Des sommets pyrénéens aux rivages de Majorque, retour sur « La caza. », un thriller policier de haute volée qui s’inscrit dans le renouveau actuel de la création télévisuelle espagnole, et dont la deuxième saison La Caza Tramuntana est à découvrir sur POLAR+.
Un paysage de montagne dont les sommets enneigés, les lacs protégés et les forêts de peupliers forment un écrin naturel à la beauté onirique. Des hurlements d’enfants, une décharge de chevrotine, le fracas d’une voiture qui s’écrase dans un ravin troublent ce cadre idyllique : la vallée de Benasque constitue le cadre de La Caza Monteperdido, première saison d’une série qui confirme la place singulière qu’occupe aujourd’hui l’Espagne dans la création télévisuelle.
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Les secrets de Monteperdido
Co-écrit par Luis Moya et Agustín Martínez d’après le roman publié par ce dernier, ce thriller policier, récompensé par le prix du public au festival de Luchon et disponible sur myCanal, nous plonge dans une intrigue captivante dont les rebondissements se conjuguent à l’exploration minutieuse de la psychologie des personnages.
Dans le village pyrénéen de Monteperdido, Ana et Lucia, âgées de onze ans, sont enlevées sur le chemin de l’école. Cinq ans plus tard, la réapparition d’Ana rouvre l’enquête. Le lieutenant Santiago Bain (Francis Lorenzo) et la sergente Sara Campos (Megan Montaner) sont dépêchés depuis Madrid pour identifier le ravisseur et retrouver Lucia. Poussés à collaborer avec Victor Gamero (Alain Hernández), caporal de la Guardia Civil locale, ils vont se heurter à l’hostilité d’habitant.e.s prêt.e.s à tout pour dissimuler leurs secrets.
L’Espagne, une terre de séries en ébullition
Si l’on retrouve dans La Caza l’influence des polars scandinaves qui ont fait frémir les années 2010 dans la lignée de Millenium ou The Killing, et qu’elle fait sienne les attendus du « thriller ancré dans une petite communauté rongée par de sinistres secrets », elle s’inscrit de façon cohérente dans l’ébullition créative qui saisit télévision espagnole depuis quelques années.
Qu’il est loin le temps où les fictions ibériques étaient rythmées par les pas de danse d’une bande d’acteur.ice.s aux sourires ravageurs et les entrechats émotionnels des telenovelas grand public ! Boosté par le succès international d’un certain cambriolage masqué, le pays est en train de s’imposer, à l’instar d’Israël ou de ses cousins scandinaves, comme une terre de séries particulièrement féconde. Ce renouveau touche tous les genres, de la fresque historique (L’Espionne de Tanger) à la comédie dramatique (Perfect Life) en passant par le fantastique pour ados (Paraíso).
Plus récemment, des propositions audacieuses sont venues sonder l’inconscient politique d’un pays hanté par les fantômes de l’Histoire. Brûlante d’actualité, Antidisturbios interroge les violences d’État en dénouant les mécanismes d’une bavure policière, quand Patria sonde avec finesse les blessures de la communauté basque à travers l’histoire de deux familles liées par un assassinat. Si l’on devait synthétiser ce nouveau souffle ibérique, on en pointerait le savoir-faire évident en termes de divertissement, les personnages hauts en couleurs et le rapport dialectique au territoire et à l’Histoire.
Au-delà de l’efficacité avec laquelle elle manie les codes du polar, La Caza trouve dans son ancrage géographique une résonnance plus large, confrontant le regard citadin des enquêteur.ice.s à une ruralité enclavée (montagnarde ou insulaire), attachée à ses traditions et régie par un fonctionnement autarcique.
Dans le sillage de Sara Campos
Un an après la résolution de l’affaire des disparues de Monteperdido, La Caza Tramuntana, diffusée depuis le 6 décembre sur Polar+, nous entrainera dans les montagnes de l’île de Majorque. Le sergent Selva met le pied dans un village aux secrets bien gardés : arrivée quinze jours plus tôt, sa collègue Sara Campos a disparu alors qu’elle enquêtait avec son ami Victor Gamero sur le meurtre de Bernat Cervera, un notable du village assassiné devant trois adolescentes.
Toute en fausse pistes et retournements imprévisibles, l’intrigue, éclatée cette fois en une double temporalité, n’offre pas au spectateur le loisir de décrocher. Alors que se dessinent les ramifications d’une conspiration pédophile dont la clef pourrait se trouver dans un souvenir d’enfance de Sara, on se prend à relever chaque indice, à passer au crible les déclarations des suspects et à émettre des hypothèses quant à l’identité du coupable. Tâche souvent déceptive : régi par une valse des apparences trompeuse, le village de Tramuntana est un labyrinthe dont il est difficile de trouver la sortie.
Si la série nous colle à la peau, c’est aussi grâce à sa galerie de caractères singuliers. Dans un mélange de fragilité post-traumatique et de candeur, les trois adolescentes témoins du meurtre de Bernat distillent une aura de mystère qui rappelle celle qui entourait l’Ana de Monteperdido. Felix Gómez se montre convainquant dans son rôle de flic blasé et borderline, quand Alaín Hernandez offre, par sa droiture morale et sa pugnacité, un relai évident au spectateur.
Mais c’est véritablement Megan Montaner, connue pour avoir interprété le rôle de la sage-femme Pepa dans la série Le Secret avant de rejoindre la distribution chorale de Grand Hôtel, qui irradie dans sa composition autour du personnage de Sara Campos, flic surdouée à la santé psychologique fragile hantée par des souvenirs douloureux.
Plus sinueuse mais aussi plus riche en action que la précédente, la double enquête dépliée par La Caza Tramuntana devrait nous entrainer dans ses filets pour de longs soirs de visionnage.
À retrouver en ce moment sur POLAR+, disponible avec CANAL+
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