Au prétexte d’un blocage créatif à l’approche de son spectacle, la première série de l’humoriste évoque tourments personnels et affres de la création avec un art consommé de la punchline, sans tenir sa promesse jusqu’au bout.
À la fin 2021, Canal+ diffusait l’une de ses productions les plus audacieuses, La Meilleure Version de moi-même, autofiction sèche et parfois brutale de Blanche Gardin. Cet automne voit arriver la première série de Florence Foresti, boss de l’humour depuis… depuis quand, déjà ? Il est question de ce détail qui compte dans les huit épisodes de Désordres, où l’humoriste se met en scène luttant contre le temps. Son personnage affiche 45 ans au compteur – la série est basée sur l’expérience de Foresti juste avant son spectacle Épilogue en 2017 – et traverse la vie avec l’énergie du désespoir.
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Nous sommes face à une femme célibataire en garde partagée de sa fille, atteinte par le manque d’inspiration alors que la date de son prochain show approche à grands pas. On la voit dans son appartement immense du IIIe arrondissement, en pleins échanges tendus avec son employée de maison, tchatchant avec ses trois copines, aussi seules qu’elle, interpellée dans la rue par des inconnu·es pour des selfies avant que ne surgisse un personnage étrange, incarnation stylée de sa dépression.
Un format proche du sketch
Car c’est bien ce que raconte Désordres, rejoignant à sa manière la série de Blanche Gardin, avec une plus grande dispersion qui la rend à la fois intéressante et sujette aux baisses de tension. Foresti croise à peu près tout : un humour de punchlines, une réflexion sur les femmes (et les mères) sous-cotées sur le marché de la séduction, le récit de ses affres intimes et de la route compliquée vers la création, le portrait de groupe de ses amies post-Sex and the City – même si la référence ultime reste Ricky Gervais. Pas mal de moments font mouche, dans un format proche du sketch, où elle excelle. Sur la longueur, cela ne suffit pas toujours à tenir la promesse, par manque de sentiments poussés à bout. On retient d’abord le foisonnement d’idées.
Désordres de et avec Florence Foresti. Sur Canal+ à partir du 3 octobre.
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