“Peyredragon” est un épisode sans flamboyance, chiche en action, mais précieux dans sa peinture de caractères.
La sixième saison de Game of Thrones ayant enfin fait converger les arcs narratifs vers un champ de bataille commun, la diffusion scindée en deux de son acte final se profilait comme un feu d’artifice spectaculaire. Mais les scénaristes, fidèles à la tradition d’un show souvent plus bavard que bravache, ont décidé, entre dialogues stratégiques et détours narratifs, de temporiser avant d’allumer les mèches.
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Un bilan raisonné des forces en présence
Après une séquence d’ouverture perversement jouissive dans laquelle la Lady Vengeance Arya Stark empoisonne la totalité des hommes de Walder Frey ayant participé aux Noces pourpres, l’épisode opère un bilan raisonné des forces en présence à grand renfort de symboles (le feu et la glace y sont omniprésents), et dissèque la population fictionnelle de Westeros en trois pôles géographiques.
Au Nord, Jon Snow, secondé par sa sœur Sansa Stark, entreprend d’organiser la défense du Mur, obnubilé par la déferlante des Marcheurs blancs. S’il n’a pour le moment pas de prétention directe à régner sur les Sept Couronnes, l’arrivée imminente de son frère Bran, porteur du lourd secret de son ascendance Targaryen, pourrait tout à fait changer la donne.
A moins que les informations découvertes par son ami Samwell Tarly durant sa truculente formation de maistre ne le poussent à se rendre à Peyredragon pour mettre la main sur ses réserves de verredragon, seule matière à même de vaincre les morts.
Daenerys Targaryen n’apparaît que dans la séquence finale
A l’heure de la disparition du véritable roi des morts-vivants George Romero (le 16 juillet), espérons que ceux du Trône de fer, jusqu’ici incarnation monolithique du Mal à l’état pur, gagnent dans la série une complexité politique et philosophique à même de faire honneur au genre dont le cinéaste avait sculpté les bases.
Au Centre, Cersei Lannister foule des pieds une carte du continent, énumérant les ennemis qui la cernent et envisageant des possibilités d’alliances, dont un mariage avec Euron Greyjoy, le sinistre et carnavalesque roi des îles de Fer. Isolée et sans descendance, elle s’accroche à des chimères de pouvoir pour tenir debout, et voit ses rêves de grandeur se teinter de folie. La cruelle intrigante s’est muée en un personnage résolument tragique, gesticulant sous les yeux effrayés de son frère Jaime Lannister au milieu d’un théâtre d’ombres qui pourrait devenir son tombeau.
Quant au Sud et à Daenerys Targaryen, elle n’apparaît que dans la séquence finale et quasi muette de l’épisode, qui voit la jeune reine retrouver le château familial de Peyredragon, laissé à l’abandon après la déroute de son précédent occupant Stannis Baratheon.
La longue ascension musicale de la plage vers le trône n’est pas sans rappeler celle de l’humaine Rey vers le temple Jedi à la fin de Star War – Le Réveil de la force (de J. J. Abrams), autre histoire de retour aux origines. Après un rapide tour du propriétaire, Daenerys, surplombant une carte des Sept Couronnes, se tourne vers Tyrion Lannister et lui lance un solennel : “Shall we begin ?” Il serait temps, merci.
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