L’une des plus belles séries récentes connaît enfin une publication intégrale en DVD. A (re)voir absolument.
Avec la sortie en DVD de la cinquième et dernière saison de Friday Night Lights, une injustice flagrante est enfin réparée. L’une des plus belles séries de la décennie écoulée devient disponible en intégralité, dans des conditions acceptables, alors que la télévision française l’a méprisée – NRJ12 avait stoppé la diffusion en VF après quelques mois seulement.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il aura fallu un élan collectif venu de blogueurs, forumeurs et critiques pour rendre cette chronique sublime de la vie d’une petite ville du Texas incontournable. On peut y voir l’un des premiers aboutissements concrets d’une culture sériephile qui se développe depuis plusieurs années et permet de sortir de l’ombre les pépites qui le méritent. Sans toutefois rêver éveillé, car il reste un travail immense à effectuer pour que toutes les bonnes séries connaissent en France une exposition correcte.
Une série d’outsiders ultra attachante
Soyons justes : les Etats-Unis n’ont pas non plus réservé à Friday Night Lights un traitement de reine. C’est peut-être le destin de cette série, en phase avec la communauté d’outsiders qu’elle met en scène. C’est sans doute aussi ce qui la rend si attachante. Adaptée d’un livre et d’un film éponymes, elle a d’abord été diffusée sur le grand réseau NBC à partir de 2006. Handicapée par la grève de scénaristes, elle a ensuite connu des menaces d’annulation avant de trouver refuge chez Direc TV, un diffuseur beaucoup moins exposé. Persuadés de sa disparition, les scénaristes avaient conçu la fin de la saison 3 comme la conclusion de toute la série.
Celle que ses intimes appellent « FNL » aura finalement tenu deux saisons de plus que prévu. Un bonheur, puisqu’à part de rares baisses de régime, elle n’a jamais eu le temps de devenir médiocre. Parmi les soixante-seize épisodes, on trouve un ratio de déchets exceptionnellement bas. Installée à Austin, Texas, l’équipe créative menée par Jason Katims n’aura eu que le loisir de se poser les bonnes questions, de développer ses personnages jusqu’à leur terme naturel. Voilà pourquoi on se souviendra longtemps du beau et fidèle Tim Riggins, de l’illuminé et talentueux Landry, de la tragique Tyra, de l’émouvant et poétique Matt Saracen, et de tous les autres, à commencer par le coach Taylor.
Un coach ? Puisqu’il faut bien lever le voile sur ce détail, avouons que Friday Night Lights a pour cadre une équipe de football américain. Les fameuses « lumières du vendredi soir » sont celles du stade où se déroulent les matchs qui mobilisent toute la ville à la veille du week-end. Envie de passer votre tour ? Pourtant, il est tout à fait possible de se montrer indifférent à ce sport tout en plongeant sans retenue dans la série. Le sujet de FNL n’est pas la victoire ou la défaite, mais la zone grise où la vie décide de se déployer ou de se rétracter. Un dilemme qu’elle réussit à rendre déchirant.
Ce sens du destin prend toute sa dimension à la fois épique et intimiste dans la cinquième saison, l’une des conclusions de série les plus réussies que l’on connaisse. Sans en révéler la teneur exacte, on dira que Friday Night Lights parvient à offrir à chaque personnage une trajectoire toujours simple et cohérente, souvent audacieuse – le couple formé par le coach et sa femme Tami en reste la meilleure illustration. Le sentiment d’un humanisme apaisé, sans aucune mièvrerie, l’emporte au bout du chemin. Rien de plus logique, puisque durant toute son existence, la série a porté un regard progressiste et subtil sur une partie des Etats-Unis largement caricaturée. Avant Friday Night Lights, footballeurs et cheerleaders étaient forcément des idiots. Après la série, ils sont devenus nos frères et soeurs.
Olivier Joyard
Friday Night Lights saison 5, DVD Universal, environ 20 euros.
{"type":"Banniere-Basse"}