Très attendue, la comédie horrifique de Ryan Murphy ne fait ni rire ni peur. Et à trop parodier la génération qu’elle vise, rate sa cible.
Un serial-killer sur le campus
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Pour sa nouvelle série produite par la Fox, le showrunner Ryan Murphy s’inspire de deux de ses succès, Glee et American Horror Story, en éclaboussant la génération Y d’hémoglobine. Le pitch : sur un campus américain, la sororité Kappa Kappa Tau et sa chef de file Chanel (Emma Roberts) font régner le culte de la superficialité et de l’humiliation permanente jusqu’à ce qu’un serial-killer s’en mêle et les tue une par une.
Avec son créateur star, son casting en or et sa grosse promo, Scream Queens est une des séries de la rentrée qui a le plus fait parler d’elle car annoncée pop, gavée aux réseaux sociaux et sanglante à souhait.
Trop de second degré tue le récit
Le monde de l’université et des sororités offre à Ryan Murphy l’occasion de retrouver sa typologie de personnages préférée : les teenagers ultrapestes. Si haïssables d’ailleurs, qu’il pourrait être jouissif de les voir se faire asperger d’acide ou décapiter par une tondeuse à gazon.
Hélas. L’escalade de politiquement incorrect et de blagues choc prime sur la clarté du récit. Trop de personnages, trop de meurtres, trop de couleurs pastel et, même, trop de second degré. Dès le premier épisode hystérique et poussif, on s’y perd. Et ce n’est pas l’humour noir poussé à son maximum qui nous aide à y voir plus clair ou à supporter l’insupportable.
Les gays, les Noirs, les handicapés, tous sont les cibles de plaisanteries médiocres, mais avec une irrévérence vide de sens et de contexte. Seule source de plaisir, la présence de Jamie Lee Curtis en doyenne d’université trash, même si son rôle s’avère n’être qu’un ersatz de celui de Jane Lynch dans Glee.
Scream Queens sacrifie le suspense
La structure narrative de la série emprunte beaucoup aux slashers : un tueur masqué, ici déguisé en diable, cherche à se venger en s’en prenant à des ados infectes qui héritent de crimes du passé et doivent payer pour leurs méfaits.
Pour asseoir cet hommage, les références aux films d’horreur cultes s’enchaînent (Scream, Halloween, Vendredi 13…), en vain. Scream Queens sacrifie le suspense, autant que le développement d’une empathie pour certains de ses personnages, au profit d’une autodérision méta, et complètement indigeste (on regarde des ados se moquer d’ados dans un hommage aux films pour ados).
Sous couvert d’une critique du monde décérébré des fraternités, c’est toute la génération qu’elle dépeint et à laquelle elle s’adresse, qui y passe : nombriliste, clonée, intolérante et toujours plus attirée par une popularité futile. Pas assez sympathique pour les amoureux de séries pour ado, pas assez sanglante pour les amateurs d’épouvante, Scream Queens n’est certes pas horrifique, mais bel et bien horrible.
En chiffres
2,39 En millions, le nombre de téléspectateurs qui ont regardé le cinquième épisode aux Etats-Unis. A la même heure, ils étaient plus de 12 millions sur CBS devant NCIS Nouvelle-Orléans.
18-49 Soit le cœur de cible des séries télé. La catégorie – la plus consommatrice et donc la plus rentable en termes de revenus publicitaires – est notée chaque semaine par la société Nielsen Media Research et détermine la durée de vie d’un programme.
6 Le nombre de morts lors de l’ouverture de Scream Queens, le 22 septembre. Une étudiante morte en couches, une tête passée dans la friteuse, une autre dans une tondeuse à gazon, une douche autobronzante à l’acide… A ce rythme, il n’y aura plus aucun personnage pour crier ou être reine.
10 Le rang de Scream Queens dans le classement des séries dont on parle le plus sur Twitter selon Nielsen. Loin derrière The Walking Dead, Grey’s Anatomy ou Vampire Diaries, pourtant pas de prime fraîcheur.
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