Malgré une réalisation soignée et une grande fidélité à son modèle, la nouvelle version de « La Quatrième Dimension » peine à actualiser les motifs de la série culte.
Créée en 1959 par Rod Serling, The Twilight Zone, connue en France sous le nom de La Quatrième Dimension, a cartographié une région télévisuelle à la lisière du fantastique et de la science-fiction. En construisant chacun de ses épisodes autour d’un vacillement du réel, cette anthologie mettait en lumière les maux de la société américaine de l’époque. Au-delà de ses films et séries dérivé.e.s, sa sève inquiète a infusé de nombreuses créations contemporaines, Black Mirror en tête.
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https://www.youtube.com/watch?v=Z6Mnxgv50i4
Jordan Peele, incontournable
Si cette relecture d’un monument de la télévision est orchestrée par Marco Ramirez, c’est le nom de Jordan Peele, incontournable depuis le succès de Get Out, qui a été mis en avant lors de la promotion. En plus de ses rôles de producteur exécutif et de coscénariste, l’ancien rigolo de service de Key & Peele se glisse dans les habits du narrateur pour dispenser quelques clefs et une morale en ouverture et conclusion de chaque histoire. Visiblement à l’aise avec sa nouvelle stature de super-auteur (son nom est associé à quatre séries cette année), il impose son timbre de velours et sa présence décalée à l’écran tout en renvoyant l’ascenseur à l’œuvre qui l’a tant influencé (jusqu’à Us, son second long métrage inspiré de l’épisode L’Image dans le miroir).
Réalisation soignée mais scénario prévisible
Le premier mouvement de cette nouvelle version s’attache à Samir, comédien de stand-up dont l’humour engagé peine à captiver le public. Un Faust des temps modernes lui propose un marché : chaque fois qu’il évoquera sur scène une personne qu’il connaît, il déclenchera l’hilarité générale mais effacera son sujet de la surface de la Terre. Malgré une réalisation soignée et la mise en avant d’un acteur d’origine pakistanaise (geste évidemment politique de la part de Peele, qui a récemment déclaré ne pas imaginer confier le rôle principal d’un de ses films à un acteur blanc), le scénario prévisible enchaîne mécaniquement les sketches et les disparitions d’importances croissantes jusqu’à sa conclusion cynique.
Peu de résonances contemporaines pertinentes
Le deuxième opère quant à lui une variation autour d’une des histoires les plus célèbres de la série : sur le fauteuil de son vol transatlantique, un journaliste trouve un podcast détaillant la terrible tragédie qui va frapper l’appareil. Délicieusement paranoïaque, l’épisode souffre de nombreuses incohérences, et se conclut sur une allégorie politique grossière. Toujours aussi adroite pour manipuler le spectateur au gré de ses retournements scénaristiques, la série préserve le pessimisme teinté d’ironie de son aînée. Obnubilée par le respect du matériau d’origine, elle se déploie, hélas, dans des dimensions trop étroites pour trouver des résonances contemporaines pertinentes, et semble curieusement bloquée dans le passé.
The Twilight Zone de Marco Ramirez, Simon Kinberg et Jordan Peele, avec ce dernier, Adam Scott. Saison 1 sur CBS All Acces
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