La série Netflix raconte le retour dans sa ville d’une femme disparue avant de décoller vers des contrées surnaturelles. A couper le souffle.
Elle est arrivée en douce, juste avant les vacances de Noël, mise en ligne par Netflix sans tambour ni trompette. Elle fait pourtant déjà partie de notre panthéon des plus belles séries surgies depuis quelques années. Il faut y croire. “We believe” est d’ailleurs son mot d’ordre.
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C’est l’héroïne qui prononce ces mots. La jeune femme apparaît d’abord saisie dans les rets d’un drame réaliste. Aux premières images du premier épisode, elle saute d’un pont. Suicide ? Peut-être. Mais raté. On la revoit ensuite entourée de ses parents adoptifs dans une petite ville américaine si commune.
Avant cet épisode du pont, elle avait disparu durant sept ans. Autrefois aveugle, elle ne l’est plus aujourd’hui. Elle est revenue muette sur son sort mais déterminée et sereine. Son vrai prénom, Prairie, résonne comme une promesse de grands espaces. Mais elle se fait maintenant appeler The OA, une garantie de territoires plus vastes encore – il faudra quelques épisodes pour ressentir ce que signifient ces deux lettres accolées.
Une ambiance d’onirisme étoilé
Elle se dit investie d’une mission dont les contours resteront eux aussi flous pour quelque temps, avant que la série ne prenne sa vitesse de croisière, tel un navire avançant dans la nuit d’une mer sombre et froide, basculant tour à tour dans un onirisme étoilé, dans le récit brutal d’une captivité et finalement dans une course essoufflée vers la liberté.
Sans dévoiler en détail l’intrigue pour ceux qui souhaiteraient se jeter corps et âme dans l’expérience The OA, disons qu’il est question ici de la frontière ténue entre la vie et la mort ainsi que du glissement entre les mondes que permettent la fiction et les histoires.
Le tout enveloppant des personnages qui luttent contre le souvenir et la sensation persistante de drames intimes puissants. Une obsession des créateurs Brit Marling et Zal Batmanglij, stars du nouveau cinéma indé américain estampillé Sundance dans son versant science-fiction, à qui Netflix a eu la bonne idée d’offrir une totale liberté.
Le duo gagnant Brit Marling/Zal Batmanglij
La première, en plus d’avoir coécrit la plupart des huit épisodes, tient le rôle principal avec une intensité et une incandescence qui donnent à son destin une épaisseur immédiate et très corporelle. Avec le second, réalisateur de l’ensemble de cette première saison, elle forme un duo depuis plusieurs années.
Marling a écrit avec Batmanglij les deux premiers longs métrages de ce dernier, Sound of My Voice (2011) et The East (2013). Le duo fut à l’origine un trio, complété par Mike Cahill, réalisateur de Another Earth (2011) et I Origins (2014), aujourd’hui parti travailler seul.
D’une beauté fragile, The OA réussit l’exploit considérable de marcher en permanence sur un fil, celui de notre crédulité devant la beauté et le mystère de récits capables de panser les plaies. Au cœur de la série se trouve un petit cercle d’adolescents (complété par une prof d’environ 50 ans) que Prairie/The OA réunit le soir pour les éclairer sur ses années d’absence.
Il est question, entre autres, d’un savant fou, de L’Odyssée d’Homère et d’une chorégraphie de gestes capables de sauver, qui sait, l’humanité. Le spectateur captivé peut y ajouter Ordet (1955) de Carl Theodor Dreyer et I Am the Resurrection des Stone Roses, selon le monde qu’il souhaite habiter et construire, puisqu’après tout aucune limite n’existe devant un objet narratif et visuel aussi ample et inédit. Il faut laisser glisser The OA sur soi, en accepter les outrances, la douceur ingénue, la violence sporadique, les fausses pistes, embrasser sa grande ambition consolatrice.
The OA sur Netflix
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