Sortie en DVD de la troisième saison de notre série attrape-coeurs, Friday Night Lights.
Voilà déjà un certain temps que ces pages vibrent au rythme des sorties DVD miraculeuses de Friday Night Lights. Une série si belle que les diffuseurs français se sont appliqués à l’ignorer presque systématiquement pendant ses cinq années d’existence, conclues il y a quelques mois aux Etats-Unis. Coach Taylor, Matt Saracen, Smash Williams, Vince Howard et les autres ont pourtant traversé ce mur du silence pour venir s’installer en douce au panthéon des personnages attrape-coeurs.
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http://youtu.be/M_2vWfLceuo
La série tout entière s’est transformée en secret magnifique, connue seulement par des adeptes aux yeux mouillés. Des garçons et des filles sous le choc de son spleen et de sa simplicité imparables.
La relative indifférence autour de Friday Night Lights (également valable aux USA, où la série a changé de chaîne et failli disparaître plusieurs fois) vient peut-être de son sujet apparent : la vie quotidienne d’une ville du Texas du point de vue de l’équipe de football du lycée, seule attraction en dehors des tracteurs et des strip clubs. Un raisonnement du type « Je n’aime pas le foot donc je n’aimerai pas cette série » a dû passer par la tête de nombreuses personnes. Une erreur compréhensible, mais une erreur quand même. Car FNL a toujours déployé son horizon fictionnel vers d’autres enjeux.
Dans la série, le sport est vécu comme un spectacle, une parcelle de glamour rustre qui ne se regarde pas sans déplaisir. Mais il agit surtout comme un révélateur des dynamiques sociales et amoureuses. Le coeur de Friday Night Lights, ce sont les destins à la fois amples et riquiqui d’une poignée de provinciaux filmés avec un amour éperdu.
La caméra de FNL rejette l’efficacité traditionnelle pour privilégier une forme de mise en scène plus libre, dictée par la lumière et le mouvement des corps dans un territoire ouvert. Ce naturalisme est contrebalancé par une écriture fouillée, qui refuse de laisser les uns et les autres se débattre seuls. Certaines séries fonctionnent en roue libre après avoir installé leur système ; Friday Night Lights n’a jamais lâché. Elle est restée aux aguets du début à la fin.
La troisième saison qui s’offre à nous en DVD est une des plus intéressantes car elle fonctionne comme un pivot. Elle compte treize épisodes. Il s’agit de la dernière saison au cours de laquelle la majeure partie du casting originel est présent. Le sentiment de la fin approche par moments, et certains font leur tour d’honneur, comme l’ex-cheerleader Lyla Garrity. Surtout, les bases de la dernière partie du show y sont lancées, autour d’un thème fort : la possibilité étrange du féminisme en plein pays ultraconservateur.
La blonde redneck Tyra entame sa prodigieuse mue, tandis qu’un personnage prend encore plus d’importance en devenant principal du lycée : Tami Taylor, la femme du coach, décidément loin de jouer la potiche de service. Les deux prochaines saisons de la série seront déterminées par cette montée en puissance, jusqu’au prodigieux mouvement final, dont on ne dira évidemment rien. En toute logique, la fin de cette saison 3 plante un décor qui deviendra celui de la série jusqu’à la fin.
D’abord considérée comme destinée au grand public par son diffuseur, Friday Night Lights est devenue quasiment une série du câble après deux saisons, au vu de ses résultats d’audience problématiques. Mais elle a toujours conservé sa singularité absolue. Ses apparats n’ont rien à voir avec ceux d’une série d’auteur au sens Mad Men du terme. FNL a puisé sa force dans un étrange mélange entre des aspects besogneux, voire quelques maladresses, et une grâce constante dans le mélodrame. Au bout du chemin, nous nous en souviendrons longtemps.
Olivier Joyard
Friday Night Lights, saison 3. DVD Universal, environ 25 euros
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