Malgré son ambition formelle et sa générosité narrative, La Révolution souligne grossièrement ses intentions, s’appuyant sur des ressorts rouillés.
En 1787, Joseph Guillotin enquête sur une série de meurtres et découvre l’existence d’un virus qui se propage dans les veines de la noblesse : le “Sang bleu”. Il croise la route d’Elise, une comtesse sensible aux revendications du peuple, et d’un groupe de rebelles surnommé “La Fraternité”.
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Créée par Aurélien Molas et Gaïa Guasti, La Révolution entreprend de relire une page complexe de notre histoire sous un angle fantastique et d’en précipiter les enjeux à l’échelle d’un groupe de personnages charismatiques. Portée par un casting essentiellement constitué de jeunes pousses et donnant la part belle aux personnages féminins, la série séduit par son ambition formelle, quand sa générosité narrative parvient à nous faire relativiser le sentiment de confusion qui plane sur l’intrigue.
https://www.youtube.com/watch?v=yuLcstMw48s
Tropes éculés
Quel dommage, dès lors, que l’ensemble repose sur des tropes éculés, que ce soit sur son versant réaliste (jeunes filles mutilées, aristocratie décadente…) ou dans ses envolées surnaturelles, qui recyclent mollement la figure du vampire.
Placée en exergue du premier épisode, une citation attribuée à Napoléon Bonaparte nous suggère que “l’Histoire est une suite de mensonges sur lesquels on se met d’accord”, comme une façon de justifier la licence fictionnelle de la série. Si tant est que l’épopée révolutionnaire ne constitue pas un matériau dramatique suffisant (il est permis d’en douter), sa réécriture en draine néanmoins les enjeux idéologiques et mémoriels. Qu’est-ce qu’on y raconte, comment et pourquoi ?
“Et pourquoi pas abolir nos privilèges tant qu’on y est ?”
Se dessine assez rapidement une volonté de tracer des correspondances entre la situation de la France prérévolutionnaire et le climat social contemporain : accroissement des inégalités, mépris des puissants envers les classes populaires, violences policières… Bien qu’ils soient pertinents, ces rapprochements sont effectués à traits épais et frisent parfois l’anachronisme, tel personnage déclarant : “1 % de la population détient 99 % des richesses, tu trouves ça normal ?”, ou tel autre s’esclaffant : “Et pourquoi pas abolir nos privilèges tant qu’on y est ?”
La noblesse dévore littéralement le peuple pour vivre éternellement
En soulignant leurs intentions par de telles répliques sursignifiantes et en métaphorisant grossièrement les germes de la révolte (la noblesse dévorant littéralement le peuple pour vivre éternellement), les créateur·trices de La Révolution en diluent la charge politique au profit d’un divertissement plus consensuel.
La Révolution sur Netflix
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