En s’inscrivant dans la continuité directe de la précédente, la septième saison de Homeland se débat avec un ennemi intérieur insaisissable.
Adaptation de la série d’espionnage israélienne Hatufim, Homeland avait dès ses débuts confronté l’Amérique post-11 Septembre à ses failles les plus profondes. Après avoir soldé l’arc narratif consacré au sergent Brody, puis sondé en deux escapades internationales les nouveaux enjeux de la lutte antiterroriste, ses showrunners avaient opéré en sixième saison une réinvention à domicile.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ce retour en terre américaine s’installait dans le sillage d’Elizabeth Keane, présidente élue en proie à de sombres machinations. Si l’accession au pouvoir de Donald Trump conférait au régime de cette démocrate convaincue le parfum d’une réalité alternative, l’intrigue tricotée de fake news et de défiance envers les services secrets résonnait habilement avec le réel. En se concluant sur une tentative d’assassinat contre Keane et par le début de sa purge vengeresse contre les services secrets, la saison s’avançait comme un chapitre intermédiaire en attente de résolution.
Routine et paranoïa
La septième et pénultième volée d’épisodes s’inscrit dans la continuité directe de la précédente. Carrie Mathison vit chez sa sœur avec sa fille Franny. Ecœurée par la trahison de la présidente qu’elle conseillait autrefois, elle œuvre secrètement à sa chute. Elizabeth Keane, désormais installée dans le Bureau ovale, sombre dans la paranoïa. Obnubilée par sa soif de vengeance, elle s’acharne contre ses ennemis politiques, quitte à bafouer les principes élémentaires de la démocratie. Elle propose à Saul Berenson, toujours incarcéré, un poste de conseiller à la sécurité nationale.
A rebours des séries-concepts à démarrage pétaradant, Homeland embraye en sourdine, fidèle à une tradition d’introduction à infusion lente. Les premières touches du tableau saisonnier sont toujours les mêmes : Carrie tente de reprendre sa vie en main, Saul navigue dans des jeux d’espions tortueux, et des forces obscures commencent à déployer leurs tentacules. Cette routine peu à peu contaminée par la paranoïa est à la fois une force et une faiblesse pour la série : si elle installe une dialectique intrigante entre impression de familiarité et faux-semblants, elle révèle également les tics d’un programme vieillissant.
Une croisade irréaliste
Son âge avancé et sa trajectoire désormais loin de la hype n’empêchent cependant pas Homeland de briller sur ses deux axes fondamentaux : la digestion fictionnelle des angoisses géopolitiques contemporaines, et l’élaboration au long cours d’un portrait de femme. La dérive de la présidence Keane évoque évidemment le fonctionnement de l’administration Trump, quand ses purges à grande échelle renvoient à l’autoritarisme d’un Erdogan.
Carrie, quant à elle, mène en électron libre une croisade irréaliste. Toujours passionnante quand elle fait usage de ses sens aiguisés pour décoder les signes du réel, sa motivation semble se confondre avec une pure dépendance à l’action. En cédant à l’espionnage comme à une drogue, finira-t-elle par mener le mauvais combat ?
Homeland Saison 7 sur Canal+ Séries
{"type":"Banniere-Basse"}