La saison 4 de la série british Catastrophe continue de scruter avec humour le quotidien amoureux d’un couple de quadras, ses doutes et ses névroses.
Dans le spectre des séries anglaises, les thrillers efficaces (et parfois grossiers) comme Bodyguard prennent beaucoup de place. Pour les spectatrices et spectateurs internationaux, ils s’imposent même comme une alternative puissante aux productions US, tout aussi addictifs et plus exotiques qu’elles. Mais comment dire que cette tendance nous assomme un peu ? L’Angleterre est capable de beaucoup plus depuis très longtemps, notamment dans le genre – quasi inexistant en France – des comédies étranges, qui façonnent des personnages faussement réalistes et proches de nous, alors qu’ils se révèlent immensément romanesques quand on gratte un peu.
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https://youtu.be/PZ8atMFHWdA
Rien que ces dernières années, Chewing-Gum et Fleabag ont revisité l’expérience féminine avec fracas et un talent supérieur. Catastrophe joue sur un autre terrain, en racontant l’histoire d’un couple de quadras. Lui est un Américain alcoolique (Rob) ; elle, une institutrice d’origine irlandaise aux névroses bien visibles (Sharon).
Au démarrage de la série, il y a de cela presque quatre ans, Sharon et Rob se rencontraient et passaient beaucoup de temps à coucher ensemble, avant d’emménager sous le même toit à Londres – mariage et enfants à suivre. Nous vivions tout cela sans distance ou presque, avec une forme de gêne permanente, cet humour à froid qui fait le sel de Catastrophe.
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— rob delaney (@robdelaney) February 11, 2019
Alors que la série aborde sa quatrième et probablement dernière saison, quelque chose prend encore plus de sens sur la durée. Puisque nous avons vécu (et vivons encore) en direct cette relation depuis ses prémices, nous en savons presque autant sur les personnages que Sharon et Rob en savent l’un sur l’autre. Même au bout de dix-huit épisodes – et huit supplémentaires cette année –, Sharon et Rob restent des amoureux qui ont déjà eu plusieurs vies avant de se connaître et s’étonnent des zones d’ombre dont ils apprennent peu à peu l’existence. Pour résumer : nous sommes toujours en train de nous accoutumer à eux, comme ils s’apprivoisent eux-mêmes.
De ce point de vue, Catastrophe propose une réflexion plus profonde qu’elle n’en a l’air, en mettant en évidence l’abîme naturel qui à la fois fissure et rapproche un couple marié, cette drôle d’expérience qui consiste à décider de vivre avec un étranger ou une étrangère. Bergman l’avait fait en majesté dans Scènes de la vie conjugale, Sharon Horgan et Rob Delaney travaillent le même motif avec une forme de modestie bienvenue.
Rob Delaney and Sharon Horgan
Les deux compères écrivent tout ensemble, et même s’ils ne forment pas un couple dans la vraie vie, ils partagent de manière fluide un appétit pour dénouer les angoisses de leur génération. Dans les premiers épisodes de cette nouvelle saison, il est question de la peur du terrorisme, de l’impossibilité de se défaire des addictions et de la perte du désir – la mère septuagénaire de Sharon, qui vient de rencontrer un homme, a plus de libido que sa fille.
Tout cela est à la fois drôle et inquiétant. On peut n’y voir que des banalités au premier abord, mais il faut insister. Dans Catastrophe, l’émotion naît justement de la banalité.
Catastrophe de et avec Sharon Horgan et Rob Delaney. Sur Channel 4 et Amazon Prime Video. Saisons 1 et 2 sur Canal+
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