Rencontre avec son actrice principale et cocréatrice, Rachel Bloom.
L’arrivée de Crazy Ex-Girlfriend sur les radars français, un an et demi après ses débuts américains, ne peut être qu’une bonne nouvelle. C’est l’occasion de découvrir une série à la fois familière (l’histoire d’une jeune femme en quête d’amour et de sa propre définition de la liberté) mais aussi absolument nouvelle dans sa manière de mêler un canevas de comédie romantique avec des élans assumés de comédie musicale. Dans chaque épisode de Crazy Ex-Girlfriend, l’héroïne Rebecca Bunch entraîne avec elle les autres personnages dans un monde soudainement enchanté.
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Au départ, on pourrait presque prendre cette fille pour un cliché. Avocate new-yorkaise en pleine réussite, elle décide de quitter la grande ville pour retrouver Josh, qui mène une vie tranquille en Californie. Sauf que Josh n’est pas au courant : il a eu une aventure avec elle durant une colonie de vacances il y a une décennie et l’a larguée à la fin du séjour.
Vidéos musicales ultraféministes et ultradrôles
Elle ne s’en est jamais remise et souffre de dépression. La série travaille minutieusement ce matériau, “l’amour et l’obsession”, selon l’expression de l’actrice principale et cocréatrice Rachel Bloom, rencontrée récemment à Paris. Après une formation à NYU, cette néotrentenaire a été repérée grâce à ses vidéos musicales ultraféministes et ultradrôles sur YouTube, surtout l’une d’elles intitulée Fuck Me, Ray Bradbury.
Quelques jobs de scénariste plus tard, Bloom a l’occasion de lancer sa propre série avec Aline Brosh McKenna. “Nos expériences personnelles traversent l’écriture. La première chose, c’est que nous ne déifions pas l’amour dans Crazy Ex-Girlfriend. La série parle d’une jeune femme qui croit que certaines choses la rendent heureuse. Très vite, elle dépasse ces normes et cherche ce qui la fait vraiment vibrer. Comme je viens de la comédie musicale et Aline de la comédie romantique, deux genres prompts aux clichés, nous utilisons leur structure pour nous glisser sous la peau des choses et trouver les zones grises, les nuances de la vie.”
Responsabilité sociale et politique
Alors que la série est diffusée en Amérique sur la chaîne pour ados CW, Rachel Bloom se sent une responsabilité sociale et politique, après une expérience de spectatrice assez particulière… “Aline et moi sommes féministes, donc Crazy Ex-Girlfriend l’est aussi. Pour moi, le féminisme est un humanisme. Chacun a le droit fondamental à la joie et au bonheur. Du point de vue de l’écriture, j’essaie de mettre en place ce que j’aurais aimé voir quand j’étais ado. J’ai beaucoup regardé Sex and the City, et j’ai trouvé cela socialement irresponsable de montrer l’héroïne, Carrie, terminant avec Mr. Big.
“Depuis longtemps, leur relation était fondée sur des abus émotionnels, et pourtant à la fin, ils se retrouvent à Paris comme dans un conte de fées. A cette époque, j’étais obsédée par un mec dont je me disais qu’il était mon Mr. Big. Je ne blâme pas Sex and the City pour mes problèmes perso, mais je pense que les médias ont une influence, surtout quand il s’agit de l’amour et de ses représentations. Je veux proposer quelque chose d’un peu nouveau en m’adressant à l’ado que j’ai été, en parlant ouvertement de vagin, de règles, de corps non formaté, de sexe pas forcément génial…”
“Une époque passionnante”
Alors qu’une troisième saison a été commandée, Crazy Ex-Girlfriend ne faiblit pas et s’inscrit dans une vague de séries féminines que Rachel Bloom admire et défend. “Je n’avais jamais vu quelque chose comme ce qu’a fait Lena Dunham dans Girls pendant six saisons. Je regarde Broad City, Transparent, Catastrophe. Aujourd’hui, beaucoup de créatrices peuvent parler de leur vie avec honnêteté, candeur et frontalité. C’est une époque passionnante.”
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