Dans la saison 2 de Californication, David Duchovny est toujours aussi attachant et répugnant. Un sommet.
Comment parler de Hank Moody à ceux qui ignorent encore son existence ? En expliquant qu’il saute sur tout ce qui bouge et donne des idées mal placées aux garçons comme aux filles ? Qu’il est capable de susurrer à une splendide Californienne un truc pas possible (“Je mouille”) juste pour profiter du moment où elle hésite encore entre le trouver craquant ou vulgaire ?
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Hank Moody provoque plusieurs sensations, la plupart horripilantes et simultanément charmantes. Normal, il est le héros de Californication, une fulgurante série du câble américain, ce royaume certifié des gourmandises polissonnes.
Tout a commencé il y a trois ans, même si la France, comme souvent, n’a pas été des plus accueillante avec les aventures de cet écrivain raté, éternellement queutard et éternellement amoureux de sa femme. La saison 2, diffusée après minuit par M6, sort à peine en DVD alors que la quatrième levée a été commandée par Showtime.
Il est donc temps d’organiser un rattrapage express, par n’importe quel moyen. Car les raisons sont nombreuses de fourrer son nez dans les affres ensoleillées de Californication, si possible sans se tromper de destination (ceci est une blague destinée aux chanceux qui ont vu le premier épisode de cette saison 2).
La première bonne raison s’appelle évidemment David Duchovny. L’ancien enquêteur de X-Files a donné un sens à sa vie d’ex-légende du petit écran en acceptant ce rôle à la fois débonnaire et sexy, celui d’un homme entre deux âges coincé entre deux tendances : l’une, très conservatrice, qui le fait adorer tout ce qui ressemble à une famille (sa femme, sa fille) ; l’autre, beaucoup plus tendancieuse, qui consiste à détruire tout ce que la première lui commande de faire.
Dans son sillage, Californication s’avère donc la plus réac des séries dépravées, ou la plus dépravée des séries réac, selon l’humeur du spectateur. Dramaturgiquement, cela donne une suite de boucles et de montagnes russes, qui racontent à peu près toujours la même histoire (cet homme est-il un ange ou un démon ?), mais avec style. Un style exceptionnel qui la sauve de (presque) tout.
Le créateur Tom Kapinos possède un sens inné du swing. Il sait donner un air improvisé à la scène la plus finement écrite et détourner les conventions, avant de mieux les utiliser pour faire surgir une émotion. Il est capable de faire naître une tension sexuelle des deux côtés de l’écran en une ou deux répliques délicieuses, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Dans ses meilleurs moments, Californication ressemble alors à une comédie romantique trash, une grande partouze de mots et de gestes balancés au gré du vent. Cela ne suffira pas aux amateurs d’ultrarigueur scénaristique, mais les autres, qui estiment que la bonne télé reste l’un des derniers défouloirs du monde libre, sauteront sur l’occasion. Comme le hurle à Hank Moody une animatrice d’émission culinaire accessoirement fan de sexe brutal : “Fuck me like I’m Al Qaeda !”
CALIFORNICATION SAISON 2 (Paramount, environ 30 €)
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