Située au début des 80’s, « Halt and Catch Fire » relate les tout débuts de la course à l’ordinateur personnel. Captivant.
Le pedigree de Halt and Catch Fire faisait vibrer a priori : la chaîne responsable de son existence, AMC, n’est autre que la fière maman de Mad Men et Breaking Bad. Un gage d’ambition à vérifier tout de même sur pièces. Les premiers épisodes de la création de deux inconnus prénommés Chris, Cantwell et Rogers (dont Canal+ Séries entame la diffusion dans sa case « A l’heure US »), confortent nos bonnes dispositions.
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Le titre fait référence à un code légendaire (diminutif : HCF) censé avoir été développé chez IBM et capable d’entraîner un ordinateur vers l’autodestruction – « catch fire » signifie bien sûr « prendre feu ». Pardon aux spécialistes de l’informatique pour cette définition succincte car l’essentiel, bien sûr, se trouve ailleurs. L’idée de l’embrasement s’avère essentiellement métaphorique : elle concerne d’abord la capacité des personnages à douter, grogner, suer, voire exploser en plein vol. De ce point de vue, Halt and Catch Fire possède tous les atours d’une série du câble moderne : elle est ambiguë, bizarre, haletante, un peu tordue. Ses héros arborent des cicatrices plus ou moins cachées et nous demandent de beaucoup leur pardonner.
L’action se passe au début des années 80, ce qui esquisse une microtendance – The Americans traîne déjà depuis l’année dernière sa noirceur dans le Washington des années Reagan, sur fond de guerre froide mélancolique et d’espionnage. Ici, les références à la politique et aux relations internationales sont ténues. Mais nous sommes aussi face à une poignée de personnages influant en secret sur le monde qui les entoure et prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Nos nouveaux amis ? Trois geeks aux capacités complémentaires (pour résumer : Joe le businessman, Gordon le pur nerd, Cameron la jeune rebelle surdouée), qui travaillent ensemble après une série de déconvenues et veulent imaginer le prochain ordinateur personnel, deux fois plus rapide et deux fois moins cher…
Il est question d’IBM et d’Apple, des balbutiements d’internet. Mais le plus important reste le décryptage de l’esprit pionnier qui régnait dans l’informatique. « Nous sommes tous des gens déraisonnables », clame l’un d’eux. A voir. Les personnages centraux de Halt and Catch Fire sont-ils des visionnaires ou de simples suppôts du flux capitaliste dominant ? Des artistes ou des vendus ? Une question similaire se pose déjà dans la comédie Silicon Valley, mise à l’antenne récemment par HBO. Elle devrait occasionner ici une réponse qu’on espère toujours fine durant les dix épisodes de la première saison.
La série fait aussi envie pour son élégance, son sens des scènes brutales et des retournements travaillés qui ne paraissent jamais forcés. On n’oubliera pas, enfin, l’extraordinaire impression laissée par la jeune Mackenzie Davis, qui interprète l’ex-étudiante Cameron. Pleine de fureur et de grâce, elle promène ses cheveux courts décolorés et ses T-shirts post-punk avec un naturel génial, et promet un personnage libre et perturbé comme on les aime. D’avance, merci à Halt and Catch Fire de ne pas s’autodétruire.
Halt and Catch Fire saison 1 à partir du 3 juin, 21 h 30, Canal+ Séries
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