Après l’épisode choc de la semaine dernière, on attendait de pied ferme ce troisième épisode de la nouvelle saison de « Game of Thrones ». Sexe sale, alliances inattendues et extrême solitude : le récap de « Breaker of Chains ».
La sagesse. Ce serait la principale qualité d’un roi selon Tywin. Mais qu’est-ce que la sagesse pour un Lannister ? Alors que le corps de son petit-fils mort est encore chaud, la Main du Roi s’empresse de briefer son successeur légitime (du moins dans la logique Lannister), le plus jeune fils supposé de Robert Baratheon, Tommen. « Joffrey n’était pas un roi sage, Joffrey n’était pas un bon roi. » Le visage de Cersei reste impassible alors qu’elle écoute son père blasphémer son fils tout juste assassiné. Tywin ne compte pas laisser un autre de ses petits-fils prendre le trône de manière incontrôlée. Un roi sage est celui qui laisse gouverner les autres à sa place, ses bons conseillers, et surtout bien sûr, la Main du Roi. Le deuil n’est pas à l’ordre du jour pour le père Lannister, bien plus occupé à s’assurer que le pouvoir ne lui échappera pas. Il doit pour ce faire consolider son alliance avec les Tyrell, mise en péril par la mort prématurée du marié, et en créer une inattendue avec le captivant Oberyn Martell.
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Pas de chichis qui tiennent, il lui rend donc visite là où ce coquin de prince semble avoir élu domicile, au bordel de Littlefinger, interrompant au passage une petite sauterie entre amis (autrement dit une partouze). Tywin a eu vent des talents d’Oberyn Martell en matière de poison. Une coïncidence pour le moins étrange alors que Joffrey vient justement de s’étouffer dans son propre vomi des suites d’une intoxication mortelle, et qu’Oberyn Martell a clairement fait savoir que sa présence à Port-Réal n’était pas franchement courtoise. Il veut venger le viol et le meurtre de sa sœur et de ses neveux par la Montagne, et ainsi « payer ses dettes aux Lannister ». Mais Tywin dément avoir un quelconque lien avec le massacre de son serviteur et propose à Oberyn de siéger au conseil du roi et au procès de Tyrion, vendant au passage la Montagne. Pourquoi Tywin semble plus intéressé par une alliance avec Oberyn/maître en poison que par la possibilité que le prince ait tué Joffrey ? Est-il lié à la mort du roi ou sait-il déjà qui est le coupable ? Ou est-il simplement soulagé que le nouveau roi fou ne soit plus, lui laissant le champ libre pour gouverner ?
Le royaume de la solitude
La situation est en tout cas confortable puisque le coupable « présumé » dès la fin de l’épisode précédent est Tyrion. Au mauvais endroit au mauvais moment, ou victime d’une embuscade, il servait un verre à son neveu psychotique et l’heure d’après se retrouve dans les cachots de Port-Réal. Cersei est persuadée de sa culpabilité, son père semble légèrement s’en foutre et Shae est sûrement loin, comme il l’avait désiré, mais comme il semble aussi le regretter. Son bon lad Podrick, qui, outre ses attributs mâles, est aussi un très fidèle allié, lui rend visite et l’informe des dernières nouvelles. Et elles ne sont pas bonnes. Sa femme a fui, on essaie de retourner ses alliés contre lui et les jurés à son procès (son père, Mace Tyrell et Oberyn donc) n’ont que peu de raisons de se montrer cléments. Alors qu’il est au fond du cachot et au fond du trou, on se demande bien ce qui inspire à Tyrion de demander à voir son frère Jaime, qui semble être pour lui sa seule lueur d’espoir.
Car ce bon vieux Régicide, qui semblait avoir bien changé lors de la troisième saison et de ses aventures avec Brienne, nous offre une des scènes les plus perverses que l’on ait vu depuis longtemps dans GoT. Alors qu’elle veille le corps de son fils mort, Cersei ne semble plus tout à fait elle-même et arriverait presque à nous faire compatir. Elle a perdu Joffrey, qu’elle savait fou mais aimait pourtant. Son père lui vole déjà son autre fils. Et elle est persuadée que son frère Tyrion est le responsable de tout ça. Elle trouve logiquement refuge auprès de Jaime, son jumeau, le père de son enfant incestueux et celui qui fut jadis l’un des rares à la comprendre. Elle l’implore de venger leur fils et de tuer Tyrion. La réponse de Jaime est bestiale, amorale. Il prend Cersei de force devant le corps de leur fils mort. La scène laisse perplexe. Et interroge une nouvelle fois sur les limites (ou plutôt leur absence) de la série. « Comment les dieux ont-ils pu me faire aimer une femme si détestable ? » s’interroge t-il. On pense plutôt que les dieux ont dû cesser depuis longtemps de veiller sur ces personnes si enclines à braver les lois fondamentales de la morale. Depuis le moment où Jaime poussait froidement Bran d’une tour de Winterfell pour avoir surpris ses ébats incestueux, à celui qui le mène à violer Cersei dans la crypte mortuaire de leur enfant, le Régicide manchot n’a pas fondamentalement changé, mais continue de s’en remettre à la facilité de la fatalité des dieux.
Tyrion croupit dans la solitude de son cachot, Cersei dans celle, destructrice, que lui inflige Jaime, et Sansa n’a pas trouvé dans sa fuite de meilleurs accompagnants. Alors que Ser Dontos la convainc de fuir Port-Réal après la mort de Joffrey, elle découvre que son évasion de la prison Lannister ne sera pas synonyme de liberté. Son dévoué Dontos n’est qu’un pion sur l’échiquier de Lord Baelish, qui était apparemment toujours déterminé à récupérer la fille de son ancien amour Catelyn Stark. Que veut-il d’elle ? Comment avait-il prévu la mort de Joffrey et la possible échappatoire de Sansa ? On craint que celle-ci regrette très vite ce mari qu’elle méprisait tant et qui semblait le seul à véritablement se soucier d’elle sans autre motif.
La liberté coûte très chère à Westeros, et celle qu’il aura rendue à Gendry, le bâtard de Robert Baratheon, vaut une nouvelle fois les foudres de Stannis au pauvre Ser Davos. Alors qu’on l’aurait pensé extatique d’apprendre la mort de Joffrey, Stannis Baratheon se retrouve démuni face à la nouvelle. Sans armée, ni argent, quels sont ses paramètres d’action ? S’il considère que c’est grâce à la magie que Joffrey a rendu l’âme, Ser Davos ne va pas implorer les dieux pour trouver une issue à leur impasse. Dans une scène touchante où il rend visite à la princesse Shireen, toujours à l’abri des regards dans son donjon, il lui demande de rédiger pour lui une requête à la Banque de Fer de Braavos, demandant des fonds pour que « l’héritier légitime du trône » retrouve une armée.
« Je ne deviendrai pas une page dans le livre d’histoire de quelqu’un d’autre » rage Stannis. Si pour le moment l’histoire de Westeros s’écrit sous le sceau des Lannister, personne ne semble pouvoir prédire le nombre de pages qu’ils auront dans le livre.
Et aussi :
– Sam, le bon ami de Jon Snow, se rend compte que d’avoir amené Gilly au sein de la Garde de la Nuit et de centaines d’hommes frustrés n’était pas la meilleure des idées. Il lui négocie une place de servante dans un bordel pour la préserver, mais celle-ci ne le voit pas du même œil.
– Arya continue sa route avec le Limier, qui vole un paysan et sa fille qui leur offraient l’hospitalité. Alors qu’elle est furieuse contre lui et dégoûtée de son manque d’honnêteté, celui-ci lui rétorque que le monde dans lequel ils évoluent ne laisse plus de place à la pure bonté, et lui balance « Combien de Stark doivent être décapités pour que tu le comprennes ?« . On n’est pas loin d’être d’accord avec lui.
– Margeary se demande si ses trente secondes de mariage lui valent le titre de Reine et se lamente d’être une nouvelle fois veuve. C’est sans compter sur sa sublime grand-mère qui la remet à sa place, « Ce n’était pas un plaisir de le voir mourir, mais c’est un plus grand plaisir que si tu avais dû être sa femme ». Et toc.
– Cersei violée, Sansa dans les griffes de Baelish, Gilly au bordel, ou Shireen dans son donjon, c’est un peu la fête des femmes dans cette épisode. Mais c’est sans compter sur la warrior Khaleesi, toujours occupée à libérer des esclaves. Aux portes de Meereen, elle fait balancer par son armée des centaines de colliers d’esclaves de l’autre côté des remparts et semble faire mouche. Si Tywin Lannister la mentionne comme l’un des principaux dangers à venir, Daenerys, ses dragons et ses envies de justice sont cependant encore bien loin de Port-Réal.
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