Après une troisième saison savoureusement chaotique, la quatrième saison de « Girls » opère un retour à ce qui avait fait son succès à ses débuts : l’autodérision, l’humour et des relations intenses entre les protagonistes.
Lena Dunham n’a pas passé une très bonne année. Le 9 septembre dernier est sorti son livre autobiographique, Not that kind of girl, pas vraiment encensé par la critique. Si certains l’ont trouvé simplement superficiel, d’autres ont violemment attaqué son auteure en utilisant certaines anecdotes. Dunham a ainsi été accusée, tour à tour, d’avoir agressé sexuellement sa soeur puis d’avoir inventé le viol dont elle a été victime.
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C’est donc dans un contexte difficile pour sa créatrice que la saison 4 de Girls a débuté. L’accent y est mis sur le départ du personnage principal, Hannah, qui a décidé de quitter New-York pour rejoindre le prestigieux programme d’écriture de l’université d’Iowa.
Simple ruse de Dunham pour satisfaire les besoins en renouvellement d’une série installée depuis trois ans ou véritable envie de déraciner son personnage principal ? Dans les deux cas, le pari de la scénariste est payant. Jamais les épisodes de Girls ne sont aussi réussis que lorsqu’ils brisent les codes habituels de la série, et proposent des apartés hors du temps. On se souvient de l’épisode semi-bottle de la saison 2, One Man’s Trash, dans lequel Hannah passe deux jours érotiques dans la maison d’un mystérieux médecin, ou encore celui de la fin de la même saison où Hannah accompagne son amie Jessa à la campagne, pour essayer de renouer des liens avec son père.
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Lena Dunham s’adresse à ses détracteurs
C’est donc dans l’Iowa que l’on retrouve Hannah, propulsée dans l’ambiance très spéciale des cours post-grad d’écriture créative, où tout le monde est invité à s’exprimer mais surtout à critiquer avec intransigeance le travail des autres. Dans une savoureuse mise en abîme, Lena Dunham s’adresse à ses détracteurs qui ne la disent capable de n’écrire que sur elle, en affublant son personnage de ce même défaut. « Le personnage principal est une fille, avec beaucoup de tatouages, qui s’appelle… Anna« , assène un camarade à la lecture d’une de ses nouvelles.
Rapidement, Hannah est rattrapée par ses vieux démons et s’agace autant du manque de reconnaissance de ses pairs que de la tranquillité avec laquelle ses amis de New-York se sont faits à son absence. Elle ne passera finalement que trois épisodes dans l’Iowa, une fois l’illusion du bien-être campagnard dépassée et la lassitude installée. Cet aparté nous permet toutefois de comprendre que Girls n’est pas un conte urbain qui repose sur les paysages jaunis de Brooklyn, mais bien sur les personnages.
Plus d’humour et de légèreté
Contrairement à la saison 3, où le monde semblait s’écrouler autour des quatre jeunes femmes (Marnie, Jessa, Shoshanna, Hannah) et leurs compagnons (Eiljah, Ray et Adam), cette quatrième saison est placée sous le signe de l’espoir et surtout de l’apaisement. Quitte à employer des ressorts narratifs éculés, comme l’arrivée d’un nouveau né (dans le dernier épisode de la saison 4) qui remet miraculeusement en perspective tous les déboires de Hannah et Adam.
Une indéniable légèreté s’empare toutefois de la deuxième moitié de cette saison. On se surprend à nouveau à rire devant une série que plus personne n’osait présenter comme une comédie. Enfin, l’arrogance de certains personnages est à nouveau tournée en ridicule (le nouveau copain de Marnie, Desi, est un concentré de hippie prétentieux parfaitement cerné), tandis que d’autres protagonistes, jusqu’ici tenus à l’écart de l’action centrale, se rapprochent finalement.
Le duo Adam-Jessa est en cela une des réussites de cette dernière saison. Tous deux peinés par le départ de Hannah, son boyfriend et son amie cosmique réalisent qu’ils partagent la même vision hédoniste de la vie. Ils en viennent à se retrouver imbriqués dans un « carré amoureux » gênant avec deux anciens amants, Mimi-Rose et Ace (Gillian Jacobs et Zachary Quinto, meilleurs guest stars du monde), et il leur faudra quelques épisodes pour s’en extirper.
Lena Dunham s’investit moins dans l’écriture
Si Hannah s’éloigne de plus en plus de son groupe d’amis (on a du mal à se souvenir de l’époque où elle était l’unique confidente de la névrosée Marnie), les destins des autres personnages se croisent beaucoup plus, quitte à créer des assemblages parfois hasardeux, comme le coup de foudre de Ray pour Marnie, trop peu développé.
Paradoxalement, Girls opère un retour aux sources alors que Lena Dunham a rarement aussi peu écrit que pendant cette saison 4. Tout juste cosigne-t-elle l’épisode d’ouverture et le dernier de la saison, avec ses acolytes de toujours, Jenni Konner et Judd Apatow. La nouvelle recette du succès?
Girls, saison 4, HBO aux Etats-Unis, OCS City en France
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