La moitié du cinéma français s’éclate dans ce pastiche des émissions de dating pilotée par Jonathan Cohen. Nous, on rigole un peu moins.
Le concept des émissions de dating, popularisées par The Bachelor, a ceci de paradoxal qu’il tente d’encapsuler le sentiment amoureux, insaisissable par essence, dans la rigidité du format télévisuel, d’en saisir l’éclosion entre les axes croisés de caméras indiscrètes et d’en réchauffer les pousses à la chaleur de l’audimat. Dans les meilleures téléréalités, l’acceptation de ces artifices par le·la spectateur·trice permet au réel d’en imprégner les jointures, générant des émotions singulières.
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Adaptée de l’américaine Burning Love, La Flamme confirme l’irrésistible ascension de Jonathan Cohen dans le paysage de la comédie française et tente d’ébranler par l’absurde les fondations de ces programmes populaires. L’acteur y interprète Marc, pilote de ligne à l’ego aussi exacerbé que sa stupidité, invité pour les besoins d’une émission à partager une villa avec treize prétendantes. Scandée par une série d’épreuves, leur cohabitation se comprimera en éliminations successives jusqu’à ce que le bellâtre choisisse l’élue de son cœur.
Trop de surlignage pour faire le décalage
Loin d’entreprendre un grand détournement du format qu’elle entend parodier, La Flamme en respecte les codes à la lettre, depuis sa structure répétitive alternant le in et le off à son esthétique outrageusement kitsch et vulgaire. Sa charge comique se niche plutôt dans les numéros d’acteur·trices. qui en ponctuent le déroulé.
A ce titre, les échappées de Marc hors de la villa (auprès d’un psy sans scrupule interprété par Pierre Niney ou d’un coach sportif dépressif incarné par Ramzy Bedia) se révèlent plus réussies que la partition des actrices.
Cantonnées à des versions exacerbées de leur persona (Adèle Exarchopoulos est excessivement émotive, Géraldine Nakache déborde d’énergie…), leurs interactions électriques ont l’évidence du surlignage plus que le trouble du décalage.
Un simulacre de fête
Homme sans qualité traité comme s’il était irrésistible, le personnage de Marc vampirise l’attention à un point tel qu’on en vient à douter des intentions de son interprète : lettre d’amour décalée aux actrices ou ego trip clinquant ? Si une entreprise de déconstruction du mâle stéréotypé se dessine en pointillé, ses ressorts sont trop distendus pour dissiper complètement cette hésitation.
Mais ce qui nous déplaît le plus dans la série reste l’entre-soi qu’elle met en scène, probablement à son corps défendant et sous couvert de relier des figures populaires, de Gilles Lelouche à Florence Foresti, à une cinéphilie plus exigeante portée par Céline Sallette ou Vincent Macaigne.
Là où Dix pour cent faisait de sa distribution prestigieuse la matière première de sa narration, La Flamme la consume dans un simulacre de fête plus préoccupée par sa liste d’invité·es que par ses étincelles. De fait, la parodie se révèle moins sensible que l’originale : en filmant des acteur·trices qui singent de « vraies gens » qui se prennent pour des acteur·trices, elle en dissipe l’éclat réaliste qui pouvait l’illuminer.
La Flamme à partir du 12 octobre sur Canal+
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