Connu en France pour son rôle de macho porté sur les cigares et les bonnets D dans la série “How I Met Your Mother”, Neil Patrick Harris a plus d’un tour dans son sac. Enfant-star passé par Broadway, magicien émérite, icône gay, papa comblé, et désormais présentateur des Oscars, il revient sur ses nombreuses aventures dans une biographie interactive, où le lecteur est son propre héros.
Vous souvenez-vous des livres-jeu dont vous étiez le héros? “Allez page 64 pour embrasser une sirène. Page 43 pour tondre un mouton”. Vous choisissiez le chemin, et donc vous choisissiez la fin. Neil Patrick Harris vous propose de revisiter sa vie de la même manière, au gré de vos envies. À l’heure où, de Tina Fey à Alan Cumming en passant par Nick Offerman, les biographies d’acteurs constituent à elles seules tout un pan de la littérature contemporaine, voilà une méthode originale pour distinguer les mémoires de Barney Stinson d’autres exégètes du showbiz.
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Et il faut dire que ce n’est pas triste. Bien sûr l’acteur propose une version alternative à sa bonne fortune, si vous êtes d’humeur plutôt sadique. Page 19, il s’imagine ainsi en cuisto dans un centre commercial, divorcé quatre fois (deux mariages hétéros, deux mariages gay) à fantasmer sur l’acteur qui joue dans cette série géniale, How I Met Your Mother. Oui, cet acteur si drôle, Dustin Diamond, aka Screech dans Sauvés par le gong (et accessoirement la Némésis absolue de NPH).
Un bébé qui pèse le poids d’un Emmy award
Si vous voulez la version optimiste – et réelle, vous pouvez passer par le chemin plus classique récapitulant l’enfance heureuse de l’auteur. Neil Patrick Harris vient au monde le 15 juin 1973 à Albuquerque, Nouveau-Mexique. Il pèse 3,17 kilos, “soit le poids exact d’un Emmy award”. “Coïncidence? Oui… Mais un fait réel? Non”. Un môme joyeux, qui idôlatre un grand frère à la fois rebelle et populaire, et qui tombe amoureux d’Annie. Annie n’est pas une petite fille aux jupes trop courtes. C’est une comédie musicale de Broadway narrant en chanson l’aventure d’une orpheline à la recherche de ses parents. Commence alors, page 8, la grande histoire d’amour de Neil avec le “Theater”.
Sa première fois, il n’a même pas dix ans. Il joue alors le rôle de Toto, le chien de Dorothée dans le Magicien d’Oz, dans la production montée par le lycée de son frère. “À partir de ce moment là, tu n’auras plus jamais besoin d’être convaincu pour faire n’importe quoi qui puisse engendrer les applaudissements d’un public d’inconnus”. L’été, ses profs l’enrôlent dans un camp de vacances pour les étudiants de l’université du Nouveau-Mexique (p. 17). Il n’a que 13 ans. Neil se fait remarquer par un directeur de casting. Page 33, il tourne son premier film avec Whoopi Goldberg, Le Secret de Clara. Et reçoit sa première mauvaise critique de la plume du critique ciné le plus renommé d’Amérique, Roger Ebert. Rebelotte avec son deuxième film, Purple People Eater, page 42.
Les rêves de cinéma s’écartent au profit de la télé. On lui propose le rôle d’un médecin de 16 ans surdoué, Doogie Howser. NPH apprend à baragouiner le japonais (p. 47), accoucher des bébés, et surtout roule ses premières galoches. Doogie a ses entrées au Viper room, où il se torche la gueule avec Shannen Doherty, Stephen Dorff et même Punky Brewster. Les enfants-stars règnent sur l’époque : la fille qui lui fait perdre sa virginité en 4 minutes et demie l’appelle Doogie (p. 60).
Le “bro” le plus drôle de la télé américaine
Le lecteur a deux choix : suivre le futur Barney Stinson dans une orgie fantasmée de prostituées saupoudrée de quaaludes (p.102), ou découvrir qu’il est gay (p. 107). On choisit la deuxième option. Une immersion à Broadway plus tard, NPH se frotte enfin à un garçon et ose les forums homos sur AOL. Après un flirt poussif, il se fiance à David Burtka en 2004, une relation tenue secrète jusqu’à ce que Perez Hilton l’oute quelques années plus tard (p. 193).
Entre temps, NPH est devenu l’hétéro-beauf le plus drôle de la télé américaine (p. 153). Après une petite traversée du désert, l’acteur migre à Los Angeles, espérant grapiller un rôle dans une série type Six Feet Under. Point de drama, son salut passera par la sitcom. Pendant 9 ans, Barney Stinson se forge une place de choix dans la culture populaire américaine, essaimant punchlines, Bro Codes, et un amour incommensurable pour les costumes italiens.
NPH, host en chef
Auréolé d’une réputation de showman prêt à tout, on lui confie la présentation des Emmy awards en 2009 (p. 269). Il danse, il chante, il blague, il charme : le présentateur idéal est né. Au point où le type se forge quasiment une carrière dans les cérémonies de remises de prix : deux fois les Emmy, quatre fois les Tony awards, qui récompensent les comédies musicales US. Pour preuve, l’excellent numéro “It’s not just for gays anymore” qui ouvrait les Tony en 2011 :
NPH en profite pour se frayer un petit passage côté ciné : la série des Harold & Kumar, celle des Schtroumpfs, puis avec sa pote Sarah Silverman dans Albert à l’ouest. Après HIMYM, il s’amuse aussi à Broadway dans la comédie musicale Hedwig and the Angry Inch, qui lui rapporte même un Tony. La bio s’arrête avant l’aventure Gone Girl, où l’acteur joue une bonne poire obsédé par Rosamund Pike. Alors qu’il prépare une émission de variété pour NBC, l’ex Stinson se retrouve – malgré lui – en maître de cérémonies des Oscars. Un rêve devenu réalité pour le môme d’Albuquerque.
Mathilde Carton
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