La série de Charlie Sheen ne reprendra pas cette année après les esclandres délirants de l’acteur contre le créateur du show. Alors que la série avait cessée toute activité depuis dix jours, l’acteur a été officiellement remercié par Warner Bros hier. Récit d’une tragi-comédie.
« J’encourage tous mes beaux et loyaux fans, qui ont aimé cette série depuis presque dix ans, à marcher à mes côtés vers la justice pour remettre en cause cette iniquité. »
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A lire cette diatribe enfiévrée de Charlie Sheen, on se dit que des choses graves ont dû se passer à Hollywood. En fait, depuis deux mois, Mon oncle Charlie, la sitcom la plus regardée aux Etats-Unis, traversait une zone de turbulences.
Fin février, la chaîne leader des networks publie un premier communiqué laconique mais parlant : “En raison des déclarations, du comportement et de l’état général de Charlie Sheen, CBS et Warner Bros. Television ont décidé de stopper la production de Mon Oncle Charlie pour le reste de la saison.”Et hier, le couperet tombe dans un secodn communiqué annonçant officiellement le renvoi de Charlie Sheen : »Après un examen attentif, Warner Bros. Television a mis fin au contrat de Charlie Sheen sur « Mon oncle Charlie », avec effet immédiat« .
Mais que reprochent donc les huiles de CBS à l’homme qui leur permet de se remplir les poches et de partir chaque année en vacances en jet privé ? D’avoir été lui-même, voire davantage, ce qui n’est pas rien. En janvier, Sheen avait effectué un séjour en centre de désintoxication – ses problèmes avec l’alcool et la drogue sont connus depuis les années 90 – mais il devait reprendre le travail pour tourner les huit épisodes restant dans la saison en cours de Mon oncle Charlie (la huitième) à partir du 21 février.
Estimant qu’il n’en était pas capable, le créateur et showrunner de la sitcom, le très expérimenté Chuck Lorre (Dharma & Greg, Big Bang Theory, etc.), a mis son veto. Derrière ses lunettes teintées, Sheen a frappé aux portes du tournage, sans pouvoir le faire changer d’avis. La suite ? Une cascade de reproches et d’injures de la part de l’acteur, par toutes les voies médiatiques imaginables.
Morceaux choisis : “Chuck Lorre est un asticot ! (…) Clairement, j’ai écrasé ce ver de terre avec mes mots. Imaginez ce que j’aurais pu faire avec mes poings qui crachent le feu. (…) La dernière fois que j’ai vérifié, Chaim (de manière ambiguë – au mieux –, Sheen appelle le scénariste par son prénom hébreu– ndlr), j’ai passé la dernière décennie à transformer tes boîtes des conserves en or. Et toute la gratitude que j’en retire, c’est que ce charlatan décide de ne pas faire son boulot.”
A l’heure actuelle, Charlie Sheen est persona non grata aux studios Warner de Burbank, dans la vallée de Los Angeles. Mais il s’en fout. Il fait comme si de rien n’était. Il a viré son attaché de presse. Il brandit des analyses d’urine en direct sur CNN pour bien montrer qu’il est clean. L’acteur estime qu’il est “sous-payé” et demande 3 millions de dollars par épisode pour tourner dans la série dont il vient de se faire virer. Explique ensuite que c’était une idée stupide. Menace tout le monde de procès. Punky Charlie !
Dans un mélange de fascination et de puritanisme (Sheen aime aussi les actrices porno, les putes, et plus si affinités), sites, journaux et chaînes de télés US tournent en boucle.
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L’histoire d’Hollywood est pleine d’excentriques plus ou moins impossibles, mais le pétage de plombs de Sheen paraît chaque jour plus digne de figurer dans une version moderne d’Hollywood Babylon (célèbre livre de Kenneth Anger consacré aux scandales des années 30 et 40).
Cette affaire éclaire aussi l’intense pression pesant sur les épaules des acteurs et scénaristes de séries sur les grandes chaînes. Ceux-ci travaillent plus que de raison pour tourner plus de vingt épisodes par an. Le cash appelle donc le crash. Et comme l’a expliqué le toujours parfait Kurt Sutter (scénariste de Sons of Anarchy) sur son blog : “La relation entre l’acteur principal et le showrunner ressemble à un mariage (…) Comme tout mariage, c’est soit le bonheur de la symbiose, soit un bordel infernal.”
De quoi mal finir, en somme. Et laisser une série plutôt rigolote entrer au cimetière prématurément.
Olivier Joyard
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