Coécrits et réalisés par Danièle et Christopher Thompson, six épisodes sur la jeunesse de Brigitte Bardot et les débuts de la culture des célébrités.
Le sujet BB est encore chaud, même si, à l’âge de 88 ans et après six condamnations pour propos et injures racistes, celle qui décoiffa la France durant les années 1950-1960 n’a plus rien d’une icône. Créée par Danièle et Christopher Thompson, mère et fils se partageant l’écriture et la réalisation, Bardot scrute en six épisodes la décennie qui a tout changé pour la jeune Brigitte.
On la découvre à l’âge de quinze ans pour la quitter onze années plus tard, alors qu’elle vient d’avoir un enfant et tente de mettre fin à ses jours. Elle n’a pas encore trente ans, loin de là, mais semble déjà usée par la vie et une existence de bête traquée.
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Chronique d’une jeune femme moderne
Filmer une femme sollicitée à chaque instant, par les hommes, les journalistes, les paparazzis, les cinéastes, les foules, on en passe : voilà le pari de la série qui a le mérite de ne pas vouloir embrasser toutes les facettes de l’actrice du Mépris. On suit donc son surgissement dans la vie de Roger Vadim, son premier mari épousé à 18 ans, sa rencontre irrésistible avec Jean-Louis Trintignant durant le tournage de Et Dieu créa la femme, son arrivée au firmament du succès. Son travail de comédienne est très peu évoqué, en tous les cas pas directement, pour laisser place à une exploration des coulisses et surtout des amours de la star.
C’est tout un système français que l’on découvre, un temps où la presse toute puissante s’arrache celle qui fera vendre des journaux par millions. De ce point de vue, la reconstitution montre avec fluidité les dynamiques d’une époque qui semble presque amnésique de la guerre et invente une légèreté dont Bardot est en quelque sorte l’héroïne et la victime simultanée, à travers la naissance de la culture des célébrités.
Les Thompson font aussi d’elle une jeune femme moderne, incapable de respecter les règles du milieu bourgeois dont elle est issue, disposant de son corps autant que cela est possible, passant d’un homme à un autre, de Sacha Distel à Gilbert Bécaud ou encore Jacques Charrier, mais aussi paniquée à l’idée d’avoir un enfant. La difficulté, voire l’impossibilité de pratiquer un avortement dans cette France d’apparence si pop est traitée frontalement.
Bardot respecte les conventions du biopic télé, sans jamais chercher l’invention formelle. Tout cela se regarde sans déplaisir. Celle qui invente vraiment s’appelle Julia de Nunez, la comédienne de 22 ans chargée d’incarner Bardot. Inconnue du grand public avant cette série, elle s’avance avec une forme d’insolence qui va bien au personnage, et parvient à maintenir avec la caméra une forme de distance. Comme Bardot, elle ne se laisse pas attraper et impose sa gestuelle, ses intonations. On espère la revoir bientôt et souvent.
Bardot. Sur France 2, le 8 mai à 21 h 10. Disponible en intégralité sur France.tv.
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