L’entraîneur de soccer interprété par Jason Sudeikis est de retour dans une nouvelle saison qui se déploie superbement, au-delà des clichés masculinistes.
L’art des losers est un art en soi. En série comme en sport, tout le monde sait que les plus belles épopées sont parfois celles où personne ne soulève la coupe. Apparue l’été dernier alors que nous regardions ailleurs, Ted Lasso a mis en scène cette dynamique dans sa fiction mais pas dans la réalité.
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Lors des derniers Golden Globes, elle a été nommée triomphalement parmi les meilleures comédies de l’année, tandis que son acteur principal, Jason Sudeikis, remportait la statuette du meilleur acteur. Il n’empêche, voici un exemple de panache et d’amour du raté qui nous ravit.
Trouver sa place
Tout commence quand un coach de foot américain (celui qui se joue avec des casques) se retrouve nommé à la tête d’une équipe de première division anglaise de football (le vrai) par la femme de l’ex-patron du club, fraîchement divorcée. Il n’a rien à faire ici a priori, mais c’est précisément le sujet de la série. Quelle peut être notre place dans le monde quand rien ne nous destine à être là où nous sommes ? Comment trouver du plaisir dans une géographie inconnue ?
Nul besoin de traverser l’Atlantique pour cela, mais c’est ce que Ted Lasso – tel est le nom du coach – a fait, passant finalement l’intégralité de la première saison à accepter que rien ne le retenait ailleurs qu’à Londres et qu’il doit vivre avec ces joueurs d’un sport qu’il connaît à peine, entouré d’Anglais·es arborant un sourire vaguement condescendant à son arrivée chaque matin. Il faut dire que ce mec est plein d’une positive attitude d’Américain à moustache.
La gentillesse de Ted Lasso est devenue un argument marketing pour Apple, qui en a joué dans les teasers de la deuxième saison. On ne peut nier que ce personnage bienveillant nous change de 90 % des modèles proposés dans les séries depuis vingt ans, mais la gentillesse n’a d’intérêt ici qu’en tant que construction politique.
De ce point de vue, il faut donc aller plus loin que l’image du type sympa et comprendre que la masculinité de Ted Lasso se construit d’abord par le dialogue, l’échange, l’écoute, des qualités d’autant plus rares qu’elles se déploient dans le lieu assez méconnu qu’est un vestiaire de foot.
La série est plutôt fine dans sa manière de soulever délicatement ce qui repose sous les clichés
Ce qu’on imagine comme un temple du masculinisme devient un territoire dynamique où toutes les discussions sont possibles. Toute la série en profite, plutôt fine dans sa manière de soulever délicatement ce qui repose sous les clichés – celui de la femme de footballeur ; celui de l’amitié masculine fondée sur la rivalité ; celui de la femme de pouvoir, à travers l’excellente Hannah Waddingham, qui incarne la propriétaire du AFC Richmond, le club virtuel de la série.
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Attachante, très drôle (l’un de ses créateurs, Bill Lawrence, a signé Scrubs), sentimentale en diable, Ted Lasso promet dans sa nouvelle saison de creuser tous ses personnages à égalité, en acceptant leurs échecs à venir. Voici déjà l’une des plus belles séries actuelles. Et si elle devenait grande ?
Ted Lasso saison 2 de Bill Lawrence et Jason Sudeikis, avec ce dernier, Hannah Waddingham, Brendan Hunt. Sur Apple TV+ à partir du 23 juillet
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