Dans “Stranger Things”, les références sont infinies : la série finit même par se référencer elle-même, reprenant les lignes originelles de son intrigue pour développer la saison 4. Dans celle-ci, plusieurs pistes et influences ou citations sont notables. Trois d’entre elles semblent notables, pour les amateur·trices de pop culture, versant nerd.
1. Kate Bush, Running Up That Hill
La première est évidemment la présence récurrente du tube de Kate Bush, Running Up That Hill, qui sert de gimmick narratif par sa pulsion propre, donnant à la série une dynamique neuve, perdue dans les saisons précédentes. Il sert aussi d’objet proustien, de fétiche mémoriel permettant de dénouer des situations. À la façon d’une madeleine de Proust, le morceau permet de ramener un personnage d’une réalité à l’autre, en lui évoquant les souvenirs auxquels elle tient. Comme si la réminiscence était le seul moyen d’échapper au funeste.
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2. Le Hellfire Club
Plus obscure mais tout aussi importante et centrale, la référence au Hellfire Club met la série dans la cour des fans des comics des années 1980 : elle reprend en effet le nom d’un groupe de personnages qui affrontent le groupe de super-héros X-Men, à l’époque de leur âge d’or, lorsque la série était écrite par Chris Claremont et dessinée par John Byrne. Le Hellfire Club original mettait en lien des personnages représentant chacun un rôle très défini, à la façon d’un jeu d’échec. Dans Stranger Things, le club devient une réunion d’amateur·trices de Donjons & Dragons, le jeu de rôle qui faisait fureur dans les années 1980. La référence implicite aux X-Men situe bien la série désormais dans un continuum d’œuvres américaines évoquant l’adolescence et ses désirs contrariés, ses soubresauts émotionnels et ses changements drastiques. En cela, la continuité inclut aussi un roman graphique comme le Black Hole de Charles Burns, autre variation sur le thème de l’adolescence mutante.
3. The Keep
Enfin, la créature monstrueuse qui apparaît comme le méchant central des premiers épisodes de Stranger Things 4 évoque par son apparence la créature d’un film maudit de Michael Mann, The Keep. Dans ce film, un monstre réside dans une forteresse, et la présence de soldats nazis le réveille. Le lien avec le lieu, au-delà de la figure même, dresse aussi Stranger Things comme une tentative de cartographie des architectures gothiques de l’Amérique – celles dont on dit qu’elles abritent fantômes et esprits. En cela, par ces références, Stranger Things 4, opère un balancier entre des références pop et une géographie mentale du présent, qui ne cesse, en additionnant les fétiches du passé, de dresser des tentatives d’archéologie du présent. Ceci n’est pas une série ou un récit, mais une carotte géologique dans l’abîme de nos mémoires collectives.
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