Le quotidien de deux jeunes gens dans l’univers du BDSM : un format court qui a ses qualités mais aurait gagné à être bien moins sage.
Etudiante en psychologie le jour, Tiff devient la nuit tombée une maîtresse de la domination, chargée d’assouvir les désirs d’humiliation de clients aux mœurs sexuelles interlopes.
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Sous l’éclairage tamisé du donjon BDSM new-yorkais dans lequel elle exerce, accoutrée de la panoplie de la parfaite dominatrice (cuissardes réglementaires sanglant ses jambes), la jeune femme pratique l’art ancestral du bondage, et manie la cravache avec autorité.
La radiographie psychologisante de désirs inavouables
Pour assurer sa sécurité, elle engage comme assistant son meilleur ami Pete, un serveur angoissé ayant récemment fait son coming-out, qui verra dans une pratique d’abord intimidante une source d’inspiration inespérée, susceptible de lancer la carrière de stand-upper qu’il courtise autant qu’il redoute.
Moins une plongée radicale dans l’univers du BDSM qu’une radiographie psychologisante des désirs inavouables tapissant souterrainement les amours modernes, Bonding est un brin décevante car jamais véritablement à la hauteur de son sujet.
Ejaculation volcanique
Longtemps cosmétique, la toile de fond sadomasochiste de la série est aussi faussement subversive, et les scènes de domination – dans lesquelles des clients, soumis volontaires, se plient aux consignes autoritaires de Tiff – sont systématiquement désamorcées par le surgissement d’un humour taquin, tournant au ridicule les pratiques déviantes d’hommes (et même d’une femme) jouissant tantôt de la douleur, tantôt de l’humiliation.
Si l’on s’amuse de l’éjaculation volcanique d’un quadra lunaire, qui atteint l’orgasme lorsque Pete le mitraille de commentaires désobligeants sur la taille de son pénis, on peine à sonder la monstruosité (avérée ou ressentie) d’un couple de bobos à l’apparente respectabilité, que consument secrètement des désirs inconciliables.
La faute peut-être à un format (trop ?) ramassé, qui déroule son intrigue sur sept épisodes d’une quinzaine de minutes seulement. Mais à la frilosité avec laquelle elle aborde son sujet, Bonding oppose une structure à rebours convaincante.
Au final, une série qui peine à nous ligoter
Après une entrée en matière un peu abrupte, où la double vie de Tiff nous apparaît peu vraisemblable, la série remonte le fil de ses traumas fondateurs, et nous fait entrevoir son activité de dominatrice BDSM comme une revanche prise sur ses affres lycéennes, et sa découverte douloureuse de la sexualité, largement définie par le regard phallocentré d’une masculinité toxique.
Habile dans son dynamitage d’une sexualité univoque, faisant souffler un vent féministe et LGBT salvateur sur le paysage hétéronormé du désir, Bonding aurait gagné à être moins sage, et à s’enfoncer plus encore dans les territoires brumeux de nos fantasmes indicibles. Si la série est attachante, elle peine à nous ligoter.
Bonding de Rightor Doyle, avec Zoe Levin, Brendan Scannell. Saison 1 sur Netflix
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