Après un pas de côté apprécié lors de l’épisode 2, le show semble retourner dans les travers qui guettent cette nouvelle saison.
Le deuxième épisode de l’émission de France 2 nous avait réjouis·es pour l’air nouveau et prometteur qu’il insufflait à la compétition. Une embellie malheureusement brève, avant que l’émission ne réemprunte le chemin tendancieux que son pilote annonçait : un drag qui se met au service de la culture française plutôt que d’incarner son renouveau.
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Une direction chauvine confirmée dès le mini-challenge de l’épisode, à savoir de fausses olympiades en trois épreuves (un amusant jeté de wig, une partie de un, deux, trois, soleil assez quelconque et une étrange déclinaison de water-polo) pour parodier celles des futurs JO de Paris. Le souci est là : ce clin d’œil, qui aurait pu le rester, est en fait une initiative plus large de “célébration de l’événement sportif de l’année”, nous dit Nicky Doll. Et ce malgré le fait que le monde du sport a toujours été le mauvais élève des luttes contre les LGBTIphobies et que la direction des JO 2024 a refusé de prendre position sur la légitimité des sportif·ves trans à concourir, laissant leur sort dépendre du bon vouloir des délégations. Une décision hasardeuse, donc, en particulier venant d’une émission qui promettait de bousculer les codes télévisuels (et qui l’a pourtant fait deux saisons durant) et de ne pas servir de simple panneau promotionnel.
Un ball qui ne tourne pas rond
À ce titre, l’émission achève de confirmer cette orientation en imposant un thème olympique pour le défilé. Et pas n’importe lequel, puisque cet épisode 3 marque le retour de l’épreuve tant attendue du ball, où les queens sont missionnées de présenter plusieurs looks, dont un concocté en un temps record et avec des matériaux de fortune. Quelques ratés, une nouvelle référence à l’univers d’Harry Potter (en dépit des positions transphobes assumées de son autrice) et deux ou trois tenues magnifiques (celles de Lula Strega, Misty Phoenix, ainsi que la première de Ruby on the Nail se démarquent nettement) plus tard, force est de constater que ce ball 2024 peine à atteindre la qualité de ses prédécesseurs. La faute à deux thèmes peu inspirés (la Flamme olympique et une tenue pour la cérémonie d’ouverture) et à une poignée de reines déclarant ne pas savoir se servir seules d’une machine à coudre.
À noter : l’arrivée d’un nouveau twist, matérialisé par un téléphone rose couvert de strass, qui renvoie les queens dans l’atelier pour improviser un couvre-chef au dernier moment. Un petit coup d’adrénaline bienvenu, mais un peu vain, qui, on l’espère, annonce d’autres interventions potentiellement plus osées à l’avenir.
Un montage douteux
Ce défilé quelque peu décevant nous amène à l’autre problème majeur de la franchise française : son montage. Alors que celui de la version américaine est l’une des principales raisons de son succès, jonglant à merveille entre les interactions presque anarchiques des participantes et une narration intelligible nécessaire pour le spectateur, celui de Drag Race France semble avoir encore du mal à trouver son point d’équilibre. Plusieurs fausses notes se distinguent : la mise en avant de Le Filip (autant pour ses tenues que pour son récit de l’homophobie en Croatie) qui n’aboutit qu’à un placement safe, l’inexpérience de Leona Winter en couture et les critiques mitigées sur ses tenues qui la mènent jusqu’au top de la semaine, tandis que Perseo, couverte de louanges, échappe de peu au lip sync.
Heureusement que l’épisode, laborieux, se conclut avec éclat sur un nouveau lip sync de Ruby on the Nail qui, malgré sa peine à briller dans la compétition depuis le début, irradie de beauté à chacune de ses performances. Cette fois-ci sur C’est l’amour de Clara Luciani, reprise en français du I Feel Love de Donna Summer.
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