Caroline Proust interprète le personnage le plus intéressant de la télé française : Laure Berthaud dans Engrenages. Cela valait bien une rencontre.
Si Engrenages fait plutôt du bien à la fiction française, c’est entre autres parce que, contrairement aux séries de flics habituelles, y compris made in Canal+ (Braquo et son univers ultra- masculin en tête), elle parvient à faire exister des personnages féminins désirables et désirants sous ses atours de thriller glauque. Miracle, la série s’attache même à les faire grandir.
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Dans ce contexte neuf à l’échelle de la télé hexagonale, les regards se portent naturellement vers la rousse sursexuée Joséphine Karlsson (Audrey Fleurot), une avocate toujours plus corrompue. Mais notre chouchoute a la bouche plus dure et les jambes un peu moins longues. Elle est pourtant devenue l’héroïne discrète de la série depuis la saison 2 et explose dans la troisième saison.
Laure Berthaud est une capitaine de police hargneuse jouée par une actrice animale, Caroline Proust, capable de mêler une fureur profonde à une mélancolie sans issue.
“Le personnage a été un peu laissé de côté en cours de saison 1, mais tout a changé quand les scénaristes ont été remplacés par une scénariste, Virginie Brac. Elle a accepté de venir à condition de développer les personnages féminins. Pour la saison 3, Virginie a quitté le navire mais la direction reste la même”,
a raconté l’intéressée, aussi cash que son double, lors du Festival TV de Monaco.
Berthaud mène l’enquête principale de la saison 3, une histoire pas ragoûtante de serial-killer découpeur de jeunes filles qui la laisse exsangue et hantée. Pour la faire vivre, Caroline Proust a suscité en permanence le mouvement, forçant la mise en scène à inventer des stratagèmes pour tenir son rythme.
“Avec Thierry Godard (Gilou), nous sommes en recherche permanente. Je ne pourrais pas jouer un personnage amorphe, je demande sans cesse des séquences où les personnages courent, comme dans The Shield. On sort de la voiture et il y a un obstacle. On essaie de mettre du piment. Cela me paraît un maillon important du dynamisme de la série, même si je trouve encore qu’il n’y en a pas assez ! Je ne suis qu’une actrice, je fais des demandes, ensuite on m’écoute… ou pas. Mais je reste lucide : tout le monde a envie d’être dans Engrenages. Notre liberté d’expression est supérieure à celle qui existe sur toutes les autres chaînes.”
Une liberté qui va naturellement jusqu’au commentaire sur l’actualité : la plus belle tirade de la saison 3 sort de la bouche du juge (Philippe Duclos), une réflexion acerbe sur la disparition programmée de sa profession. “Dès que la nouvelle a été dans l’air, les scénaristes ont intégré la problématique à leur écriture, raconte Proust. Pour la suite, je trouverais bien qu’on évoque la question des quotas que le gouvernement exige des flics, qui leur rend la vie dure, ainsi qu’à pas mal de citoyens mis en garde à vue.”
La suite ? La chaîne n’a toujours pas donné officiellement son feu vert, même si l’écriture d’une saison 4 est en cours.
Engrenages, saison 3 (StudioCanal, environ 20€)
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