La fin de l’une des séries mythiques des années 2000 approche.
En matière de séries télé, les règles immuables sont rares. En voici une quand même, observable sous plusieurs latitudes : les dernières saisons valent toujours la peine d’être vues. Il faut bien sûr qu’elles soient assumées par leurs scénaristes – les séries annulées par surprise ne comptent pas. Mais quand les conditions sont remplies, quelque chose d’impalpable se déploie de chaque côté de l’écran. Une solennité, un amour partagé qui émeuvent d’une façon étrange mais profonde. The Shield, Friday Night Lights, Six Feet under, Les Soprano, voire Lost – pour n’en citer que quelques-unes –, les ultimes embardées magnifiques ne manquent pas dans l’histoire récente des séries. Même quand le trajet est plutôt chaotique (Urgences, X-Files, NYPD Blue), il se fait sans déplaisir, dans une stase évidemment mélancolique.
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Episode après épisode, l’approche de la fin est parfois plus dure que la fin elle-même. En un battement de paupière, les enjeux s’élèvent. La série devient un bloc de temps qui s’effrite à chaque image. L’arrêt de Desperate Housewives après huit ans ne fera ni chaud ni froid à ses contempteurs éternels. Tous les autres, y compris ceux qui l’ont abandonnée en cours de route (impossible de leur en vouloir, tant certaines saisons furent ennuyeuses), se doivent au moins d’y jeter un oeil.
Annoncée depuis déjà plusieurs mois, la diffusion du dernier épisode aura lieu le 23 mai aux Etats-Unis et à peine quelques semaines plus tard sur Canal+. Au même moment, Dr House éteindra les lumières. Lui aussi avait vu le jour lors de la mythique rentrée 2004, responsable d’une fournée de nouveautés impressionnante d’où était également issue Lost. A cette époque, les grandes chaînes populaires n’avaient pas encore baissé totalement les bras devant le câble. Desperate Housewives, comme ses deux copines, a vite incarné la possibilité qu’une série grand public contemporaine emprunte des chemins narratifs sophistiqués.
Grâce à l’écriture à la fois soap et très subtile de son créateur Marc Cherry, le relookage pop de la comédie américaine classique et du mélo en Technicolor a longtemps fonctionné. De ce garçon bizarre, les actrices de la série ont expliqué qu’il avait “un vagin à la place du cerveau”. Malheureusement, Marc Cherry a quitté sa position de showrunner au cours de la saison 7, au profit de l’expérimenté Bob Daily, qui n’a pas sa repartie et sa drôlerie piquante.
Les premiers épisodes de la huitième levée en souffrent parfois cruellement. Ils donnent l’impression que la machine tourne encore un peu plus à vide que lors des saisons les plus récentes. Il était donc temps de s’arrêter. Quoi de pire dans une série que ces moments où les acteurs semblent se parodier eux-mêmes et deviennent d’affreux mimes du passé ? Pourtant, la question de ce qui s’est perdu n’est peut-être pas la meilleure que l’on puisse se poser à ce stade.
Ce qui demeure dans Desperate Housewives nous intéresse sans doute davantage que ce qui n’est plus là. Les scénaristes l’ont compris : ils ont conçu cette dernière saison en miroir par rapport à la première, avec une intrigue en lien direct avec le mystère de l’épisode inaugural. “Nous avons tous revu le pilote”, ont-ils avoué. “Refaire” la saison 1, huit ans après, alors que les corps ont changé, que certains personnages sont morts et que seul le vert des pelouses de Fairview est resté immaculé ? Le défi a du panache. Marc Cherry a promis d’écrire l’ultime épisode et d’y faire une apparition sous forme de caméo. Le compte à rebours est lancé.
Desperate Housewives Saison 8. A partir du 12 avril à 20 h 45 sur Canal+ (VM).
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