Haletante et racée à ses débuts, la série d’apocalypse zombie adaptée des romans graphiques de Robert Kirkman, Tony Moore et Charlie Adlar a peu à peu perdu de sa superbe. Retour, en sept scènes mal goupillées, sur ce qui ressemble de plus en plus à un naufrage télévisuel. (Spoilers)
Cet article contient des révélations sur la série The Walking Dead.
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Dans quinze jours, les survivants à l’apocalypse zombie de la série phare d’AMC The Walking Dead reviendront sur les écrans après une longue pause hivernale. Cette seconde moitié de huitième saison devrait solder enfin l’arc Negan, et constituer le chapitre final de la guerre menée par les communautés d’Alexandria, du Royaume et de la Colline contre les sinistres Sauveurs. Carl, l’un des personnages emblématiques du show, pourrait également y laisser sa peau.
Si la série nous a happés à ses débuts en déployant, au fil d’un récit nerveux et d’une mise en scène inventive, une catastrophe horrifique à forts échos métaphoriques, ses dernières saisons se sont révélées de plus en plus décevantes. On pourrait situer le point de bascule qualitatif au milieu de la saison 4 et à la mort du Gouverneur à l’issue de la spectaculaire seconde bataille de la prison. Depuis cette épiphanie sanglante, le rythme est erratique, la mise en scène poussive et les choix scénarisiques souvent problématiques. Le public ne s’y est pas trompé, et les audiences d’un show qui flirtait autrefois avec les 18 millions de téléspectateurs sont passées au dessous des 10. Retour sur un déclin progressif en sept scènes symptomatiques.
La crise d’ado de Carl (S4E9 : Après)
https://youtu.be/KCLDwCNGKk0
La prison dans laquelle vivaient les survivants ayant été envahie par les rôdeurs, ses habitants ont été dispersés aux quatre vents. Pas encore saisi par l’appel du Terminus, un Rick très affaibli tente de trouver refuge avec son fils Carl dans des maisons abandonnées. Hélas, les hormones n’ont que faire de la fin du monde, et le jeune homme se mue en insupportable morveux. Tentative de donner de l’épaisseur à un personnage jusqu’ici assez schématique, cette prise d’indépendance tombe comme un cheveu sur la soupe horrifique, et est desservie tant par des dialogues aberrants que par l’interprétation très approximative de Chandler Riggs.
Le barbecue humain (S5E3 : Quatre murs et un toit)
Fidèle dans un premier temps aux romans graphiques dont elle est adaptée, la série a peu à peu pris des libertés avec son matériau d’origine, parfois pour le meilleur (Daryl Dixon ou l’épisode du CDC), parfois pour le pire. L’arc narratif des cannibales, saisissant révélateur des instincts primaires d’une humanité de retour à l’état sauvage, est évacué en trois épisodes et réduit à quelques scènes chocs vaguement racoleuses.
La douche érotique (S6E15 : Est)
Si The Walking Dead a poussé les curseurs de la violence et de la cruauté à des niveaux rarement atteints dans une œuvre télévisuelle, ses créateurs, puritanisme américain oblige, se montrent beaucoup plus timorés lorsqu’il s’agit du sexe. La chair jouissante et bien vivante est-elle plus dérangeante que la bidasse sanglante ? Ne pouvant faire l’impasse sur les relations amoureuses et charnelles de leurs personnages, les différents réalisateurs ont eu recours à bien des subterfuges pudiques, dont le plus ridicule reste celui de la douche câline, cadrée avec une pudeur de nonne.
Introducing Negan (et Lucille) (S7E1 : Le Jour viendra où tu ne le seras plus)
La scène d’exécution de Glenn et Abraham par le grand méchant Negan, captée avec une écœurante frontalité, est tout aussi fascinante que problématique. Si elle saisit par la façon dont elle fait écho à l’imagerie contemporaine de la violence, exécutions terroristes en tête, elle ne dissimule pas ses ambitions racoleuses, et marque pour beaucoup de spectateurs le pas de trop dans la cruauté. Reste qu’elle aura réussi à marquer un véritable tournant dans la série.
La chasse à la biche (S7E12 : Dis okay)
La septième saison de la série, indubitablement la plus faible, aura fait le bonheur des internautes tatillons prompt à moquer la laideur de ses effets spéciaux. Conséquences d’un budget par épisode revu à la baisse et d’un laisser-aller général en terme de réalisation (coucou Greg Nicotero), les péripéties de Rick, brisé par Negan, s’entachent d’odieuses incrustations (la fameuse vue sur la décharge) et de CGI en carton, dont une biche déjà culte.
La révolte d’Alexandria (S7E16 : Le Premier Jour du reste de ta vie)
https://youtu.be/yTO2j5ZEul0
Après seize épisodes d’humiliations marqués par un acharnement sans limite envers les personnages, le pénible chemin de croix de la communauté d’Alexandria prend fin dans les derniers instants de la saison 7. Menacés par les hommes de Negan, Rick et les siens sont sauvés in extremis par les troupes de la Colline et du Royaume. La grande alliance contre les Sauveurs est enfin effective, et la guerre pour la liberté peut commencer. Hélas, cette première bataille, emballée à la va-vite et soutenue par un thème musical improbable, manque cruellement d’ampleur, et le feu d’artifice attendu se résout en un pétard mouillé.
Le discours de Rick (S8E1 : Miséricorde)
https://youtu.be/YypRhE2Wl-k
La huitième et dernière saison en date de The Walking Dead s’est ouverte sur un discours de Rick à ses troupes. Si l’exercice semble incontournable pour toute œuvre guerrière qui se respecte (les harangues du Seigneur des anneaux sont gravées dans la mémoire collective), la série en a fait un tel leitmotiv qu’il en perd toute se force. Filmé avec une emphase déconcertante et truffée de formules calibrées pour devenir cultes, celui-ci pourrait même déclencher des bâillements d’ennui.
The Walking Dead saison 8 : reprise le 25 février sur AMC.
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