Vingt ans après, Brandon de Beverly Hills s’encanaille dans une série canadienne dévergondée. Rencontre nostalgique.
On a passé tous nos samedis des années 90 à espérer qu’il finisse par déblatérer des insanités tout en sniffant de la coke sur les fesses d’une fille en string. Mais ce n’est jamais arrivé : Brandon Walsh, son personnage de Beverly Hills, vivait à une époque où les séries, a fortiori les teen shows, ne savaient pas encore que les pulsions contradictoires faisaient le meilleur des héros. Et il y avait déjà un ange noir dans Beverly Hills (Dylan McKay, of course), alors Brandon Walsh devait tenir son rang de gendre idéal. Ce qu’il fit pendant huit ans (sur les dix qu’a duré la série), prouvant son endurance.
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Tout ce qu’il n’a pas pu faire à l’époque, le néo-quadra le fait aujourd’hui dans une série de HBO Canada, Call Me Fitz. Maintenant que les années ont un peu creusé son visage d’Américain bon teint (en fait il est canadien), et que les nineties ont englouti Kelly, Donna, leurs jeans 501 et leurs chouchous dans les cheveux, Jason Priestley s’encanaille dans cette série loufoque où il interprète un vendeur de voitures queutard et magouilleur. Facile de voir poindre quelques modèles, le californiqueur Hank Moody en tête ; facile aussi de tracer les limites : une certaine surenchère dans le politiquement incorrect à la sauce câble. Mais heureusement, le traitement par l’absurde (ainsi qu’une beauté graphique inattendue dans la façon de filmer le paysage anodin nord-américain) rend la chose plutôt sympathique. Et puis Jason Priestley y est émoustillant, barbe de trois jours et lunettes noires, dans la panoplie du “parfait petit connard”.
http://www.youtube.com/watch?v=QvOcuiJgDg8
On imagine que cela lui a fait du bien, mais, installé dans le canapé d’un hôtel parisien, il répond calmement qu’il a mis Brandon Walsh derrière lui depuis longtemps : il a joué dans des tas d’autres séries ces dix dernières années. On se souvient surtout de son apparition fugace dans le clip d’une des meilleures chansons de Britney Spears (Boys, 2001), mais on se retient de le mentionner. Il a été précisé avant l’interview qu’une seule question sur Beverly Hills serait tolérée, alors on attend le moment opportun. Mais Jason Priestley en parle évidemment de lui-même – what else ?
“Chaque acteur trimballe sa carrière avec lui. Le fait que je reste dans l’inconscient populaire le brave garçon de Beverly Hills a probablement dû m’aider à décrocher ce rôle. Une envie de retourner le stéréotype. Avoir été Brandon Walsh pendant 249 épisodes, ça aide pour jouer un type désagréable !”
Son bagage l’a aidé cette fois mais ça n’a pas toujours été le cas. Priestley l’a très vite pressenti et a pensé reconversion alors que la série d’Aaron Spelling (le papa de Beverly Hills, mais aussi de Drôles de dames et Dynastie, à ne pas confondre avec Aaron Sorkin !), était encore toute-puissante : “A partir du moment où vous jouez un personnage iconique dans une série iconique, des portes vont se fermer. Donc je me suis mis très tôt à la réalisation, c’était ma police d’assurance.” Il a ainsi réalisé près d’une vingtaine d’épisodes de la série, avant d’en être un des producteurs aux côtés de Spelling, pour éviter que “les personnages plongés dans le coma ou les jumeaux sortis de nulle part ne prolifèrent trop dans les scénarios”.
Depuis, la réalisation occupe la moitié de sa vie professionnelle. Même si aujourd’hui Jason Priestley n’a rien de l’ex-teen star lessivée qu’on peut parfois croiser dans les bars d’Hollywood, il ne peut s’empêcher de lire son personnage par le prisme de l’adolescence : “Oui, Fitz est amoral, mais il est surtout incapable de raisonner. Comme un adolescent attardé. Émotionnellement, il n’a jamais dépassé 15 ou 16 ans. C’est comme ça que je l’approche.” Teenager un jour, teenager toujours.
Call Me Fitz saison 1, à partir du 6 mai à 23 h sur Série Club. Le 1er juin en DVD (Wild Side Video)
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