Deux flics, une femme et un homme, découvrent que l’humanité n’en a plus que pour cinq ans. Thriller stylisé, la série anglaise Hard Sun est pétrie de pop culture.
Puisqu’elles envahissent les écrans à un rythme jamais démenti, les séries sont entrées dans l’ère de la démonstration de puissance budgétaire, visuelle, conceptuelle. Une façon de marquer leur territoire. La plupart des concernées sont américaines, d’American Gods à Legion, pour ne citer que les plus récentes. Chacune dans leur genre, ces créations ultra ambitieuses gonflent les muscles en proposant des expériences immersives, des personnages aux cerveaux qui dérapent et une vision du monde globalement pessimiste.
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Malgré la domination US, les Anglais ne sont pas en reste. Comme souvent. Ils ont même d’une certaine manière lancé la mode (il y a déjà cinq ans) avec Utopia et son univers post-comics fait de giclées de sang, de distance pop et de terreur. Hard Sun arrive à point nommé pour prendre le relais, même si, prévenons d’emblée, elle n’a pas la même capacité à créer une déflagration.
Univers policier et malheur profond
Son créateur, Neil Cross, a fait flipper et fantasmer à la fois le monde entier grâce à Luther, où l’incroyable Idris Elba joue un flic presque aussi cassé que les tueurs en série qu’il poursuit. Alors qu’une cinquième saison entre en tournage cet hiver trois ans après la précédente, son dernier bébé, Hard Sun, vient confirmer le goût de l’auteur pour le malaxage d’un univers policier classique avec des touches de malheur profond, voire carrément glauque.
Cette fois, Cross associe un homme et une femme, pas le geste le plus innovant qui soit, même si le duo de flics que propose la série (Agyness Deyn, convaincante, et Jim Sturgess, un peu plus falot) n’hésite pas à en venir aux mains assez vite.
Plus généralement, Hard Sun résonne sans cesse de brutalité, y compris une intimidante scène d’ouverture où les rapports de la victime à l’agresseur surprennent. Cross aime mettre les familles en danger, chercher les grands méchants loups dans le corps social et jouer avec la peur de la perte. Le réalisateur Brian Kirk, qui avait réalisé les deux premiers épisodes de Luther il y a quelques années, lui emboîte le pas en apportant une touche d’ultrastylisation.
Le génie pop des Anglais
Au-delà de ses variations sur le genre policier, c’est aussi au thriller apocalyptique que se frotte Hard Sun, et c’est ce qui intéresse le plus sur la durée. Les deux flics découvrent que le gouvernement tente de cacher au public une analyse effroyable selon laquelle l’humanité n’aurait plus que cinq ans devant elle. Pour éviter la panique, l’info est gardée secrète. Mais d’autres enjeux se dessinent où les hackers et le MI5 ont toute leur place. Les coups pleuvent, de nouveau.
Sans être géniale, la série sait jouer avec les genres et les invraisemblances, passant du conte pour grands enfants au récit d’action pur et dur. Surtout, on doit reconnaître à son créateur (et aux Anglais en général) un génie pop affûté : Hard Sun a en effet été inspirée par la chanson de David Bowie Five Years, tirée de l’album Ziggy Stardust (1972), dont les paroles forment peu ou prou le pitch de la série. Il est difficile dans ces conditions de ne pas être au minimum intrigué.
Hard Sun A partir du 19 février, 21 h, Canal+
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