien d’Etgar Keret et Shira Geffen d’accorder leur poétique kafkaïenne au mal de vivre d’un agent immobilier en crise existentielle, et de frotter son désœuvrement à des étincelles fantastiques.
Le 7 mai sur Arte, et jusqu’au 5 juin sur arte.tv.
The Eddy, de Damien Chazelle et Jack Thorne
On connaît, depuis Whiplash et La La Land, le goût de Damien Chazelle pour le jazz, qu’il a toujours abordé sous l’angle de la virtuosité et de la maîtrise. En tissant les fils de cette série chorale autour d’un club de jazz parisien en proie à des difficultés financières, il change son fusil d’épaule et opte pour un geste plus intuitif, raccord avec l’essence improvisée du style qu’il célèbre. Filmée en 16 mm dans les quartiers populaires du nord-est de la capitale, The Eddy accorde les syncopes de sa bande-son aux soubresauts intimes de ses personnages, constitue son band des deux côtés de l’Atlantique (on y croise André Holland, Tahar Rahim ou Leïla Bekhti) et partage le swing de sa mise en scène avec Houda Benyamina et Alan Poul.
Le 8 mai sur Netflix.
I Know This Much Is True, de Derek Cianfrance
Pour sa première incursion sur le petit écran, le réalisateur de The Place Beyond the Pines a choisi d’adapter le roman La Puissance des vaincus de Wally Lamb. Soit l’histoire houleuse de jumeaux, Dominick et Thomas Birdsey (tous deux interprétés par Mark Ruffalo), dépliée sur la seconde moitié du XXe siècle. En scrutant les corps fatigués et les cœurs meurtris de ses personnages, I Know This Much Is True s’avance comme un drame familial poignant sur lequel plane le spectre de la maladie mentale.
À partir du 11 mai sur OCS City.
White Lines, d’Álex Pina
Capable de faire tourbillonner les billets des deux côtés de l’écran, il est le cerveau d’un des casses sériels les plus impressionnants de ces dernières années. On ne parle pas du « Professeur », mais bien d’Alex Pina, le créateur de La Casa de papel, revisite énergique du récit de braquage dont les boursouflures ont fini par nous épuiser. Désormais sous le feu des projecteurs, ce taulier de la télévision espagnole revient avec une nouvelle série originale. Tournée à Ibiza, White Lines se noue autour de la résurgence conflictuelle d’une affaire de disparition vieille de vingt ans.
Le 15 mai sur Netflix.
The Great, de Tony McNamara
https://youtu.be/hJGedvRfHYg
Au royaume de Tony McNamara (scénariste acclamé de La Favorite), les têtes couronnées sont canailles, surtout lorsqu’elles sont interprétées par Nicholas Hoult et Elle Fanning. En plongeant dans la relation amoureuse tumultueuse qui a uni le tsar Peter de Holstein-Gottorp à Catherine II lorsque cette dernière n’avait que 16 ans, cette fresque mélodramatique prendra des libertés avec l’histoire pour lui offrir une relecture électrique et irrévérencieuse.
Le 15 mai sur Hulu, en juin sur Starzplay.
Snowpiercer, de Josh Friedman
En adaptant au cinéma la bande dessinée de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob, Bong Joon-ho était parvenu à doubler son épopée post-apocalyptique d’une réflexion sur la lutte des classes, qui trouvait dans son architecture en ligne claire un écrin éloquent. Fruit d’une gestation douloureuse, la série de Josh Friedman ajoutera de nouveaux wagons à son train métaphore, lui offrira des passagers de premier choix (Jennifer Connelly ou Sean Bean) et en fera grincer la carcasse métallique sous les velléités de révolte.
Le 17 mai sur Netflix.
Hightown, de Rebecca Perry Cutter
https://youtu.be/naIEfaBJTLk
Lorsqu’un cadavre échoue sur les berges de Cape Cod, Jackie Quinones, une agente du Service national des pêches maritimes, fait équipe avec Ray Abruzzo, un détective en quête de vengeance. Ancré dans un territoire chargé de culture et d’histoire (l’équipage du Mayflower y fonda la première colonie anglaise d’Amérique), Hightown fera des vagues au paradis en révélant l’envers d’une communauté rongée par le trafic d’héroïne.
Le 17 mai sur StarzPlay.
Homecoming saison 2, de Sam Esmail, Eli Horowitz et Micah Bloomberg
En auscultant les zones d’ombre d’un programme thérapeutique pour vétérans de guerre, le créateur de Mr. Robot avait offert à Julia Roberts un rôle à multiples facettes et un écrin sous influence hitchcocko-depalmienne. Basée sur le podcast à succès d’Eli Horowitz et Micah Bloomberg, Homecoming se réinvente sans sa star pour une deuxième saison centrée sur Jackie (Janelle Monáe), une jeune femme amnésique qui se réveille sur une barque à la dérive. Sa quête d’identité l’amènera à croiser d’anciens soldats passés entre les griffes de la Homecoming Initiative…
Le 22 mai sur Amazon Prime Video.
Space Force, de Steve Carell et Greg Daniels
Autre programme suspect du gouvernement américain, pour le coup bien réel : la Space Force, créée fin décembre par Donald Trump comme la sixième branche des forces armées du pays. En reprenant le ton d’office comedy qui a fait le succès de The Office, son créateur Greg Daniels et son interprète principal Steve Carell ont imaginé une sitcom à même de décaper à l’acide les rouages de ce projet mégalomane. On se réjouit d’avance à l’idée de voir une bande de bras cassés jongler avec de si grandes responsabilités.
Le 29 mai sur Netflix.
Central Park, de Loren Bouchard
Pour sa première série originale animée, Apple TV+ s’est offert les services de Loren Bouchard, le créateur de Bob’s Burger, qui en reprend le noyau familial. A grand renfort de combines louches et d’inventions lumineuses, les Thillerman vont tenter de sauver Central Park d’un projet immobilier piloté par une héritière sinistre et de préserver le poumon indiscipliné de leur ville du cancer capitaliste.
Le 29 mai sur Apple TV +.
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