Avec cette deuxième saison ouvragée mais trop prudente, « Star trek : Discovery » peine à trouver un équilibre pertinent entre tradition et modernité.
Depuis sa création il y a plus d’un demi-siècle et au fil de ses itérations télévisuelles et sur grand écran, la franchise de science-fiction humaniste créée par Gene Roddenberry est régulièrement soumise au même défi : trouver un équilibre entre tradition et modernité pour préserver son ADN d’origine tout en le faisant entrer en résonnance avec des enjeux esthétiques et politiques contemporains.
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Pilotée par Alex Kurtzman et Bryan Fuller, la première saison de Star Trek : Discovery avait laissé une impression de renouvellement en demi-teinte. Dopé par des moyens de production conséquents, le résultat visuel était convaincant mais n’atteignait jamais la fougue lumineuse et l’ivresse cinétique des films de J. J. Abrams et Justin Lin.
Portée par des personnages résolument modernes (au premier rang desquels le lieutenant commandeur Michael Burnham, une jeune femme noire), l’intrigue s’affaissait sous le poids de dialogues poussifs et de situations éculées. Travaillé par la question pertinente du rapport à l’autorité, l’arc narratif principal embrassait maladroitement les enjeux d’un monde post-attentats aux repères brouillés.
Ménager la chèvre et le chou
Après avoir démasqué son traître de capitaine et mis fin à la guerre entre la Fédération des planètes unies et l’empire Klingon, l’équipage du Discovery, alerté par un signal de détresse, s’était retrouvé face à l’USS Enterprise, le plus célèbre vaisseau de la franchise alors commandé par le capitaine Christopher Pike. Dans les nouveaux épisodes, les deux équipages s’allient pour enquêter sur une série de phénomènes mystérieux apparus simultanément aux quatre coins de la galaxie, et croisent la route d’un certain Monsieur Spock.
Le problème de Discovery, encore plus saillant dans cette deuxième saison, est qu’elle tente de jouer sur tous les tableaux. Il faut à la fois satisfaire les fans de l’univers en le truffant de signaux de reconnaissance et l’ouvrir aux nouveaux venus en en rabotant les arêtes trop techniques, respecter l’essence humaniste de la série tout en la délestant d’un manichéisme daté, greffer sur une structure épisodique classique une ligne feuilletonnante plus en accord avec les conventions télévisuelles contemporaines. Incapable de se fixer un cap clair, la croisière spatiale risque de s’enliser en eaux tièdes.
Star Trek : Discovery de Bryan Fuller et Alex Kurtzman, avec Sonequa Martin-Green, Doug Jones, Shazad Latif. Saison 2 actuellement sur Netflix
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