L’adolescence de l’héroïne de « Sex and the City » Carrie Bradshaw vue par les créateurs de « Gossip Girl ». Une curiosité pas encore aboutie, avec une comédienne à suivre.
Les cinéphiles les plus pervers ont peut-être tremblé devant un titre évocateur du chef-d’oeuvre de Brian De Palma, Carrie au bal du diable, qui a éclaboussé les écrans de cinéma en 1976. Mais les sériephiles les plus renseignés savaient déjà de quoi il en retourne. S’il est bien question là aussi d’une adolescente et de virginité (l’une des répliques phare du premier épisode plante le décor : « Est-ce que je suis la seule vierge ? »), The Carrie Diaries n’est ni de près, ni de loin un remake du film d’horreur culte. Il s’agit d’un prequel aux aventures de Carrie Bradshaw, l’héroïne de Sex and the City, qui met en scène sa vie de lycéenne entre le Connecticut et Manhattan dans les années 80.
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En panne totale d’inspiration, la télévision américaine hors câble chic et choc (HBO, Showtime, AMC) ressent un besoin pressant de reprendre à la racine des histoires préexistantes. Paniquées à l’idée de partir de rien, les chaînes préfèrent se fonder sur quelque chose, même si ce quelque chose se révèle très imposant. C’est ainsi que débarquera au moins de mars l’excitante (un peu) mais inquiétante (aussi) Bates Motel, qui a la drôle d’idée d’ausculter la relation entre Norman Bates, le héros de Psychose, et sa mère quelques années avant le génial film d’Alfred Hitchcock. Le monument revisité par les concepteurs de The Carrie Diaries, Stephanie Savage et Josh Schwartz, anciens de The OC et de Gossip Girl, est moins impressionnant. Mais pas insignifiant. Créée par Darren Star et diffusée entre 1998 et 2004 sur HBO, Sex and the City a reformulé les enjeux de la comédie romantique, télévision et cinéma confondus, et ouvert la voie aux personnages féminins plus crus et plus fous qui pullulent aujourd’hui sur le petit écran. Le mélange d’élégance et de trivialité qui caractérisait Carrie et ses copines a marqué une époque encore habituée aux séries à point de vue unique.
L’ambition de The Carrie Diaries n’est certainement pas de renouveler le coup de force de sa devancière. Le pilote, diffusé le 14 janvier sur CW (une chaîne en priorité destinée aux adolescents), ne contient aucun excès de langage, puisque tout juron est illégal sur les networks. Et il faut beaucoup d’imagination pour apercevoir l’ombre d’un sein.
Du point de vue du récit, rien ne pourrait être plus classique. Carrie version années 80 est une ado endeuillée par la perte de sa mère qui, pour se changer les idées, commence un stage à Manhattan. Elle continue à fréquenter son lycée situé à une heure de route, une distance qui lui apparaît très vite comme l’équivalent de plusieurs années-lumière tant les vibrations y sont radicalement différentes. New York appartient à cette époque à Madonna et Interview Magazine, deux marottes personnelles de Carrie, qui n’oublie pas de démontrer dès les premières scènes son talent inné pour la mode en customisant un sac. La filiation avec son aînée est à la fois évidente superficiellement et lointaine dans l’esprit. À vrai dire, le territoire arpenté par The Carrie Diaries est moins proche de Sex and the City que des films de John Hughes, sans pour l’instant parvenir à reproduire leur délicatesse.
Le choix d’une actrice au visage non formaté (AnnaSophia Robb) pour tenir le rôle principal est finalement ce qui rapproche le plus cette nouvelle version de l’ancienne. La présence parfois étrange de Sarah Jessica Parker rendait Sex and the City d’emblée passionnante. Ici, il faut quelques scènes pour que cette actrice inconnue impose sa démarche un peu brutale, ses éclats de rire singuliers. C’est d’abord pour la voir grandir que l’on continuera à regarder cette Carrie nouveau genre.
The Carrie Diaries Chaque lundi sur CW
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