Elle a tout raflé aux Golden Globes : la créatrice et actrice de « Girls » est la sensation américaine du moment.
Dimanche 13 janvier, les téléspectateurs américains ont eu droit à un raccourci saisissant de la personnalité spéciale de Lena Dunham, 26 ans, cinéaste, écrivaine, actrice et créatrice de Girls. En début de soirée, cette fille d’artistes new-yorkais partageait son émotion de remporter deux Golden Globes (meilleure actrice et meilleure série comique) et se laissait aller à un discours de remerciements plutôt bateau, quoique sincère, après avoir péniblement atteint la scène pour cause d’incapacité flagrante à marcher avec des talons hauts. S’adressant à « ceux qui pensent qu’il n’y a jamais de lieu d’expression pour eux », elle enjoignait de garder espoir, expliquant à quel point sa série lui avait offert un territoire de liberté salutaire et inespéré. Quelques minutes plus tard, il suffisait de zapper sur HBO à l’heure du premier épisode de la saison 2 de Girls pour découvrir son cul tout juste orné d’un string, des fesses à la Botero exhibées sans aucune pudeur ni ménagement dans la pénombre d’un appart banal, loin des effusions mainstream.
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Un peu énervante quand elle joue à la candide, passionnante quand elle navigue sur le fil de l’exhibition et de la crudité, Lena Dunham s’impose comme un phénomène, en passe d’accomplir la prophétie de l’une des premières scènes de sa série – elle assénait à ses parents qu’elle croyait être « la voix de sa génération » avant de rectifier par une boutade qu’elle espérait au moins être « une voix d’une génération ».
Aujourd’hui, quand on pense fille entre 20 et 30 ans, à New York et ailleurs, on pense Lena Dunham. En 2010, après le minibuzz autour de son film Tiny Furniture, Judd Apatow s’était fendu d’un mail à la jeune femme après avoir trouvé dans cet exercice de style indie un esprit proche de son travail. « C’était tout à fait mon genre, un truc personnel, intime, vulnérable et hilarant », a raconté le cinéaste dans une interview au Huffington Post. L’intéressée n’a pas tardé à répondre à cette déclaration. En quelques mois, Girls était vendue à HBO, avec Apatow comme producteur exécutif.
Moins d’un an après la diffusion des dix premiers épisodes de la série estampillée héritière de Sex and the City, les huit suivants sont déjà prêts. Dunham ne perd pas de temps. Sa virtuosité évidente (quelle meilleure dialoguiste aujourd’hui ?) dessine un monde de fragilité et d’obsessions autour de questions sentimentales et sexuelles. Sans se soumettre à la doxa de la surprise obligée (une mode en passe de devenir la plaie des séries contemporaines surscénarisées), elle travaille plutôt les atmosphères et les confrontations autour de ses quatre personnages de filles déphasées. Elle raconte des histoires simples, avec un don pour tout compliquer. C’est encore plus le cas dans un début de saison 2 bordélique, au rythme étrange et entêtant.
Lena tiendra-t-elle longtemps cette ligne agitée ? Dans le dernier numéro de Vanity Fair, la romancière Joyce Carol Oates clame son amour pour elle et lui prédit un succès durable. Accusée l’année dernière d’avoir commis une série de petits-bourgeois blancs autocentrés, la créatrice a ouvert cette saison 2 par une scène d’amour avec un personnage noir. Quand on lui parle, Lena Dunham répond. Parfois maladroitement, mais elle répond. Et cela ne fait que commencer. Avec 600 000 abonnés sur Twitter et un tout frais contrat d’édition à 3,7 millions de dollars, la it-girl qui détestait les it-girls a déjà changé d’échelle.
Girls saison 2 le lundi sur OCS à la demande
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