(Interview express) Bluffante dans Dix pour cent, Camille Cottin nous parle de Connasse, de son désir de théâtre, de féminisme et de Robin Wright.
La série Dix pour cent diffusée sur France 2 connaît à la fois un succès critique et public. Vous attendiez-vous à une telle réception ?
Camille Cottin – On est toujours heureusement surpris d’un succès, c’est difficile à anticiper. On a essayé de faire un truc chouette, sans baisser les exigences pour faire plus populaire. Ce n’est pas une série de détective ni un policier. Elle part de l’envie de l’ancien agent Dominique Besnehard de parler d’un milieu bien précis, de l’envers du décor du cinéma.
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Vous avez connu le succès avec votre personnage dans Connasse, pastille humoristique diffusée sur Canal+. Diriez-vous que l’agent Andréa Martel que vous interprétez dans Dix pour cent est un genre de connasse ?
Non, pas du tout. Elle est certes sans filtre, soit un des attraits du personnage de Connasse. Mais Andréa Martel est aussi très engagée et passionnée. Elle défend un idéal de cinéma. Au-delà du fait de s’occuper des stars, les agents sont acteurs de l’évolution d’un certain cinéma, se battent pour faire exister des films. Les motivations de la Connasse sont égocentriques.
Entretenez-vous des relations aussi passionnelles et fusionnelles que les acteurs connus de la série avec leurs agents ?
Quand même pas. On ne m’a pas accompagnée aux impôts, on n’est pas venu me chercher dans un sauna. Dans la série, l’agence a vraiment des gros calibres – Cécile de France, JoeyStarr…
Vous n’êtes pas assez big pour faire des “caprices” de stars ?
Peut-être que je n’en ferais pas (rires)… Peut-être que quand on est une star très exposée médiatiquement, on a besoin d’être protégée. Au-delà du caprice, les agents ont un rôle de bouclier.
Même en 2015, un personnage principal de lesbienne – le vôtre – dans une série populaire en prime time sur France 2 n’est pas commun…
On parle de ses histoires d’amour, l’homosexualité n’est pas au centre du débat. Le problème, c’est qu’elle est instable émotionnellement et qu’elle a du mal à s’engager. Elle a l’impression que vivre à deux va entraver sa liberté dans le travail, mais être en couple avec une femme n’est pas le sujet. En ça, c’est moderne et ça fait du bien.
Avez-vous déjà signé la saison 2 ?
Il faut d’abord que la chaîne la commande, que les auteurs écrivent et qu’ensuite, ils nous demandent.
Quelles sont vos séries et personnages préférés ?
Je fais partie du fan-club de Game of Thrones. Et dans House of Cards, je trouve Robin Wright démente dans la peau de cette femme froide dévorée par l’ambition. D’autant qu’elle est à l’opposé de son personnage. Elle dit qu’elle a souvent refusé des rôles pour s’occuper de ses enfants. A son âge, elle peut s’occuper d’elle-même.
Dans un des épisodes, Audrey Fleurot doit retravailler pour payer ses impôts, elle trimbale ses enfants partout. C’est un problème pour les actrices ?
Je viens d’avoir mon deuxième enfant. Soudain, on se dit que tourner loin de Paris devient un problème, que travailler la journée et même sortir le soir, aussi. Là, je suis sur un tournage et je porte deux gaines, pas une (rires).
Vous tournez quoi en ce moment ?
Ça s’appelle Cigarettes & chocolat chaud, c’est le premier long métrage de Sophie Reine. Je joue une assistante sociale. C’est une comédie d’auteur qui aborde des thèmes graves dans un univers déjanté, coloré et plein d’humour. Un papa veuf cumule deux boulots pour élever deux filles dont l’une a le syndrome de Gilles de la Tourette. C’est pas du Judd Apatow mais on se marre quand même !
Avez-vous vu les scénarios de films s’accumuler sur votre bureau ?
Oh oui, je ne vois même plus la porte (rires) ! J’ai des propositions forcément. Ça reste pas mal dans le registre du comique. J’adore les comédies mais j’ai aussi envie d’aller ailleurs. J’ai une de ces faims (rires) !
Suivez-vous des comiques ou des acteurs en particulier ?
En fait, j’aime beaucoup les comiques mais avec Connasse, je me suis retrouvée propulsée humoriste alors que je ne le suis pas ! Sinon, j’adore des actrices comme Emma Stone, incroyable dans Birdman, et Cate Blanchett…
Dans le premier épisode de Dix pour cent, Cécile de France a des problèmes à cause de ses 40 ans. Vous avez connu le succès sur le tard… Vous y croyiez encore ?
A un moment, je me suis dit que ce n’était pas grave, qu’il y avait mille façons de faire mon métier sans être connue. J’avais pour ambition d’être reconnue sur les planches car j’ai une formation de théâtre classique. Je vais faire en novembre un remplacement au Théâtre de la Tempête dans le spectacle Idem. Igor Mendjisky, le metteur en scène, joue d’ailleurs dans l’épisode 6 de Dix pour cent. Sa pièce traite de l’identité. Je joue la femme d’un homme pris en otage.
Avec quels metteurs en scène aimeriez-vous jouer ?
J’admire Thomas Ostermeier et Joël Pommerat.
Avez-vous l’impression de faire partie d’une nouvelle vague de femmes auteurs et actrices ?
Connasse était un programme 100 % féminin. Dix pour cent est une série chapeautée par Fanny Herrero… J’espère qu’il va y avoir de plus en plus de femmes qui écrivent et réalisent… Je me sens très féministe même si ce n’est pas la motivation première dans mon travail.
Si je rencontre un comportement machiste, cela va immédiatement éveiller la féministe qui sommeille en moi, mais je ne suis pas dans la revendication de “faire des trucs de meufs pour les meufs” même si j’adore travailler avec des filles. Avoir une héroïne homo, asseoir cette homosexualité comme quelque chose d’acquis, c’est militant en soi.
Vous avez clos votre compte Twitter, pourquoi ?
Ah bon ? Je suis une cata sur Twitter. J’ai un copain qui a ouvert un compte à mon nom, je n’y vais jamais, je ne savais même pas qu’il était supprimé. Ma sœur me fait des petits comptes-rendus en ce qui concerne Dix pour cent. Quelqu’un a twitté : “J’adore tes cheveux.” Ce qui nous a bien fait rire parce qu’on a toutes les deux des cheveux d’une nature épouvantable.
Vous avez un homonyme, un ancien joueur de foot de l’équipe de Reims dans les années 40. Suivez-vous le foot, le sport en général ?
Nan. Je sais qu’hier il y avait le PSG et qu’ils ont fait 0-0. Une des auteures de Connasse était au Parc, depuis que je la connais je me tiens plus informée. Quand le PSG perd, son mec est hyper déprimé, ça influe sur leur vie de couple.
Dix pour cent – Episodes 5 et 6 le 28 octobre sur France 2 et jusqu’au 4 novembre en replay sur pluzz.francetv.fr/france2
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