Quelques jours avant Halloween, Guillermo del Toro présente huit moyens métrages d’horreur pour les amateur·ices de frissons.
Un pilleur de tombes piégé dans une galerie infestée de rats carnassiers, une crème cosmétique censément miraculeuse aux effets délétères, un spiritualiste persuadé qu’il peut entrer en contact avec sa sœur défunte ou une autopsie qui vire au cauchemar hallucinatoire…
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Les huit histoires qui composent ce Cabinet de curiosités dressent un panorama luxuriant des thèmes inoxydables du cinéma d’épouvante d’hier et d’aujourd’hui. Comme embarqué·es dans un train-fantôme qui revisiterait le temps d’une balade lugubre tout l’attirail du cinéma d’horreur, on passe sans sommation de la maison hantée au film de body snatchers, de la séance de spiritisme aux mutations corporelles de la body horror, non sans un détour par des catacombes infestées de monstres fétides…
L’influence de H. P. Lovecraft
Et pourtant, il se dégage de ces huit moyens métrages (d’une durée d’environ 50 minutes chacun) une ligne directrice qui tient sûrement aux obsessions de leur grand ordonnancier. Piloté par Guillermo del Toro – qui signe le scénario de deux histoires et introduit chacune d’elle façon Alfred Hitchcock présente –, Le Cabinet de curiosités impose une forme d’horreur patrimoniale, moins aventureuse conceptuellement qu’attachée à revitaliser les thèmes ancestraux (et paradoxalement datés) de l’épouvante héritière des œuvres d’Edgar Allan Poe ou de H. P. Lovecraft.
Ce dernier, sommet indépassable de l’horreur pour Guillermo del Toro (l’adaptation des Montagnes hallucinées qu’il ambitionne de réaliser a fini par devenir son arlésienne) est largement convoqué dans la série. D’abord à travers deux histoires directement adaptées de nouvelles fameuses du romancier (Le Modèle et Cauchemars de passage), ensuite, et plus généralement, au gré des thématiques que brasse la série, réitération plus ou moins appliquée des grands sujets lovecraftiens : existence d’un monde secret empli de terreurs, proximité entre visions horrifiques et maladie mentale, péril civilisationnel et monstruosités tapis dans l’ombre de nos cauchemars…
Juste à temps pour Halloween
Si certaines histoires dévient plus que d’autres de cet itinéraire qu’on devine établi en amont, l’ensemble donne une impression de cohérence louable. Évidemment, comme toujours avec les anthologies, certaines histoires surnagent là où d’autres sont parfaitement oubliables. Ainsi, on retiendra particulièrement le segment de David Prior (réalisateur du surprenant The Empty Man en 2020), une séance d’autopsie transmutée en festival de body horror purulente, et celui de Jennifer Kent (réalisatrice du superbe Mister Babadook), méditation à la fois élégiaque et terrifiante sur le deuil.
Pour le reste, Le Cabinet de curiosités ne réservera que peu de surprises aux amateur·ices de diableries versé·es dans la mythologie lovecraftienne, mais accompagnera sans nul doute la nuit d’Halloween de spectateur·ices en quête de frissons familiers.
Le Cabinet de curiosités de Guillermo del Toro sur Netflix, premier épisode le 25 octobre.
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