Armée d’un humour noir à toute épreuve, la série animée culte Rick et Morty déboule sur Netflix pour une nouvelle saison toujours aussi déjantée et nihiliste.
La série d’animation américaine n’avait pas connu de tel phénomène depuis Bob l’éponge. Apparue fin 2013, Rick et Morty a pour origine un court métrage inspiré de Retour vers le futur (1985) et intitulé Doc and Mharti. Créé par Justin Roiland, futur cocréateur du show et voix de ses deux personnages principaux, ce petit cartoon de moins de cinq minutes plante le décor de Rick et Morty. On y perçoit déjà son graphisme expressif, son absurdité surnaturelle et sa jouissive immoralité.
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Associé à Dan Harmon (créateur de la série Community), Justin Roiland déforme légèrement ce premier jet et écrit, produit et prête sa voix à la première saison de la série. Impossibles à résumer, les aventures spatiotemporelles et interdimensionnelles de Rick Sanchez, un savant cynique, alcoolique, mégalomaniaque et anarchiste, et de Morty Smith, son petit-fils peureux, gentil, influençable et naïf, sont alors diffusées en seconde partie de soirée sur Adult Swim, une chaîne spécialisée dans les cartoons underground.
Des émeutes dans les fast-foods
D’abord assez confidentielle, la série va petit à petit faire l’objet d’un véritable culte pour les 15-30 ans. A tel point qu’on ne compte plus les produits dérivés et que McDonald’s a ressorti en édition limitée sa fameuse sauce Szechuan en hommage au premier épisode de la troisième saison, provoquant des émeutes dans certains fast-foods. Si la diffusion de la troisième saison s’est achevée outre-Atlantique il y a un mois, elle est disponible depuis le 5 novembre sur Netflix en France.
Rick et Morty est avant tout une fiction armée d’un humour noir ravageur et d’une inventivité à couper le souffle. Chacun des épisodes de 22 minutes semble contenir un voire deux scénarios de long métrage de science-fiction. Doté d’une subversion comparable à celle de South Park, de la créativité visuelle d’Adventure Time et de la richesse visionnaire de Futurama, Rick et Morty reprend également les thématiques familiales développées dans Les Simpson.
Désordre contemporain
Objet pop par excellence, Rick et Morty est fondu dans le désordre contemporain auquel il ne cesse de faire référence. On y croise Obama, Mad Max: Fury Road, les Avengers, M. Night Shaym-Aliens (sic), Michael Jackson transformé en téléphone dans le clip de Thriller, Inception, Cronenberg, Garfield ou même Steve Jobs.
Mais au-delà de ces références, la série affirme une profonde singularité de ton et finit par elle-même faire système en s’autoréférançant et en inventant ses propres néologismes. Absurde jusqu’à en être surréaliste, elle bouscule le réel et le met en doute. Peu de séries se sont aventurées aussi loin dans le nihilisme. Si plus rien n’a d’importance et si la vie n’a aucun sens, que reste-t-il ? Le pur plaisir de la fiction et de l’appropriation du monde par l’imaginaire, semble nous dire Rick et Morty.
Rick et Morty, saison 3 sur Netflix
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