Après “10%”, la nouvelle série de Fanny Herrero se plonge dans le monde du stand-up, révélant quatre comédien·nes plein·e d’avenir. Rencontre avec deux d’entre eux·elles.
Si la réussite de 10%, la précédente création de Fanny Herrero, reposait en partie sur une liste de guests aussi prestigieuse que le parterre d’une soirée des César, le charme de Drôle réside à l’inverse dans la révélation de quatre jeunes comédien·nes presque aussi bizut à l’écran qu’iels ne le sont sur les planches du comedy club de la série.
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Le couple formé par Nezir/Younès Boucif et Apolline/Elsa Guedj dote la série d’une délicatesse romantique qui lui donne ses plus beaux moments. Entre la gaucherie du livreur à vélo surdoué de l’humour et la gêne de la bourgeoise du 6e qui écrit ses premières vannes, l’alchimie fonctionne à merveille.
Des personnages qui leur ressemblent
Après avoir binge watché les six épisodes d’une traite, on a envie de commencer par leur demander ce qui les différencie ou les rapproche de leur personnage. Comme Apolline, Elsa, 32 ans, a grandi dans un quartier plutôt huppé de la capitale (le 16e) mais précise-t-elle “dans un milieu social tout de même beaucoup moins aisé”. Son premier contact avec le métier lui vient de sa meilleure amie d’enfance, Léopoldine Serre : “je passais beaucoup de temps dans sa famille, elle a commencé à tourner alors qu’elle avait seulement cinq ans, ça m’a beaucoup influencée je crois”.
Même s’ils l’ont toujours soutenue, elle a aussi dû batailler pour que ses parents, pédiatre et bijoutière, acceptent qu’elle se consacre à la carrière de comédienne. Après une licence de lettres, elle entre au Cours Florent puis enchaîne avec le Conservatoire avant de pas mal jouer au théâtre notamment chez Guillaume Vincent, et récemment au cinéma avec un rôle secondaire dans Une jeune fille qui va bien de Sandrine Kiberlain. Bref, le parcours classique.
“Avec Nezir, on partage l’amour des mots, j’aurais pu être stand-upeur dans une autre vie.“ Younès Boucif
Celui du Younès, 26 ans, est plus tortueux. Né à Rouen, il débute le théâtre tôt mais ses parents, prof tous les deux et s’étant élevé·es socialement grâce aux études, exigent qu’il fasse d’abord un master. Il choisit le droit, sans passion. D’abord dans sa ville natale puis à Paris dès 2016, où il profite de l’éloignement parental pour se consacrer au rap et au théâtre : “On se ressemble beaucoup avec Nezir, la timidité en moins. On partage l’amour des mots, j’aurais pu être stand-upeur dans une autre vie, le rap est parfois proche de l’écriture de sketchs”.
Plus familier de l’Est parisien (11e, 20e) – que cartographie Drôle – que des beaux quartiers, il a lui aussi dû faire des boulots précaires pour boucler les fins de mois. Fan de Keny Arkana, Booba et Médine (avec qui il a fait un feat), il sortira en juin un nouvel album. Au cinéma, on a pu le voir dans Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona.
Une alchimie certaine
Pour lui comme pour elle, le casting a été très long. “On a fait des essais avec des dizaines de Nezir et d’Apolline potentiels mais, lorsqu’on a joué ensemble, on a senti qu’il se passait quelque chose”, nous disent-ils en cœur.
“On est très fiers d’avoir pu nous approprier les séquences de stand-up, il y a plein de blagues qui viennent de nous”, Younès et Elsa.
Si les dialogues de la série étaient si bien écrit qu’ils ont été très peu modifiés, Younès et Elsa se sont en revanche totalement approprié·es leurs sketchs : “On est très fiers d’avoir pu nous approprier les séquences de stand-up, il y a plein de blagues qui viennent de nous, il fallait que ça nous ressemble totalement, et Fanny Herrero et son équipe ont été super pour nous aider à trouver notre personnalité d’humoriste”. À la base, il devait même tester leurs sketchs dans une vraie scène ouverte et dans la peau de leur personnage. Mais le Covid est passé par là.
La suite
Quant à la célébrité qui pointe le bout de son nez, les deux acteur·trices la prennent avec excitation et appréhension : “On a envie que la série plaise. Même si honnêtement je ne vois pas comment on ne peut pas nous aimer (rire), il y a toujours de l’appréhension”, nous glisse Elsa. “Peut être que certains ne vont pas aimer le côté bobo de gauche mais c’est aussi lié à la bienveillance qui guide la série et j’en suis très fier”, lui répond Younès.
Tous deux suspendus au très probable tournage d’une seconde saison d’ores et déjà en écriture, iels commencent à recevoir des propositions. Alors que Younès est sur une grosse production internationale dont il ne peut pas parler, Elsa a un petit rôle dans le prochain film de Mia Hansen-Løve, avec Léa Seydoux.
Drôle de Fanny Herrero, avec Elsa Guedj, Younès Boucif, Mariama Gueye et Jean Siuen, sur Netflix.
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