La nouvelle production de Steven Spielberg arrive en France à peine deux semaines après sa diffusion américaine. Un record.
L’amateur de séries n’aime pas attendre, au point que la course contre la montre est devenue son sport favori. Vivant à l’heure américaine et regardant la télévision sur internet, il reste à l’affût des nouveautés, histoire de ne pas se taper la honte s’il croise un amateur plus calé que lui, même sur un forum.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Goguenard, le fan se moque des chaînes françaises qui présentent comme des « nouveautés » des séries qu’il a déjà croisées et parfois oubliées depuis longtemps – le meilleur exemple en ce moment s’appelle Private Practice, diffusée pour la première fois sur France 2 quatre ans après ses premiers épisodes !
Sauf qu’en ce début d’été Orange Cinéma Séries coupe le sifflet à l’amateur : la diffusion française de Falling Skies, nouvelle production de Steven Spielberg créée par Robert Rodat, a lieu à peine plus de deux semaines après ses débuts sur la chaîne câblée américaine TNT. Une première.
« Nous avons été encouragés par TNT, qui a ouvert un bureau à Paris, explique le directeur des programmes d’Orange Cinéma Séries, Boris Duchesnay. Nous avions envie de diffuser Falling Skies pendant l’été, et face à la date de diffusion américaine (première le 19 juin), nous n’avions pas d’autre solution que d’accélérer pour profiter de l’engouement autour de cette production de science-fiction événementielle. Le soustitrage et le doublage ont commencé un peu avant la diffusion US. Nous sommes à flux tendu, mais nous considérons que proposer cette série à nos abonnées aussi vite constitue un atout commercial. »
Le but ultime de l’opération reste évidemment de parvenir à « endiguer le piratage et à s’adapter aux nouveaux rythmes de visionnage des fans », selon Duchesnay.
« Les séries, contrairement aux films, ne sont pas soumises à la chronologie des médias. Nous devons en profiter. »
Depuis déjà deux ans, le site web de TF1 expérimente la VOD sous-titrée payante vingt-quatre heures après la diffusion américaine, notamment pour Lost et Gossip Girl. Mais jamais une chaîne n’avait à ce point pris en compte la part la plus radicale des amateurs de séries pour construire son modèle de diffusion.
L’exemple Falling Skies confirme le statut d’Orange Cinéma Séries, bouquet payant encore largement confidentiel, comme une sorte de repaire expérimental pour spécialistes – toutes les séries HBO y sont diffusées. Les autres chaînes n’échapperont pourtant pas à une réflexion sur la question de la temporalité – Canal+ a d’ailleurs avancé la diffusion des saisons de Desperate Housewives depuis deux ans. Mais on ignore à quel point la vitesse à tout prix sera efficace pour retenir les fans sur le long terme.
On ignore également si Falling Skies marquera l’histoire du petit écran, même si le pilote en fait douter. Devant ces personnages de survivants égarés dans un monde postapocalyptique plein d’aliens féroces, on se dit que La Guerre des mondes, District 9 et beaucoup d’autres ont emprunté ce chemin avant cette série. Leurs premières aventures ont le goût étrange des balbutiements forcés, où les uns et les autres gesticulent et soulignent leurs émotions, sans doute pour nous convaincre que le monde fictionnel dans lequel ils nous invitent est déjà en état de marche.
Pour l’instant, c’est un peu lourd, même si le mystère central (pourquoi les aliens enlèvent-ils systématiquement les enfants ?) intéresse. A part ça, Noah Wyle (Dr. Carter dans Urgences) a vraiment bien vieilli.
Olivier Joyard
Falling Skies à partir du 5 juillet à 20 h 40 sur Orange Ciné Max.
{"type":"Banniere-Basse"}