Située cinq ans après “Paris 1900”, cette saison 2 effectue une coupe sociologique de la capitale rongée par la syphilis et d’une Belle Époque aux ombres pénétrantes.
Paris, la veille de Noël 1904. Les autorités demandent au préfet de police Lépine (Marc Barbé) de vider les rues de leurs prostituées le temps des fêtes, considérant qu’elles nuisent à la tranquillité et à la réputation de la ville. S’exécutant avec trop de zèle, des agents embarquent une fille mère dont le bébé décède pendant la garde à vue. Au même moment, le cadavre d’un homme est retrouvé au bois de Boulogne, le visage marqué par de multiples impacts de balles. L’inspecteur Antoine Jouin (Jérémie Laheurte), chargé de l’enquête, recourt aux services de son ancien acolyte Fiersi (Thibaut Evrard) et se glisse dans un territoire clandestin où le Tout-Paris vient assouvir ses pulsions.
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Après avoir croqué la République, prise en étau entre les ligues nationalistes antisémites et la menace anarchiste dans le sillage de l’affaire Dreyfus, la série créée par le scénariste Fabien Nury continue d’explorer les zones d’ombre de la Belle Époque à travers ses intrigues policières. Servie par la précision de son travail de reconstitution, Paris Police 1905 effectue un bond de cinq ans dans le temps et distille son intrigue comme un poison insidieux, préférant aux morceaux de bravoure les glissements secrets qui modèlent les hommes et les femmes, et la société.
Dans les brumes de la corruption
Dépouillée des scènes chocs qui rythmaient Paris Police 1900, cette deuxième saison se concentre sur la façon dont l’action se noue au cheminement psychologique et émotionnel de ses personnages. Le climat importe plus que l’enquête, et la toile plus que le motif : nimbée d’un éclairage brumeux qui plonge les décors dans un sfumato permanent et donne aux personnages des airs de fantômes blafards, la série en devient presque atmosphérique, grattant le vernis de l’époque pour montrer ce qui la ronge de l’intérieur.
En l’occurrence la syphilis, qui relie les victimes des différentes affaires et met au jour l’homophobie institutionnalisée de la police, dont l’une des missions consistait à pourchasser les homosexuels du bois de Boulogne. La corruption, autre mal de ce temps, qui s’instille dans tous les rouages de la police et la fait baigner dans un climat de suspicion permanent. Et enfin, la violence d’une société patriarcale qui maintient les femmes dans une situation de précarité par rapport aux hommes et les pousse à se battre pour chaque parcelle de liberté.
Âmes inquiètes
Arrimés à des personnages en deuil (Lépine), en crise (Jouin) ou en colère (Meg Steinheil), les six épisodes déploient leurs visions dans des zones troubles, chevillent leurs interrogations à des âmes inquiètes et approchent la vérité par des détours sinueux. “Comment ne pas se laisser contaminer par le vice ?”, se demandent-il·elles de concert dans le froid de l’hiver. En sortant le polar de ses tropes convenus pour se concentrer sur la fresque sociologique qu’il esquisse, Paris Police 1905 distille un parfum aussi vénéneux qu’entêtant.
Paris Police 1905 de Fabien Nury, avec Jérémie Laheurte, Évelyne Brochu, Marc Barbé. Sur Canal+ à partir du 12 décembre.
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