Adaptée d’un roman de Janice Y. K. Lee, “Expats” de Lulu Wang met en scène Nicole Kidman dans le rôle d’une mère expatriée à la recherche de son fils dans un Hong Kong traversé par le “mouvement des parapluies”. Une série imparfaite mais dans laquelle Kidman déroule une partition sans faute.
Comment il y a eu des “Nicole Kidman movies” (exemplairement Birth de Jonathan Glazer en 2004), il y a peut-être aujourd’hui des “Nicole Kidman series”, tant l’actrice multiplie les embardées du côté du streaming ou de la télé depuis quelques années déjà, sans oublier d’y laisser sa trace. Le tournant a été pris par l’Australienne au moment de la cinquantaine avec Big Little Lies et Top of The Lake, avant The Undoing, ou encore Nine Perfect Strangers, pour les plus reconnues. Pas toutes de grandes séries – comme si ce n’était pas forcément la question – mais à chaque fois, un écrin pour que la grande Nicole exprime un moment de sa vie d’actrice.
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Expats ne fait pas exception. Créée par Lulu Wang (réalisatrice américaine d’origine chinoise connue pour son film L’Adieu, sorti en 2019), cette adaptation du roman éponyme de Janice Y. K. Lee raconte la vie à Hong Kong de femmes expatriées avec leur famille. L’une d’elles, Margaret, est frappée par un drame qui se dessine doucement dans la fiction, une tragédie qui la frappe à travers l’un de ses jeunes enfants. Margaret, c’est Nicole Kidman, emmurée dans une solitude atroce, perdue dans sa culpabilité, mais aussi fondamentalement perchée du fait de son privilège de bourgeoise blanche dans un pays agité – Hong Kong connaît alors la répression du pouvoir central de Beijing.
Un peu trop scolaire
La série a l’ambition de jeter un regard panoramique sur la situation d’un territoire comme de ses personnages, montrant à quel point la sensation d’enfermement façonne les vies de cette région du monde. Elle connaît des baisses de régime à cause d’un sentiment de trop-plein, quand il s’agit à la fois d’enclencher une réflexion sur le deuil, une autre sur la maternité, une troisième sur le privilège bourgeois, une autre encore sur le couple, voir l’exil… Expats ne gagne pas à tous les coups, se montrant parfois un peu scolaire dans l’empilement qu’elle propose.
Mais quelque chose nous garde face à l’écran : une atmosphère tout sauf lisse, notamment quand Expats évoque la relation des héroïnes à leur personnel de maison. Une thématique sociale et politique mise en avant dans quelques comédies françaises récemment (Désordres de Florence Foresti, Icon of French Cinema de Judith Godrèche) mais pas d’une manière aussi tranchante et cruelle qu’ici. Dans ces moments marquants, qui plus est au cœur du drame, la série glisse d’un point de vue à un autre, montrant une étonnante capacité à se décentrer, à faire exister un monde tout autour de la fiction et de ses enjeux, pour finalement les renforcer. Ce qui n’est pas rien.
Nicole Kidman au cœur de la série
Dans le tableau chaotique et le bordel émotionnel permanent mis en scène par Expats, Nicole Kidman se montre dans divers états. C’est évidemment le point fort de la série, la capacité de l’actrice à tenir le fil tendu d’une détresse, d’un corps marqué et d’une âme troublée par des questions auxquelles il lui est impossible de répondre. Elle passe des moments seule dans un appartement loué en secret, enquête pour connaître la vérité sur son fils, erre dans la ville (et la vie) en parvenant à conserver le mystère de ses motivations profondes. Voilà simplement une actrice au travail. La caméra enregistre et plus rien d’autre n’existe. Comment ne pas l’aimer ?
Expats de Lulu Wang est disponible sur Prime Video.
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