Dans cette série où jouent les confirmés Louise Bourgoin, Anne Consigny et Eric Caravaca, le duo attrape la lumière.
Si une série vit et meurt par la qualité de son écriture, la prouesse du casting la fait souvent tenir debout sur le long terme. Une question de désir fondamentale à laquelle Hippocrate répond de la meilleure manière : par la surprise. Autour de l’héroïne hantée par une puissante faille intime qu’incarne remarquablement Louise Bourgoin et de l’énergique Zacharie Chasseriaud dans le rôle d’un petit nouveau trop sûr de lui bientôt voué à l’introspection, un duo inattendu fait merveille dans cette série chorale – où l’on croise également Anne Consigny et Eric Caravaca.
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Karim Leklou se glisse dans la peau d’un médecin légiste franco-albanais forcé par les circonstances de se confronter à la “vraie” médecine, avec la même facilité qu’il jouait il y a quelques mois une sorte d’anti-caïd martyrisé par sa mère (Isabelle Adjani) dans Le Monde est à toi de Romain Gavras.
“J’aime bien qu’Arben possède tous les codes de la société française et à la fois vienne d’ailleurs, dans tous les sens du terme, explique l’intéressé. Alors qu’il s’occupe d’habitude de cadavres, faire de la médecine sur des vivants, c’est très fort pour lui. C’est un mec qui redécouvre sa passion. Elle le dévore et l’emmène très loin.”
Alice Belaïdi déploie dans « Hippocrate » une réelle épaisseur humaine
Agile et émouvant, Leklou confirme à 36 ans que séries et cinéma devront compter avec lui. Alors qu’il voyait des films avec son père pendant ses années d’adolescence, le jeune homme a ensuite enchaîné les petits boulots et mis un certain temps à s’autoriser à franchir le pas en tant que comédien, avant d’être révélé par Un prophète de Jacques Audiard en 2009. Son intérêt pour la série tient d’abord à son spectre politique : “J’aime bien quand on envisage une société à travers un scénario.”
A priori, Alice Belaïdi n’avait rien en commun avec Alyson, l’interne stressée et minutieuse qu’elle incarne. Connue pour sa souplesse comique (WorkinGirls, Sophie et Sophie, Radiostars), la néo-trentenaire déploie pourtant dans Hippocrate une épaisseur humaine que met en avant un jeu épuré.
“J’ai touché des trucs un peu nouveaux avec cette série, confirme-t-elle. Thomas Lilti m’a fait confiance à un endroit ou peu de réalisateurs l’auraient fait, pour jouer une introvertie, fragile et sensible. En général, on me propose des rôles de filles à caractère. Mais ce n’est pas un contre-emploi : Thomas a su reconnaître quelque chose qui était présent.”
« J’ai ressenti un déclic, plusieurs déclics même, j’ai compris plein de trucs du métier »
Depuis le tournage, qui a duré six mois, l’actrice parvient à s’imaginer autrement. “C’est ma meilleure expérience sur un plateau, et je ne dis pas cela pour flatter qui que ce soit. Quand tu as des semaines et des semaines pour traiter un personnage, quand tu recherches le réalisme comme ici, quelque chose se produit à l’intérieur de toi. »
« J’ai ressenti un déclic, plusieurs déclics même, j’ai compris plein de trucs du métier, j’ai appris la patience qui me manquait. On a été rattrapés par la vraie vie et la mort, on a assisté à un accouchement sur le parking de l’hôpital… Depuis, j’ai moins de mal à me regarder sur un écran. Thomas nous a demandé de ne pas nous juger, et je dois dire que ça a marché ! Je commence à toucher du doigt ce que j’avais envie de faire.”
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